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Philippe Folliot
Question d'actualité au gouvernement N° 2310 au Ministère de la transition


Élevage pastoral et prédateurs

Question soumise le 17 février 2022

M. le président. La parole est à M. Philippe Folliot, pour le groupe Union Centriste.
(Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Philippe Folliot. La prise de mesures en faveur de la protection d'espèces vulnérables est l'une des pierres angulaires de notre engagement collectif et partagé en faveur de la biodiversité ; nous en conviendrons tous ici.

Madame la secrétaire d'État, il y a un loup dans cette histoire ! (Sourires.) Dans la montagne tarnaise, une centaine d'attaques ont été recensées en un an. Des dizaines et des dizaines de brebis et de veaux ont été tués. La situation est similaire sur l'ensemble du rayon de Roquefort, en Aveyron, dans l'Aude, l'Hérault, la Lozère, mais aussi dans bien d'autres départements de France.

Alors que les estives vont commencer, les éleveurs déplorent le manque de transparence et la lenteur de l'Office français de la biodiversité (OFB), qui exige un nombre important d'éléments – ADN, empreintes – dans des délais courts. Avant que des mesures ne soient prises, les cheptels sont trop souvent décimés. Les expertises concluent simplement par la mention « loup non écarté », malgré des images de vidéosurveillance et de nombreuses preuves attestant de sa présence.

Il semblerait que certains loups aient des comportements déviants, tuant non pas pour manger, mais simplement pour tuer. Ils sont désormais aperçus en périphérie de nos villages et près des bergeries.

Les éleveurs sont totalement démunis et se retrouvent dans l'incapacité de défendre leurs troupeaux et leur travail. C'est, à terme, dans ces régions, la survie de l'élevage qui est en jeu, mais aussi celle de nombreuses appellations dont nous sommes fiers : agneau de pays, veau du Ségala, roquefort, et j'en passe.

Alors, que comptez-vous faire, madame la secrétaire d'État, pour défendre aujourd'hui ceux qui se retrouvent sans moyen de lutte efficace contre ce fléau ?
(Applaudissements sur les travées des groupes UC, INDEP et Les Républicains. – M. Alain Richard applaudit également.)

Réponse émise le 17 février 2022

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la biodiversité – toujours pour deux minutes !

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique, chargée de la biodiversité. Monsieur le sénateur Folliot, je vous remercie pour cette question.

Nous sommes pleinement aux côtés des agriculteurs et des éleveurs face à ces épisodes douloureux. (Marques d'ironie sur les travées du groupe Les Républicains.) Nous sommes à leurs côtés dans la prévention, puis en cas de prédation.

Plus personne n'ignore les alertes. Nous respectons totalement les éleveurs et leur travail, mais aussi les territoires qui connaissent des difficultés pour restaurer les équilibres entre préservation des espèces, des espaces et des différentes pratiques.

Des solutions existent, tous les budgets n'ont pas encore été consommés. Il nous faut développer des filières de protection, les chiens doivent être aux côtés des éleveurs. Nous disposons d'un dispositif national qui se décline localement. Je sais, pour l'avoir vue dans mon territoire, la réactivité du préfet loup sur les fronts de colonisation.

Le Tarn fait effectivement partie des départements dans lesquels le loup est signalé depuis plusieurs années. L'extension de son aire de répartition exigeait des réponses rapides et ambitieuses.

M. Gérard Longuet. Et efficaces !

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État. En 2021, l'OFB a identifié quinze attaques. On en dénombre déjà six en 2022. Le préfet du Tarn, en lien avec le préfet loup national, a donc mis en œuvre les dispositions prévues dans ces situations. Une cellule de veille, vous le savez, monsieur le sénateur, a été activée. Les communes concernées sont classées en cercle 2 et cette liste de communes a été élargie ce mois-ci.

Des subventions sont accordées pour l'achat et l'entretien des chiens de protection, des clôtures électrifiées, la réalisation d'une analyse de vulnérabilité. Un accompagnement technique est mis à disposition des éleveurs pour qu'ils puissent se protéger au mieux.
(Exclamations dubitatives sur les travées du groupe Les Républicains.)

La direction départementale des territoires a délivré ce jour six autorisations de tirs de défense et une demande est en cours de traitement.

M. le président. Il faut conclure !

Mme Bérangère Abba, secrétaire d'État. Des mesures de protection sont mises en œuvre et un cadre très précis nous permet d'être aux côtés des éleveurs. Il faut qu'ils s'en saisissent.
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Philippe Folliot, pour la réplique.

M. Philippe Folliot. Madame la secrétaire d'État, l'engrillagement de nos campagnes n'est pas une solution.

M. Loïc Hervé. Très bien !

M. Philippe Folliot. Non, les patous qui agressent les randonneurs ne sont pas une solution.

Non, le loup n'est pas une espèce menacée aujourd'hui : il y en a des milliers en France.

Oui, il est maintenant temps d'agir, et d'agir concrètement ! (Applaudissements sur les travées des groupes UC, INDEP, RDSE et Les Républicains.)

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