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Mme Laurence Rossignol attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur la situation de la filière bois française. La Fédération nationale du bois l'a en effet alertée sur la pénurie de grumes à laquelle doit faire face notre industrie, et qui menace de s'accentuer. Les chênes sont d'ores et déjà touchés et l'ensemble des essences le seront bientôt. Les scieries françaises risquent de devoir chômer un jour sur quatre ou bien brider leur production à 75 % de leur capacité. Alors que 90 % des scieries de chêne françaises n'ont plus assez de bois pour l'année, 35 à 100 % des volumes de chênes produits partent à l'export, sans transformation, depuis 6 mois, principalement vers la Chine.
Cette dernière a annoncé l'interdiction de récolte de chêne sur son territoire pour 99 ans, ainsi que le plafonnement des récoltes de résineux. D'un point de vue environnemental, je me réjouis de cette décision mais la Chine est l'un des plus gros importateurs mondiaux de bois, et elle s'est logiquement lancée dans une stratégie d'augmentation de ses importations, menaçant ainsi le marché mondial et faisant pression sur les ressources nationales des pays producteurs, dont les européens. La Russie a annoncé un embargo sur l'exportation des grumes et sciages frais pour préserver son industrie. Sachant que la filière bois russe représente 20 % du commerce mondial de grumes et que 70 % de cette production est traditionnellement exportée vers la Chine, ceci risque évidemment d'accentuer la pression sur le marché mondial, et donc la pénurie que subit notre industrie nationale. Entre janvier et mai 2021, les exportations françaises de chêne non transformé vers la Chine ont progressé de 42 % par rapport à 2020, 66 % pour les exportations de résineux. La Commission européenne, plutôt que de protéger nos industries, veut attaquer la décision russe à l'organisation mondiale du commerce (OMC).
La problématique de la filière bois française, structurelle, est accentuée par ce contexte de prédation des ressources. Cela fait plusieurs années désormais que nous sommes alertés sur le manque de création de valeur ajoutée, provoquant un déficit abyssale, économique, mais aussi écologique. Le CO2 stocké par les arbres durant leur croissance, nous le rejetons par le transport que nous en faisons. La sénatrice avait d'ailleurs déjà interpellé le Gouvernement à ce sujet, en juin dernier et à la suite de bien d'autres, à l'occasion d'une question écrite sur l'Office national des forêts.
Le Gouvernement a fait des annonces concernant la filière du bâtiment, puisque la pénurie de matières premières ne concerne pas seulement le bois, mais aussi les métaux, le verre ou encore le plastique. Néanmoins, en tant que pays producteur de bois, nous avons les capacités d'endiguer la pénurie de matière première par nos propres moyens, en préservant notre industrie et celles de nos alliés européens. En conséquence, elle demande si le Gouvernement est prêt à mettre en place un plan d'urgence afin de contenir les exportations de bois français non transformé.
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