M. le président. La parole est à M. Hervé Maurey, pour le groupe Union Centriste.
(Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. Hervé Maurey. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, en tant que président du groupe interparlementaire d'amitié France-Asie centrale, je souhaite interroger le ministre des affaires étrangères à propos de la situation au Kazakhstan.
La forte hausse du prix du carburant a donné lieu, au début de l'année, à un mouvement de contestation sociale de grande ampleur, qui s'est transformé en violentes émeutes, marquées par des échanges de tirs, le saccage de bâtiments publics et des pillages.
Ces événements ont conduit le président Tokaïev à demander le soutien militaire de l'Organisation du traité de sécurité collective, afin de contrer ce que les autorités kazakhes ont qualifié d'« attaque terroriste ». Dans ce cadre, 2 000 hommes, essentiellement russes, ont été déployés dans le pays.
Monsieur le ministre délégué au commerce extérieur, face à cette situation, pouvez-vous, tout d'abord, nous rassurer quant à la sécurité des Français présents sur place et, ensuite, nous faire connaître votre analyse de la situation ? S'agit-il d'une tentative de déstabilisation du pouvoir, comme l'indiquent les autorités du pays, et, si oui, à l'initiative de qui, ou bien d'un mouvement spontané ? Ne faut-il pas se préoccuper de la présence de militaires russes dans ce pays, qui vient de célébrer le trentième anniversaire de son indépendance ? Quelles sont la position et l'action de la France et de l'Union européenne sur ce sujet ?
Par ailleurs, la France est fortement investie dans cette région, comme en témoigne votre récente visite dans le pays, monsieur le ministre. Dans quelle mesure ces événements peuvent-ils affecter nos intérêts dans la région, notamment pour ce qui concerne l'approvisionnement de nos centrales nucléaires en uranium, dont le Kazakhstan est le premier producteur mondial ?
(Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l'attractivité.
M. Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur et de l'attractivité. Monsieur le sénateur Maurey, nous suivons évidemment avec la plus grande attention les événements qui se déroulent depuis peu au Kazakhstan.
La hausse des prix de l'énergie a provoqué, je le rappelle, un mouvement de protestation sociale d'ampleur dans le pays. Cette crise sociale s'est transformée en crise politique et a provoqué certaines violences très graves ayant entraîné plusieurs victimes. Le bilan provisoire semble lourd et fait notamment état d'un nombre très important de blessés.
Nous avons condamné les violences qui ont eu lieu, en appelant à la désescalade des tensions et au dialogue politique. Nous avons également rappelé, notamment par la voix de M. le ministre Le Drian, la semaine dernière, dès les premiers éléments connus, toute l'attention que nous portions au respect des libertés fondamentales, de la liberté d'expression et de la liberté de la presse. Nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur les circonstances ayant conduit à ces événements tragiques.
Par ailleurs, nous sommes attentifs au respect durable de la souveraineté et de l'autonomie d'action des autorités kazakhes, qui ont fait appel, vous l'avez souligné, à l'assistance de l'Organisation du traité de sécurité collective. Un contingent, en grande majorité russe, a donc été déployé dans le pays pour en sécuriser les sites stratégiques.
Il est indispensable que les parties extérieures impliquées temporairement dans cette situation contribuent à la désescalade des tensions puis se retirent, dans le respect du calendrier indiqué publiquement par les autorités du Kazakhstan.
Jean-Yves Le Drian s'est entretenu de cette crise avec Josep Borrell et, en tant que titulaire de la présidence du Conseil de l'Union européenne, la France maintiendra un dialogue étroit avec le Service européen pour l'action extérieure ainsi qu'avec ses partenaires de l'Union. Le Kazakhstan est un partenaire important de l'Union et de la France – vous avez rappelé mon déplacement en mai dernier dans ce pays – et il est un acteur important dans la région, comme nous l'avons vu récemment avec la crise afghane.
J'ajoute que nous avons été particulièrement vigilants, au cours des derniers jours, à la sécurité de la communauté française au Kazakhstan ; d'ailleurs, une cellule de crise a été mise en place, qui a permis d'informer nos compatriotes et de maintenir un contact étroit avec ceux de nos ressortissants qui le souhaitaient.
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Hervé Maurey, pour la réplique.
M. Hervé Maurey. Je vous remercie de ces éléments, monsieur le ministre, même si je n'ai pas eu de réponse à toutes mes questions.
Après l'épisode ukrainien et biélorusse, nous ne devons plus être naïfs. La France, qui prend la présidence du Conseil de l'Union européenne, doit adresser un message clair à la Russie, afin de garantir l'indépendance des pays de la région et la paix ; elle ne doit pas être une simple spectatrice de ce qu'il s'y passe. (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)
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