M. le président. La parole est à M. Philippe Tabarot, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Philippe Tabarot. Ma question s'adresse à M. le ministre chargé des transports.
Gares se transformant en camps de fortune, trains bondés au mépris des recommandations sanitaires en plein rebond épidémique, familles séparées pendant les fêtes de Noël : voilà ce qui attend les usagers de la SNCF après le préavis de grève déposé par certains syndicats pour ce week-end.
Les méthodes de maître chanteur sont de retour, comme chaque année pendant cette période si sensible, avec des revendications diverses, confuses et corporatistes. Au moment de l'ouverture à la concurrence et des efforts notables du président Farandou et de ses équipes pour essayer de réformer l'entreprise ferroviaire historique nationale, c'est un suicide programmé.
Et cela malgré les milliards d'argent public versés à la SNCF, ou plutôt déversés sur la SNCF. Effacement de la dette par l'État : 35 milliards d'euros ; financement public : 12 milliards d'euros par an selon le rapport de la Cour des comptes ; compensation des baisses de recettes pendant le covid : 3 milliards d'euros ; prise en charge du coût des précédentes grèves : 1,8 milliard d'euros. Soit, au total, plus de 50 milliards d'euros financés par le contribuable pris en otage par quelques salariés irresponsables, au regard de la santé financière de l'entreprise.
Tout ça pour ça ! Autant d'argent public pour un seul et même résultat : l'échec dans l'amélioration de la qualité du service public ferroviaire.
Ma question est toute simple, monsieur le ministre : comment le Gouvernement peut-il accepter cela ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des transports.
M. Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports. Monsieur le sénateur Tabarot, comme vous le savez, le dialogue social est nourri à la SNCF depuis plusieurs semaines. (Marques d'ironie sur les travées du groupe Les Républicains.) La direction a fait des propositions de revalorisation des salaires, notamment des bas salaires, et proposé des primes pour lutter contre l'inflation et la sous-activité liée au covid.
Un accord a d'ailleurs été signé la semaine dernière par l'UNSA et la CFDT.
Vous l'avez dit également, l'État a été au rendez-vous depuis 2017, en réinvestissant plus de 75 milliards d'euros sur dix ans pour régénérer le réseau, sauver les petites lignes ferroviaires ou encore relancer les politiques du fret ferroviaire et des trains de nuit.
Cette grève, monsieur le sénateur, si elle existait, elle serait incompréhensible. Elle constituerait un sacré cadeau fait à la concurrence, au moment où celle-ci arrive sur le réseau grande vitesse, et serait une mauvaise manière faite aux Français, qui, par millions, ont d'ores et déjà réservé leur billet à l'approche des fêtes de Noël.
Vous le savez, monsieur le sénateur, la direction de la SNCF a fait savoir qu'elle restait à l'écoute des organisations, et je fais le pari, ici et maintenant, de la responsabilité des syndicats cheminots.
M. le président. La parole est à M. Philippe Tabarot, pour la réplique.
M. Philippe Tabarot. Monsieur le ministre, nous arrivons au même constat : vous avez mis les moyens, et ce « quoi qu'il en coûte », mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. Ce qui se passe dans le ferroviaire est à l'image de ce qui se passe en France dans ce quinquennat de l'échec et du déclin.
(Murmures désapprobateurs sur les travées du groupe RDPI.)
Ségur de la santé, Beauvau de la sécurité, États généraux de la justice : autant d'argent public distribué sans résultat. La situation se dégrade, le pays est en tension, les Français n'en peuvent plus ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Nadia Sollogoub applaudit également.)
Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette question.