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M. Didier Marie attire l'attention de Mme la ministre de la culture au sujet de l'accès des personnes aveugles et malvoyantes au livre.
Depuis son invention au XIXe siècle, le braille permet aux personnes aveugles et malvoyantes de lire et d'écrire grâce au toucher. Ce code, qui porte le nom de son inventeur, est ainsi utilisé par les personnes atteintes de handicap visuel dans le monde entier pour lire n'importe quel texte, mais aussi des formules mathématiques ou des partitions musicales.
Le braille a évolué avec le temps : à l'origine réalisé manuellement à l'aide d'un poinçon, puis imprimé avec des embosseuses, il est devenu numérique. Grâce à des appareils électroniques nommés « plages braille », un aveugle peut aujourd'hui lire en temps réel le texte qui s'affiche sur l'écran de son ordinateur ou de son smartphone. Le numérique constitue ainsi un outil efficace au service d'une meilleure inclusion scolaire et professionnelle des personnes déficientes visuelles.
Malgré les progrès techniques récents, les aveugles et malvoyants restent en France plus qu'ailleurs confrontés à des difficultés importantes dans le domaine de l'accès au livre et à la lecture. Selon un rapport de l'inspection générale des affaires culturelles (IGAC) de 2013, on estime en effet que seulement 8 % des livres disponibles en France existent dans une version en braille, sonore ou en caractères agrandis adaptée à ce public, tous supports confondus, numériques et imprimés.
Quand la bibliothèque virtuelle américaine Bookshare dénombre plus de 680 000 livres adaptés dans son catalogue, la bibliothèque numérique francophone accessible (BNFA) dispose d'à peine plus de 50 000 références en France.
Cette pénurie est encore plus forte pour les manuels scolaires et universitaires, les textes scientifiques et les ouvrages professionnels, les délais nécessaires à l'adaptation d'un livre étant d'autant plus longs que le document est complexe.
Les personnes aveugles et malvoyantes rencontrent par conséquent d'importantes difficultés pour mener à bien des études supérieures, passer un concours, trouver un emploi, évoluer professionnellement ou tout simplement pour lire romans et essais. Et quand le livre est adapté, il est souvent vendu à un prix 3 à 4 fois plus élevé que les livres ordinaires, malgré la loi relative au prix unique du livre.
Cette situation de pénurie est injustifiable dans le pays qui a vu naître Louis Braille et représente l'une des premières économies mondiales. Il est essentiel que toute personne soit libre de lire le livre de son choix, dans le format de son choix, dans des délais raisonnables, et au prix du marché. La technique existe, le savoir-faire aussi ; ne manquent que les moyens et la volonté politique d'organiser une production du livre adapté qui corresponde aux attentes légitimes des personnes atteintes de handicap visuel.
Il est impératif que le Gouvernement se saisisse de cette question. Il souhaite donc savoir quelle politique globale il entend mettre en œuvre pour répondre aux enjeux de l'accès des personnes aveugles et malvoyantes au livre et à la lecture.
Cette question n'a pas encore de réponse.
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