M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires.
(Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
Mme Monique de Marco. Madame la ministre, « on ne pourra pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants ». Ces propos du Président de la République ont choqué les étudiants et le personnel de l'université.
Si le but est de faire baisser la précarité étudiante en rendant l'université moins accessible aux plus précaires, c'est inacceptable !
Cette vision de l'université s'inscrit dans la continuité d'un mandat plus que décevant : les dépenses par étudiant ont ainsi continué de baisser ; le bilan de Parcoursup est plus que mitigé ; l'université souffre d'un sous-financement chronique et les conditions d'encadrement des étudiants ne cessent de se dégrader ; la promesse du Gouvernement de construire 60 000 logements étudiants est loin d'être tenue ; la réforme des bourses, promise, n'a jamais vu le jour et a été remise à plus tard, car jugée trop complexe ; enfin, la crise sanitaire a été gérée dans la plus totale improvisation.
De trop nombreux étudiants, dont la situation financière était fragile, ont ainsi basculé dans une grande précarité.
Madame la ministre, comment pouvez-vous encore ignorer le nombre inadmissible d'étudiants ayant recours à l'aide alimentaire ?
Pour nous, l'éducation est au cœur d'une société de l'intelligence, de la solidarité, de l'épanouissement et de l'émancipation. Tout comme l'hôpital, elle doit rester gratuite !
Madame la ministre, pouvez-vous nous éclairer sur ces propos et ce bilan, qui n'augurent rien de bon pour nos étudiantes et étudiants ?
(Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la sénatrice de Marco, je connais votre honnêteté intellectuelle et je sais que vous avez eu à cœur de lire l'entièreté des propos du Président de la République.
Ce dernier a déclaré que, structurellement, on ne pouvait pas continuer avec une université qui ne coûte quasiment rien aux étudiants et au sein de laquelle un tiers des étudiants sont boursiers, et ce alors même qu'il y a énormément de précarité, le tout financé essentiellement par des deniers publics.
(M. David Assouline proteste.)
Comme je suis sûre que vous avez lu la suite des propos du Président, vous avez dû prendre connaissance des solutions qu'il avance. En aucun cas n'a été évoquée l'augmentation des droits d'inscription : à aucun moment, une telle mesure n'a été écrite, dite ou pensée !
(Murmures appuyés sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Julien Bargeton. Très bien !
M. Marc-Philippe Daubresse. Vous n'êtes pas dans sa tête !
Mme Frédérique Vidal, ministre. En revanche, le Président de la République propose de prendre en compte la précarité des étudiants et de mettre le bien-être et la vie étudiante au cœur des préoccupations des politiques publiques. (Mme Raymonde Poncet Monge et M. Guy Benarroche protestent.) C'est du reste ce que nous avons fait depuis 2017 !
Il propose également de demander aux universités de mieux travailler à l'insertion professionnelle, à la formation continue, à la formation tout au long de la vie, et de le faire évidemment avec les futurs employeurs des étudiants.
Voilà le projet que nous défendons depuis cinq ans.
Madame la sénatrice, j'aurais aimé vous voir aux côtés du Gouvernement lorsqu'il a ajouté 1 milliard d'euros pour soutenir le premier cycle de l'enseignement supérieur et lorsqu'il a fait voter 25 milliards d'euros supplémentaires…
M. Marc-Philippe Daubresse. Allez, encore une louche !
Mme Frédérique Vidal, ministre. … pour la recherche française.
J'aurais aimé vous voir à nos côtés et vous entendre, puisque vous dites régulièrement que vous vous préoccupez du bien-être et de l'épanouissement des étudiants, et que vous dénoncez les risques psychosociaux dont ils souffrent trop souvent.
(Protestations sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER.)
En réalité, en affirmant que le Président de la République veut augmenter les droits d'inscription – ce qu'il n'a, je le répète, jamais dit, et ce qui n'adviendra jamais ! (Protestations sur les travées des groupes GEST et SER.) –, vous ne faites que renforcer le sentiment de détresse des étudiants !
(Mme Patricia Schillinger et M. François Patriat applaudissent. – Marques d'indignation sur les travées des groupes GEST et SER.)
M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour la réplique.
Mme Monique de Marco. Merci, madame la ministre. J'ai l'impression que nous n'avons pas la même lecture des propos du Président de la République.
Comme d'habitude, vous vous montrez satisfaite de votre bilan, alors que les étudiants, eux, ne voient aucun avenir dans vos propositions.
Comme eux, nous voulons une réforme des bourses, des investissements massifs dans l'université publique et la mise en place d'une allocation autonomie. Vos propos ne sont pas une réponse à la hauteur des attentes des étudiants et des universités. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST, ainsi que sur des travées du groupe SER.)
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