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René-Paul Savary
Question écrite N° 26636 au Ministère de l'éducation


Enseignement des mathématiques

Question soumise le 10 février 2022

M. René-Paul Savary interroge M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports au sujet de l'enseignement des mathématiques en France.

L'association des professeurs de mathématiques de l'enseignement public tire la sonnette d'alarme car cette discipline ancestrale souffre d'une image négative : les élèves seraient de plus en plus mauvais en mathématiques.

La baisse des compétences des élèves transparait à travers les évaluations internationales alors que le plan France 2030 requiert un haut niveau de qualification technologique et scientifique. Il note que la France est en avant-dernière position dans les pays de l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) !

Différents rapports et missions d'information, au Sénat comme à l'Assemblée nationale, sur l'enseignement des mathématiques en France ont démontré une dévaluation des compétences et les propositions faites pour pallier certains manques ne sont pas mises en place tant les moyens alloués par l'éducation nationale sont inférieurs aux enjeux.

Il insiste sur le caractère indispensable de ne pas restreindre les mathématiques aux applications professionnelles, sur la nécessaire augmentation de l'offre dans les filières générales et technologiques afin de ne pas limiter voire de supprimer les inégalités face à la réussite scolaire.

Il souhaiterait savoir ce que le Gouvernement compte faire pour pallier l'accroissement des inégalités en mathématiques, tant sur le territoire national qu'international.

Réponse émise le 10 mars 2022

La baisse des compétences mathématiques des élèves français depuis 30 ans et l'accroissement des inégalités en mathématiques sont des sujets majeurs de préoccupation du ministre depuis sa prise de fonction. Les mathématiques constituent une priorité nationale très clairement affirmée dans l'action déployée depuis bientôt 5 années par le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS), en particulier au travers du déploiement du plan mathématiques. Les constats liés à la baisse des compétences des élèves français ou le décrochage de la France dans les classements internationaux au sein des pays de l'organisation de coopération et de développement économiques sont largement analysés et détaillés dans le rapport rédigé par messieurs Villani et Torossian, qui a été remis au ministre le 12 février 2018. Les enjeux sociétaux, économiques et démocratiques et la nécessité de relever le niveau de qualification technologique et scientifique des français dans une société du numérique occupent une large place dans cette analyse. Les 21 mesures pour l'enseignement des mathématiques proposées dans le rapport sont issues d'une large concertation ayant mobilisé entre autres cadres opérationnels, chercheurs, universitaires, enseignants, philosophes, responsables d'associations et syndicaux et professionnels de la formation qui se sont traduites par seize auditions et quinze tables croisées. Déployées depuis septembre 2018 par le MENJS, ces mesures constituent une réponse systémique d'une ampleur inédite sur toutes les strates du système éducatif pour contribuer au développement et à la mise en place d'un enseignement des mathématiques plus efficace et plus explicite au bénéfice de tous les élèves. Ainsi que le préconise le rapport du sénateur Gérard Longuet dans la continuité du rapport Villani-Torossian, les moyens sans précédents mis en œuvre et la stratégie développée à différents niveaux ont visé à lutter contre la chute du niveau en mathématiques et contre les inégalités en mathématiques tout en œuvrant à remonter les résultats des élèves français dans les évaluations nationales et internationales. Depuis septembre 2018, le premier degré est une priorité absolue du MENJS et, dans ce cadre, les mesures 14 et 15 du rapport Villani-Torossian portent sur le déploiement de référents mathématiques de circonscription (RMC). À la rentrée de septembre 2021, ce sont plus de 1 800 RMC qui accompagnent cette année 45 000 professeurs des écoles par an. Une formation plus adaptée et renforcée pour les enseignants du premier degré, entre pairs et en petits groupes, ce sont les fameuses constellations. Cette année près de 5 900 constellations sont ainsi formées sur l'ensemble du territoire, ce qui permet, sur la base d'une programmation pluriannuelle de l'accompagnement sur 6 années, de former l'ensemble des professeurs des écoles dans les circonscriptions. Au travers des enseignants accompagnés, environ 700 000 à 900 000 élèves sont concernés par an par le dispositif, ce qui permettra d'escompter une amélioration sensible des résultats des élèves. Les RMC bénéficient eux-mêmes d'un plan national et académique de formation d'une ampleur inédite. L'accent a été mis sur les compétences mathématiques les plus fondamentales – comme le calcul, la modélisation ou la résolution de problèmes – et les plus échouées chez les élèves dans les évaluations nationales et internationales afin de renforcer la qualité de la formation des enseignants dans ces domaines. L'accent a également été mis sur les leviers didactiques et pédagogiques pour mettre en place un enseignement des mathématiques plus explicite et plus efficace au bénéfice de tous les élèves, permettant de renforcer l'efficacité et la réflexivité du geste pédagogique chez les enseignants et ainsi de lutter contre les inégalités dans la réussite scolaire en mathématiques. Par ailleurs, la réforme des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (INSPE) et l'ouverture des parcours préparatoires au professorat des écoles (PPPE) dans chaque académie ont redonné une part importante aux mathématiques dans la formation de nos étudiantes et étudiants futurs professeurs des écoles, et constituent au travers du renforcement de la place des mathématiques dans la formation initiale une réponse anticipée au déficit de compétences en mathématiques qui a pu être constaté chez les professeurs des écoles. Ce renouveau de la formation continue des enseignants s'est incarnée en parallèle dans le second degré depuis 4 ans au travers de la création de 300 laboratoires de mathématiques. Il s'agit de lieux de formation (parfois à cheval entre le premier et le second degré) au sein même des établissements scolaires, dans lesquels les professeurs issus de diverses disciplines peuvent confronter entre pairs leurs pratiques et travailler autour des mathématiques avec les professeurs spécialisés. La production de ressources a constitué également un axe important du rapport Villani-Torossian pour renforcer le continuum didactique premier et second degré. Le but a été de constituer un corpus de ressources permettant aux professeurs de partager une vision et des gestes professionnels communs afin de renforcer l'efficacité de l'enseignement des mathématiques au bénéfice de tous les élèves, en évitant les ruptures épistémologiques, didactiques et pédagogiques entre le primaire et le collège. En 2020 et 2021, des guides pour l'enseignement des mathématiques, notamment en résolution de problèmes, ont été produits pour les niveaux clés CP, cours moyen (CM1 et CM2) et collège. La refonte des repères annuels de progression et les attendus de fin de cycle jusqu'au collège ont quant à eux permis aux professeurs de mieux suivre leurs élèves et d'éviter de renvoyer à la fin du cycle les sujets les plus complexes en termes d'apprentissage. Ces outils se sont avérés précieux lors des périodes troublées connues à cause de la pandémie. Ils sont complétés aujourd'hui de ressources afin que les élèves et les professeurs se familiarisent sur les items d'évaluation PISA et TIMSS. Enfin, des grilles de positionnement pour choisir les manuels scolaires de mathématiques utilisés en classe sont disponibles et complètent des ressources spécifiques pour le pilotage des mathématiques pour les chefs d'établissement en collège. Le plan mathématiques se poursuit depuis deux ans par un effort particulier sur le segment collège avec le plan « Réussir en mathématiques au collège ». Il s'inscrit dans la continuité du plan déployé dans le premier degré pour dynamiser et rendre plus performant l'enseignement des mathématiques au collège. Il se déploie selon trois pistes d'actions : des ressources pour les professeurs (leur permettant de préciser leurs gestes professionnels et de travailler à une image positive des mathématiques) ; des ressources et des actions de formation pour les formateurs au niveau national (pour déployer ensuite une formation en académie) ; des ressources pour accompagner les chefs d'établissement dans le pilotage de la discipline mathématiques. Les actions conjuguées depuis 4 ans sur tous les segments de l'enseignement des mathématiques dans le cadre de ce plan ont une portée systémique qui ne restreint pas les mathématiques aux applications professionnelles mais vise à réconcilier la nation avec les mathématiques et à redonner confiance et compétences à tous les citoyens, à commencer par les élèves et les enseignants. La réforme des lycées, qui ouvre un vrai espace de liberté de choix pour nos élèves, fait aussi le pari de la transformation des filières d'enseignement supérieur pour prendre en compte les compétences réelles des élèves et leur motivation et les élargir. Les lycéens et lycéennes se sont saisis des possibilités qui leur ont été ouvertes et bien compris que l'essentiel réside dans le parcours, les compétences acquises, la motivation et l'engagement que l'on met dans les spécialités qu'on a choisies. Les lycéens professionnels ont un enseignement par modules de mathématiques qui a été renouvelé par le co-enseignement entre professeurs de maths-sciences et professionnels métier. Tous les élèves de la voie générale continuent à faire des mathématiques en seconde, puis durant le cycle terminal avec l'enseignement scientifique pour lycée général et un enseignement commun pour l'enseignement technologique. Qu'il faille réfléchir à la place des mathématiques dans cet enseignement est certainement un débat que l'on peut ouvrir, mais il convient de conserver à l'esprit que les mathématiques ne sont pas étudiées et mobilisées uniquement dans le cours de mathématiques et qu'il convient de mieux expliciter les mathématiques dans les autres disciplines (économie, géographie, sciences). L'enjeu est de mettre en place une véritable culture de l'interdisciplinarité qui n'efface pas les mathématiques mais qui les explicite. Les élèves du lycée général qui souhaitent s'investir davantage dans cette discipline peuvent choisir de suivre un enseignement de spécialité exigeant dès la première et une option de renforcement en terminale (mathématiques expertes). Ils sont 60 % des lycéens et lycéennes généraux à garder en terminale un enseignement de mathématiques exigeant (spé ou math comp) dont près de 50 % de filles. Plus de 50 000 ont choisi de prendre Mathématiques expertes. Si la DEPP indique qu'il y a 46 % de CSP+ dans la spé maths, il faut aussi rappeler qu'il y a 39 % d'élèves issus de CSP+ au lycée général. Toute la reconquête qui a été lancée depuis le primaire et le collège a pour objectif de décorréler justement l'indice de position social et les choix d'orientation en consolidant les fondamentaux. Les deux actions emblématiques que sont le dédoublement des classes de CP et CE1 en éducation prioritaire ou le programme « Devoirs faits » participent de cette volonté de justice sociale et de lutte contre les inégalités pour répondre et s'adapter aux besoins de tous les élèves. Des demandes et des interrogations sur l'offre d'enseignement des mathématiques au sein du lycée général s'expriment depuis plusieurs semaines dans le débat public. C'est pour mieux écouter ces diverses expressions et disposer de la vision la plus large et la plus objective possible que le ministre a décidé de constituer un comité d'experts : il l'a installé le 16 février et l'a chargé de conduire une série large d'audiences de tous les acteurs intéressés : en premier lieu, les associations de professeurs de mathématiques, ainsi que celles d'autres disciplines selon votre appréciation, celles de sciences physiques-chimie et de sciences et vie de la terre notamment, les sociétés savantes de mathématiques et de sciences, les organisations représentatives des personnels, les représentants des différentes instances de l'enseignement supérieur, et bien sûr les représentants des élèves et ceux des parents d'élèves. Ce comité s'attachera à établir un constat complet sur la situation des mathématiques au sein du nouveau lycée général, à recenser les remarques et propositions, et à remettre au ministre des scénarios réalistes et efficaces d'amélioration de l'offre de l'enseignement de mathématiques. L'action du ministre et du MENJS en faveur d'un enseignement consolidé des mathématiques s'appuie ainsi sur un volontarisme et sur une politique cohérente déployée depuis 4 ans. Elle se poursuit actuellement et vise le renforcement de la maîtrise des compétences mathématiques par tous les élèves de France, depuis l'école maternelle jusqu'au baccalauréat. À l'aune de la transformation impulsée aussi bien au niveau de la formation continue, du pilotage de l'enseignement ou encore des pratiques professionnelles de tous les personnels et des gestes pédagogiques des enseignants, la poursuite et la consolidation de toutes ces actions conjuguées en 2021-2022 sont autant de gages d'une amélioration attendue des résultats de tous les élèves aux évaluations nationales et internationales ainsi qu'une réponse aux baisses constatées en mathématiques et aux inégalités scolaires.

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