M. le président. La parole est à M. Alain Joyandet, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Alain Joyandet. En ce moment même, aux Invalides, se prépare la cérémonie en hommage au caporal-chef Maxime Blasco. Comment ne pas être, par la pensée, auprès de tous ces soldats et de toutes ces familles qui ont perdu un frère d'armes ou un être cher ? Comment ne pas être aux côtés de tous ceux qui se sont engagés au service de la France et de la paix, sur notre territoire ou à l'extérieur ?
Dans ce contexte, madame la ministre des armées, l'annonce de la réorganisation de la force Barkhane est perçue comme un désengagement de la France au Sahel. Le Président de la République a dit lui-même que nous n'avions pas vocation à rester au Sahel. Le Mali est en train de négocier avec des forces russes privées, dites groupe Wagner, pour assurer à l'avenir sa sécurité.
Je vous poserai deux questions, madame la ministre.
Tout d'abord, si les négociations entre les Russes et le Mali aboutissent, que fera la France en réaction à un tel accord ?
Ensuite, quel enseignement tirez-vous de notre départ précipité d'Afghanistan, ainsi que de celui de nos alliés des États-Unis d'Amérique ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre des armées.
Mme Florence Parly, ministre des armées. Monsieur le sénateur, permettez-moi de m'associer à l'hommage que le Sénat vient de rendre au sergent Maxime Blasco, mort pour la France. Vous l'avez rappelé, un hommage national lui sera rendu par la Nation tout entière cet après-midi.
Je me suis récemment rendue au Mali. Au cours de ce voyage, j'ai pu non seulement rencontrer nos militaires engagés sur le terrain et leur dire toute ma reconnaissance et toute ma fierté, mais aussi rencontrer le ministre de la défense du gouvernement de transition malien, dans un contexte où en effet circulent des rumeurs, voire des informations, selon lesquelles ledit gouvernement de transition aurait l'intention de contracter avec une société de mercenaires.
J'ai eu l'occasion de dire très clairement et très directement au ministre malien ce que la France pensait de Wagner et, d'une manière générale, des mercenaires. Je lui ai dit aussi ce que la communauté internationale en pensait. Je le répète ici, devant la représentation nationale : si le Mali engage un partenariat avec des mercenaires, il s'isolera.
Il perdra le soutien de la communauté internationale, qui est pourtant très engagée au Mali. Il abandonnera des pans entiers de sa souveraineté – il suffit pour s'en convaincre de regarder ce qui se passe en République centrafricaine aujourd'hui. Loin de diversifier ses partenariats, le Mali s'enfermera au contraire dans un tête-à-tête avec une société de mercenaires.
Pour nous, les choses sont claires : il n'est pas possible de cohabiter avec des mercenaires.
Dans ce contexte, les propos tenus par le Premier ministre du gouvernement malien devant l'Assemblée générale de l'ONU, samedi dernier, sont inacceptables. Accuser la France d'abandonner le Mali au lendemain de la mort d'un de nos soldats, c'est proprement indécent !
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes UC, Les Républicains et INDEP. – M. Jean-Pierre Sueur applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Alain Joyandet, pour la réplique.
M. Alain Joyandet. Merci pour votre réponse claire, madame la ministre. Je m'associe à vos commentaires sur les déclarations du Premier ministre du Mali.
Je voudrais vraiment insister sur le fait que la Nation entière est aujourd'hui en communion avec ses soldats. Nous le savons, beaucoup sont morts pour notre liberté et pour celle des générations futures. Souvenons-nous d'eux, faisons en sorte, madame la ministre, qu'ils ne soient pas morts pour rien. C'est un peu le sentiment que j'ai en regardant ce qui s'est passé en Afghanistan : quel gâchis !
Le parallèle n'est peut-être pas totalement judicieux, mais la bande du Sahel…
M. le président. Il faut conclure !
M. Alain Joyandet. … est une zone réellement stratégique pour le monde, pour l'Europe, pour la France et pour notre liberté.
M. le président. Il faut conclure !
M. Alain Joyandet. Ne quittons pas le Sahel ; nous avons vocation à y rester : c'est notre avenir qui est en question !
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