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Mme Marie-Noëlle Lienemann attire l'attention de Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance, chargée de l'industrie, sur notre insuffisante implication dans le développement de l'énergie houlomotrice.
En effet, une société girondine – Hace – a mis au point une machine capable de produire de l'hydrogène propre avec la force des vagues. Elle pourrait fournir l'énergie la moins chère au monde, la plus décarbonée et la plus stable selon ses concepteurs. Le projet est reconnu par une dizaine de prix internationaux – comme celui de l'excellence décerné par la Commission européenne et son programme « Horizon 2020 Instrument PME » (2019) –, mais il est au point mort : la start-up a organisé une levée de fonds sans parvenir à boucler son budget ; il lui manque 2 M € pour fabriquer un démonstrateur pré-industriel.
Hace envisage donc de partir à l'étranger. La société intéressent plusieurs pays (Afrique du sud, Maroc, Madagascar).
De nombreux systèmes houlomoteurs sont à l'étude, mais la plupart d'entre eux doivent aller chercher au large les plus fortes vagues ; Hace peut produire de l'électricité avec de petites vagues de faible amplitude. Le système peut donc être installé non loin des côtes ou sur un lac ; il est modulable, avec une série de caissons assemblés entre eux selon la puissance souhaitée, entre 10 et 200 kW.
Les énergies de la mer (vagues, marées, courants marins) sont sous-exploitées dans le monde. Or selon les estimations, elles pourraient produire assez d'énergie pour couvrir largement les besoins de l'humanité. La France dispose de la deuxième zone économique exclusive maritime au monde, comment imaginer que nous puissions nous passer de cet atout ?
Pour le président de la commission énergie marine au syndicat des énergies renouvelables : « L'énergie houlomotrice est indéniablement une filière d'avenir. Son potentiel est énorme sans doute bien plus important que l'éolien off-shore mais elle sort à peine du laboratoire et n'a pas encore trouvé son modèle économique. »
Mais pour la direction générale de l'énergie et du climat, au sein du ministère de la transition écologique, la technologie houlomotrice n'aurait pas atteint sa maturité. Elle n'a pas jugé bon de l'inscrire dans la programmation pluriannuelle de l'énergie (PEE), qui court de 2028 à 2033. Si elle continue d'être exclue de notre feuille de route pour le développement des énergies renouvelables, l'énergie houlomotrice aura bien du mal à trouver des financements pour se faire un avenir sur notre territoire ; notre pays passerait à nouveau à côté de technologies d'avenir et de la valorisation de notre potentiel d'innovation. Les choix frileux de la haute administration – contredits ensuite par les faits – et l'incapacité des Gouvernements à anticiper nous pénalisent trop souvent.
Car de tels projets existent partout dans le monde. En Europe, l'Écosse, le Danemark et le Portugal sont en pointe ; les États-Unis et la Chine consacrent d'énormes budgets pour déployer des projets pilotes. Pas moins de 350 brevets ont été déposés dans le monde sur la technologie houlomotrice.
La France veut-elle retenir ses talents ou ratera-t-elle le train comme avec l'éolien off-shore posé ? La puissance publique porte une grande responsabilité dans la réussite d'une filière qui doit pouvoir industrialiser pour diminuer ses coûts.
Elle lui demande si le Gouvernement compte proposer à brève échéance un avenant à la PEE pour y intégrer l'énergie houlomotrice. Elle demande également quelles mesures compte prendre le Gouvernement pour retenir en France des projets comme celui de la société Hace, et s'assurer ainsi du maintien sous pavillon français de technologies prometteuses et stratégiques pour notre souveraineté énergétique.
Cette question n'a pas encore de réponse.
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