M. le président. La parole est à Mme Céline Boulay-Espéronnier, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Céline Boulay-Espéronnier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Monsieur le ministre, voilà quelques jours, une professeure a été jetée à terre dans sa classe, sous les rires moqueurs des élèves. Cette situation traumatisante pour l'enseignante a été aggravée par la diffusion de la scène sur les réseaux sociaux.
Avant toute chose, monsieur le ministre, j'ai une pensée pour cette enseignante et pour tous les enseignants qui subissent au quotidien les provocations des élèves, mais aussi parfois des parents.
À travers cet acte, c'est l'autorité d'un professeur de l'école de la République qui a été bafouée. Une situation comme celle-ci n'a malheureusement plus rien d'exceptionnel et il ne s'agit pas là d'un acte isolé. Tous les jours, des enseignants sont confrontés à la violence et à la disparition de toute forme de respect à leur égard.
Pour un événement relayé par les médias, combien sont passés sous silence ? Avez-vous des chiffres à communiquer au Parlement sur la violence qui s'est développée inexorablement dans notre système scolaire ?
Comment l'éducation nationale va-t-elle appréhender aujourd'hui la situation de l'élève qui a violemment bousculé son professeur ? Au-delà de la réponse pénale – il me semble que la sanction vient de tomber –, comment l'éducation nationale entend-elle endiguer la violence qui gangrène l'école de la République, se propage et se banalise sur les réseaux sociaux ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Madame la sénatrice, la question de la violence à l'école n'est pas nouvelle. Elle est très importante et je vous remercie de l'évoquer.
Les événements qui se sont produits en fin de semaine dernière sont en effet significatifs. Ils sont révélateurs de la violence qui existe dans notre société – l'école n'y échappe pas –, mais aussi de la réaction de l'institution.
Rappelons l'enchaînement des faits : dès qu'ils ont eu lieu – ils sont évidemment scandaleux, je les condamne comme vous, bien sûr, et j'ai fait part de ma solidarité à la professeure, dont l'attitude a été exemplaire –, le chef d'établissement a immédiatement réagi et toutes les procédures nécessaires ont été mises en œuvre avant la médiatisation.
Ce qu'il s'est passé, c'est ce que nous souhaitons qu'il soit fait aujourd'hui en pareil cas : signalisation et début du processus de sanction. Nous avons en effet immédiatement porté plainte. Dans le même temps, l'incident a été diffusé sur les réseaux sociaux, ce qui, vous l'avez dit, est un élément aggravant. La personne à l'origine de cette diffusion doit d'ailleurs elle aussi être poursuivie. Je précise toutefois que ce n'est pas parce que cela a été diffusé sur les réseaux sociaux que nous avons réagi. Nous réagissons désormais à tous ces faits. C'est le cœur de votre question.
Je l'ai évoqué précédemment, nous avons installé dans chaque rectorat de France ce que nous appelons un « carré régalien », sur quatre sujets : les valeurs de la République et la laïcité, la lutte contre la radicalisation, les violences et le harcèlement. Auprès des trente recteurs de France, des équipes sont présentes pour intervenir dans les établissements, chaque fois que cela est nécessaire.
On a souvent dit que les problèmes étaient mis sous le tapis. Si cela a été le cas, ce ne l'est plus. Je l'ai dit dès 2017. Cela se traduit notamment par des signalements les plus exhaustifs possible. Chacun est invité à signaler les problèmes lorsqu'il y en a – c'est ce qu'a fait cette professeure. Je rends compte de ces violences chaque trimestre. Les violences n'ont pas spécifiquement augmenté depuis plusieurs mois ni même depuis quelques années. Nous sommes sur un plateau.
Bien sûr, tout acte violent est inacceptable, mais, ce qui est important, c'est que nous soutenions les professeurs et que nous prenions les sanctions nécessaires. Comme vous l'avez dit, l'élève concerné a été jugé aujourd'hui même en comparution immédiate et sanctionné pénalement. Bien entendu, il sera écarté de son établissement et scolarisé dans un établissement spécial ; j'y veillerai.
Nous sommes extrêmement fermes et stricts à la fois sur le plan pénal et sur le plan disciplinaire, comme cette affaire en témoigne.
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Céline Boulay-Espéronnier, pour la réplique.
Mme Céline Boulay-Espéronnier. J'entends bien votre réponse, monsieur le ministre, mais je l'entends depuis des années !
Je le dis assez amicalement, votre nomination il y a cinq ans à la tête d'un ministère doté d'un budget extrêmement important a suscité de l'espoir, compte tenu de votre background, du fait que vous étiez issu de la société civile. Vos compétences étaient reconnues.
Cinq ans après, votre bilan est mitigé et suscite de la déception, non seulement chez les élus que nous sommes, mais aussi chez les parents, qui sont inquiets. Malgré le discours d'apparente fermeté que vous tenez, je pense que vous avez échoué à refaire de l'école de la République le sanctuaire qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Loïc Hervé applaudit également.)
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