M. le président. La parole est à Mme Laurence Harribey, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
(Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Mme Laurence Harribey. En France, chaque année, 100 000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme ni qualification.
Les jeunes sont aussi les plus touchés par le chômage et la précarité ; de surcroît, ils sont exclus des minima sociaux, au contraire de ce qui prévaut dans vingt-trois des vingt-sept pays que compte l'Union européenne.
Madame la secrétaire d'État, 2022 a été proclamée Année européenne de la jeunesse ; c'est aussi le trente-cinquième anniversaire d'Erasmus. Or, dans le programme de la présidence française, une seule présidence, une seule proposition concrète : le service civique européen. Mais je m'étonne et je me demande d'ailleurs si vous le savez : le service volontaire européen existe depuis vingt ans déjà et a été transformé en 2018 en corps européen de solidarité.
Alors, quel est le sens de cette annonce ? Demain, devant l'agence Erasmus+ France seront présentées les propositions issues des consultations « jeunes » dans le cadre de la conférence sur l'avenir de l'Europe : visiblement, ils aspirent à du concret et à une amplification des actions en faveur de tous les jeunes. Quelle réponse leur ferez-vous ?
(Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de l'éducation prioritaire.
Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de l'éducation prioritaire. Madame la sénatrice Laurence Harribey, je vous remercie de cette question, qui me permet de présenter devant le Sénat les orientations de notre ministère pour la jeunesse à l'occasion de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.
La Commission a publié le 14 octobre dernier une proposition de décision du Parlement européen et du Conseil de l'Union européenne sur une Année européenne de la jeunesse pour 2022. Cette initiative est destinée à mieux accompagner les jeunes dans la sortie de la crise sanitaire et à les aider à surmonter son impact négatif.
Cette décision fixe quatre objectifs, que je vais rappeler et que nous aurons à cœur de mettre en œuvre.
Tout d'abord, les transitions verte et numérique offrent une nouvelle perspective et des possibilités de contrer l'impact négatif de la pandémie sur les jeunes.
Ensuite, nous entendons encourager tous les jeunes, en particulier ceux qui sont issus des milieux défavorisés, à devenir des citoyens actifs et engagés ainsi que des acteurs du changement. Je pense là bien sûr à l'engagement civique.
Nous voulons également promouvoir les possibilités offertes par les politiques publiques, au niveau européen, national, régional et local, afin de soutenir leur développement personnel, social et professionnel dans un monde vert, numérique et, surtout, inclusif.
Enfin, il s'agit d'intégrer la politique de jeunesse dans tous les domaines pertinents de la politique de l'Union, afin d'encourager la prise en compte du point de vue des jeunes dans l'élaboration des politiques publiques à tous les niveaux. Il s'agit de la clause d'impact jeunesse, que nous appliquons déjà.
Madame la sénatrice, à l'occasion de cette présidence, la France sera aux côtés des institutions européennes, des États membres et de l'ensemble des parties prenantes pour piloter, à l'échelle européenne, durant ces six mois, quelques sujets d'intérêt pour la jeunesse européenne et, bien sûr, pour les mettre à l'ordre du jour du Conseil.
Je pense évidemment au soutien à la mobilité des jeunes dans un autre pays de l'Union européenne afin qu'elle soit plus inclusive, et ce en lien avec les annonces du Président de la République française sur le service civique européen. Vous l'avez dit, nous fêtons d'ailleurs aujourd'hui les trente-cinq ans d'Erasmus.
M. le président. Il faut conclure !
Mme Nathalie Elimas, secrétaire d'État. Je pense également au mentorat, sujet sur lequel le Gouvernement travaille et qui pourrait être porté à l'échelle européenne.
M. le président. La parole est à Mme Laurence Harribey, pour la réplique.
Mme Laurence Harribey. Madame la secrétaire d'État, je vous interroge sur les priorités de la présidence française ; vous me répondez en évoquant les priorités de la Commission européenne ! C'est étrange…
Je vous parlais du service volontaire européen ; vous me répondez en vous référant à une annonce du gouvernement français sur le service civique, qui existe déjà. Il s'agit là donc d'un effet d'annonce, d'un gadget.
Une politique de la jeunesse ne se mène pas à coups d'annonces ou de gadgets. Elle suppose une politique de fond, qui s'inscrit dans la durée. Elle suppose surtout d'accompagner les acteurs associatifs et de leur permettre d'être encore plus performants pour ce qui est de l'implication dans les programmes européens, ce qu'ils essayent de faire depuis trente ans.
C'est un enjeu de taille, mais c'est un enjeu qui vaut le coup. Ce matin, le Président disait qu'il fallait faire de l'Europe une puissance démocratique, culturelle et d'éducation. On ne peut pas faire l'impasse sur la jeunesse pour aboutir à ce résultat. (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mme Cathy Apourceau-Poly applaudit également.)
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