M. le président. La parole est à M. Cédric Perrin, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Cédric Perrin. Monsieur le président, je vous adresse, ainsi qu'au Gouvernement et à l'ensemble de nos collègues, mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année, des vœux de bienveillance et de tolérance envers tous les Français.
(Très bien ! sur les travées du groupe Les Républicains.)
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
Sans jamais avoir été une colonie britannique, le Gabon vient d'annoncer, par la voix de son président, son adhésion en 2022 au Commonwealth.
Le Gabon se tourne vers un autre monde, à savoir la sphère anglophone. Il n'est pas le seul à se détourner de nous. À l'heure du Brexit, ils sont nombreux à souhaiter s'ouvrir à de nouveaux partenaires, qu'ils jugent plus intéressants et plus flexibles en matière économique, géopolitique et de développement : le Cameroun, le Rwanda, le Gabon, que j'ai cité, le Togo et, peut-être demain, le Maroc, qui se sentirait, selon un ancien ambassadeur marocain, « étriqué » dans la francophonie.
Monsieur le ministre, l'Hexagone perd du terrain, notamment au profit de l'influence britannique à travers l'organisation du Commonwealth et des accords commerciaux de libre-échange plus avantageux.
Un autre phénomène, bien plus inquiétant encore, témoigne de l'affaiblissement de la France : il s'agit, bien sûr, de l'irruption de la société militaire privée russe Wagner au Mali, comme dans beaucoup d'autres pays en crise.
Comment expliquer que les autorités de transition à Bamako lui accordent aujourd'hui davantage leur confiance pour assurer leur sécurité qu'à la France, qu'elle avait pourtant appelée à son secours voilà dix ans ?
Comment expliquer que Wagner arrive à faire oublier ses échecs cuisants et ses exactions dans d'autres États africains, pendant que se répand un sentiment anti-français de plus en plus fort dans la zone sahélienne ?
Des décennies d'interventions sous mandats juridiques internationaux et des décennies d'aide au développement pour maintenir la paix et éviter des affrontements communautaires sanglants sont aujourd'hui balayées par une diplomatie d'observation.
J'en viens à ma question : monsieur le ministre, quelle est la stratégie du Gouvernement pour réinvestir le « champ informationnel », que vous avez vraisemblablement délaissé, voire oublié ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. François Bonneau applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Cédric Perrin, je ne partage pas votre point de vue.
(Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
Depuis plusieurs mois, les seules initiatives majeures qui ont été prises à l'égard de tout le continent africain, avec les Africains, viennent de la France. (Nouvelles exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Je vais vous le démontrer, mais vous le savez bien, puisque j'en parle régulièrement avec vous à la commission des affaires étrangères du Sénat.
D'abord, le 18 mai dernier, le Président de la République a réuni à Paris une très grande partie des chefs d'État africains, anglophones, francophones ou lusophones, pour aborder avec eux le plan de relance économique pour l'Afrique et permettre la mobilisation de 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux en faveur de l'Afrique. Jamais cela n'aurait été possible sans la France.
Nous avons également pris des initiatives pour lutter avec les Africains contre la pandémie : je pense non seulement aux dons, mais aussi à la création des hubsde production au Cap, en Afrique du Sud, et au Sénégal ; je pense aussi à la collaboration avec AVAT, qui est le Covax de l'Union africaine. La France est à la manœuvre dans ce domaine.
Enfin, il y a la Coalition pour le Sahel, qui concerne le développement, la stabilité, mais aussi la sécurité de la zone sahélienne. Vous évoquez l'aventure de Wagner. Je rappelle d'ailleurs, et vous le savez, que le service de Wagner, s'il se met en place définitivement, est un service payant. Or je ne suis pas sûr que les Maliens soient déjà au courant. En tout cas, les voisins le savent et combattent avec nous contre l'arrivée de Wagner en Afrique occidentale. C'est aussi pour cette raison que nous allons engager ce new dealavec l'Afrique, sous la présidence française de l'Union européenne, les 17 et 18 février prochains à Bruxelles. Je vais également réunir les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne, en présence de M. Moussa Faki, le président de la Commission de l'Union africaine, la semaine prochaine.
La France est respectée, la France est reconnue, la France est attendue en Afrique !
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
Mme Sophie Primas. Et le Gabon ?
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