M. le président. La parole est à Mme Marie-Noëlle Lienemann, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
(Applaudissements sur les travées du groupe CRCE et sur des travées du groupe SER.)
Mme Marie-Noëlle Lienemann. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Le Gouvernement va supprimer à la rentrée 440 postes d'enseignant en collège et lycée. Cela va détériorer davantage la qualité de la scolarité, tout particulièrement dans les zones prioritaires.
Depuis le début du quinquennat, alors que le nombre d'élèves a augmenté dans le secondaire, le Gouvernement a supprimé 7 900 postes, soit l'équivalent de 166 collèges.
Toujours le même discours : « On peut faire mieux avec moins ! » Vous l'avez dit pour l'hôpital et on en voit les effets… Vous appliquez la même logique pour les collèges et les lycées, et nous constatons les dégradations : suppressions de cours en demi-groupes, non-remplacements généralisés…
Vous prétendez que ces suppressions auraient été compensées par des heures supplémentaires. Ce n'est pas vrai : 20 % à 30 % de ces heures supplémentaires ne sont en fait pas réalisées et cela accroît les inégalités.
Votre autre prétexte, c'est d'avoir privilégié le primaire. Or la lutte contre l'échec scolaire exige d'agir tout au long de la scolarité et, en plus, vous fermez cette année un nombre important de classes en primaire. Où est la priorité ?
Ce que vous appelez vos réformes a détérioré le service public de l'éducation nationale, a découragé les enseignants et – hélas ! – une partie de notre jeunesse.
Alors, allez-vous suspendre ces suppressions de postes et ces fermetures de classes ?
(Applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST. – Mme Esther Benbassa applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de l'engagement.
Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, chargée de la jeunesse et de l'engagement. Je vous retrouve sur un point, madame la sénatrice Lienemann : la lutte contre les inégalités se passe à l'école.
Mais aujourd'hui, nous constatons une baisse de la démographie : 67 000 élèves de moins au premier degré, 66 000 de moins au second degré. Cette donnée aurait pu nous amener, en théorie, à fermer 4 000 classes, mais en réalité le solde entre les fermetures et les ouvertures est nul.
Pour renforcer l'éducation de nos jeunes, nous assumons le fait d'investir encore davantage dans le premier degré, un âge où les inégalités sont démultipliées, en particulier lorsque les parents ne peuvent pas aider. C'est aussi pour cette raison que nous avons renforcé l'éducation périscolaire et extrascolaire et réuni le Grenelle de l'éducation, qui a notamment permis de mieux accompagner les professeurs.
L'investissement que nous avons décidé au profit de l'école a été important, puisque les crédits ont augmenté de 13 %. Le budget de l'éducation nationale, 57 milliards d'euros en 2022, est ainsi le premier budget de l'État.
De fait, les taux d'encadrement ont augmenté, notamment avec la mise en œuvre du dédoublement des classes en CP et CE1 ou avec le plafonnement des classes à 24 élèves.
Alors même que nous constatons une baisse démographique, je le disais, il n'y a pas eu de diminution du nombre de postes dans le second degré. Nous avons au total recruté l'équivalent de 27 000 emplois à temps plein, notamment en accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH). Dans le même temps, la crise a obligé les enseignants à s'investir encore davantage, si bien que le Premier ministre et Jean-Michel Blanquer ont annoncé le recrutement de 3 300 contractuels supplémentaires et le recours aux listes complémentaires dans le premier degré.
M. le président. Il faut conclure !
Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État. Madame la sénatrice, nous voulons une éducation plus forte au bénéfice de l'ensemble des enfants et sur tous les territoires !
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. Pierre-Jean Verzelen applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme Marie-Noëlle Lienemann, pour la réplique.
Mme Marie-Noëlle Lienemann. Le Gouvernement a l'habitude de nous noyer sous des chiffres, inexacts la plupart du temps… On ne peut plus vous croire, madame la secrétaire d'État !
Le 2 mars 2021, M. Blanquer déclarait sur France Inter : « Il est exact que les suppressions de postes ne peuvent pas éternellement se réaliser dans le secondaire ; c'est ce sur quoi je travaille pour le budget 2022. » Et il supprime des postes au budget 2022 !
On ne peut plus faire confiance au Gouvernement ou à M. Macron pour relever le défi éducatif qui se pose à la France. Pourtant, nous le devons à notre jeunesse pour son avenir ! (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées des groupes CRCE, GEST et Les Républicains.)
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