M. le président. La parole est à M. Pierre Charon, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Pierre Charon. Ma question s'adresse à Mme la Première ministre.
À deux ans des jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, les interrogations et les révélations s'accumulent quant à la maîtrise de leur organisation.
Selon les conclusions du rapport du comité d'audit de l'organisation, parmi les risques financiers sur le coût des travaux, seuls ceux qui sont liés à l'inflation sont clairement affichés, alors même que l'explosion de certaines factures, pour le centre aquatique olympique – 173 millions d'euros au lieu de 90 millions – ou l'Arena de la porte de la Chapelle – 132 millions d'euros au lieu de 90 millions –, n'a rien à voir avec cette inflation, tout comme les coûts engendrés par des changements de dernière minute de sites olympiques.
Les interrogations s'accumulent aussi sur les questions de sécurité publique.
On pense notamment aux risques qui pèsent sur la cérémonie d'ouverture prévue sur la Seine, avec la sécurisation sur plus de 6 kilomètres de 160 barges flottantes accueillant 205 délégations étrangères et 10 000 athlètes, à quoi s'ajoute la présence de nombreux chefs d'État, et tout cela devant 600 000 spectateurs.
Les interrogations s'accumulent, enfin, sur la manière dont la Ville de Paris gère ces jeux.
À ce jour, pas moins de 5 000 chantiers gangrènent la capitale. De nombreux élus parisiens réclament davantage de transparence dans la gestion de ce dossier, sans réponse de la maire de Paris.
Même l'ancien ministre et champion olympique Guy Drut nous alerte sur les risques d'explosion des coûts et le manque de concertation.
Le budget s'élevait initialement à 6,8 milliards d'euros ; il est aujourd'hui près d'atteindre 8 milliards d'euros et ne tient pas compte de la garantie de 3 milliards d'euros apportée par l'État.
Il s'agit d'éviter que cette grande fête populaire ne se transforme en un immense fiasco.
Aussi, pouvez-vous, madame la Première ministre, confirmer que le Gouvernement a pris la pleine mesure de ce dossier et qu'il veille à « sécuriser le cadre budgétaire et financier des jeux », comme l'a réclamé la Cour des comptes ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
M. Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Monsieur Charon, merci d'abord pour une question qui ne concerne pas le zéro artificialisation nette !
Comme vous l'avez dit, Paris 2024, c'est la promesse d'une grande fête, mais aussi un défi majeur : la livraison de l'ensemble de ces infrastructures. Vous connaissez aussi le mode d'organisation de ces constructions : une société présidée par la maire de Paris, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), a la responsabilité de l'ensemble de ces infrastructures ; des décisions sont prises par la mairie de Paris sur un certain nombre de ces sujets et entraînent parfois, voire souvent, les évolutions financières que vous décrivez, hors inflation.
Je souhaite rappeler que la situation financière de la Ville de Paris s'est singulièrement améliorée au cours des derniers mois. (Marques dubitatives sur les travées du groupe Les Républicains.) Regardons le compte administratif pour 2021 : on y trouve une épargne de 64 millions d'euros net, à comparer au déficit de 380 millions d'euros ; la progression des recettes, d'un demi-milliard d'euros, est portée par le retour des recettes tarifaires, mais également par la reprise des droits de mutation.
Dès lors, il serait de mauvaise manière de se défausser sur le Gouvernement, en considérant que la crise des finances locales viendrait justifier d'une manière ou d'une autre un appel à un coup de main particulier de notre part.
(Mme Sophie Primas s'esclaffe.)
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. C'est rassurant !
M. Christophe Béchu, ministre. Nous suivons évidemment avec beaucoup d'attention ces sujets, qui relèvent de cas variés. Pour certains d'entre eux, la gestion des chantiers par exemple, je vous avoue ne pas avoir une expertise particulière de la manière dont les choses se passent ; pour d'autres, au contraire, les discussions qui peuvent se tenir, notamment entre le cabinet de la ministre des sports et la mairie de Paris, nous permettront sans doute d'assurer un meilleur suivi et d'avoir une vision plus claire des sujets sur lesquels vous nous interpellez cet après-midi. Votre question nous conduira à considérer un certain nombre de ces sujets avec bien plus d'interrogations.
Pour autant, je tiens à redire que la fierté d'organiser ces jeux et le fait de revendiquer un certain nombre de décisions qui relèvent de la mairie ne doivent pas conduire à se défausser sur le Gouvernement de décisions qui sont prises à un autre échelon que le nôtre.
M. le président. La parole est à M. Pierre Charon, pour la réplique.
M. Pierre Charon. Monsieur le ministre, vous êtes trop subtil pour ne pas avoir compris ma question ! (Rires sur les travées du groupe Les Républicains.) Il ne s'agissait pas de me défausser ; je parlais surtout, bien évidemment, de la mauvaise gestion de la maire de Paris. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Exclamations sur les travées du groupe SER.)
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