Mme le président. La parole est à M. Victorin Lurel, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
(Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. Victorin Lurel. Monsieur le Premier ministre, comptez-vous répondre à la question de notre collègue Laurence Rossignol ? Allez-vous lever le gage ?
M. Roger Karoutchi. Oh, mais ce n'est pas possible !
M. Victorin Lurel. L'évolution actuelle et prévisible de la situation sanitaire dans les outre-mer inquiète légitimement. Partout, les taux d'incidence et de reproduction sont alarmants, et les capacités hospitalières restent sous-dimensionnées.
Outre-mer, le taux de couverture vaccinale oscille entre 18 % et 32 %, soit trois fois moins que le taux national. La carte des plus faibles vaccinations recouvre parfaitement celle de la pauvreté, de l'accès aux services publics, des inégalités sociales et des fractures territoriales, éducationnelles et générationnelles. Derrière ces fractures, il y a une déficience de politique publique. La lutte contre la pandémie doit donc désormais se conjuguer à une lutte résolue contre ces inégalités.
Si l'on ne peut reprocher au Gouvernement d'être demeuré inerte, il reste manifestement beaucoup à faire. Le passe sanitaire que vous nous imposez n'est pas, dans son économie, dans sa portée et dans son effectivité probable, de nature à endiguer l'épidémie et à nous rapprocher de l'objectif d'immunité collective, si ce n'est au prix de très graves atteintes aux libertés fondamentales et à la vie privée et professionnelle. Sur ces travées, nous pensons que seule la vaccination obligatoire, progressive, universelle et gratuite pour tous les adultes et le maintien de la gratuité des tests sont de nature à concilier les libertés individuelles et la sécurité sanitaire collective.
Face aux réticences et aux oppositions, face à la peur et à la désinformation entretenues, quelles adaptations et quels moyens nouveaux comptez-vous engager pour véritablement aller vers les gens et, enfin, infléchir la mauvaise tendance outre-mer ?
(Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.)
Mme le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles.
M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles. Monsieur le sénateur, dans le brouhaha ambiant, je n'ai pas perçu l'ensemble de votre question…
M. Bernard Jomier. Le gage !
M. Adrien Taquet, secrétaire d'État. Il me semblait que la réponse du Premier ministre était assez claire à ce sujet…
Je pensais que vous alliez me parler de l'outre-mer et de la Guadeloupe, mais c'est peut-être ce que vous avez fait au début de votre question. Si vous me le permettez, je vais vous répondre sur cet aspect.
La situation dans les outre-mer est effectivement préoccupante. Vous avez parlé d'inégalités territoriales et sociales face à la vaccination.
Nous avons réinstauré, en Guadeloupe, l'obligation du port du masque en extérieur au sein des zones bâties entre huit heures et vingt-trois heures. Cette obligation ne s'applique pas sur les plages, au bord des rivières ou au sein des espaces naturels.
Il était nécessaire et urgent d'agir. C'est pourquoi le Gouvernement a déposé, au cours des débats à l'Assemblée nationale, un amendement visant à réinstaurer l'état d'urgence sanitaire en Guadeloupe face à la dégradation extrêmement rapide de la situation – si rapide qu'avant même la promulgation de la loi le Gouvernement envisage de prendre un décret qui permettrait l'instauration plus précoce de cet état d'urgence.
Comme vous l'avez dit, on constate un déficit de vaccination dans les outre-mer, notamment en Guadeloupe : si 80 % des médecins hospitaliers sont vaccinés, seuls 20 % des professionnels paramédicaux le sont ; au sein de la population, le taux de couverture vaccinale des personnes de plus de 18 ans est uniquement de 26 %.
Nous devons véritablement développer la stratégie « Aller vers », en nous appuyant notamment sur les collectivités locales, qui participent activement à cette tâche, tout comme leurs élus – vous avez d'ailleurs été l'un des premiers à vous faire vacciner sur l'île. Nous devons tout mettre en œuvre afin que la population puisse se vacciner et se protéger contre la propagation extrêmement rapide du virus sur le territoire.
(M. François Patriat applaudit.)
Mme le président. La parole est à M. Victorin Lurel, pour la réplique.
M. Victorin Lurel. Je regrette, monsieur le secrétaire d'État, que vous ne répondiez à aucune de nos questions. Tôt ou tard, vous allez rejoindre notre position sur l'obligation vaccinale. En attendant, je vous demande de changer de braquet outre-mer et d'aller vers les gens. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
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