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Philippe Dominati
Question d'actualité au gouvernement N° 43 au Ministère de l'intérieur


Réforme de la préfecture de police de Paris

Question soumise le 28 juillet 2022

M. le président. La parole est à M. Philippe Dominati, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Philippe Dominati. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

Monsieur le ministre, jeudi dernier, vous avez installé le nouveau préfet de police – malheureusement pour moi, c'est le treizième depuis que je suis élu parisien. Vous avez défini un ordre de mission précis, très complet, qui est en même temps un bilan des insuffisances de l'institution et des déficiences de la sécurité à Paris.

Bien entendu, il ne s'agit pas de critiquer les personnes, car chacun essaie de faire son devoir. Toutefois, au cours de la Ve République, divers gouvernements ont essayé de créer des préfets de police en Corse, à Grenoble, à Lyon, et il y en a un aujourd'hui à Marseille.

Lorsque Laurent Nunez, actuel préfet de police de Paris, avait été nommé à Marseille, il m'avait expliqué l'aspect opérationnel de la préfecture de police de cette ville, en insistant sur le fait qu'elle n'était pas engoncée dans l'administration ni la bureaucratie. Il partageait en cela l'avis d'Éric Morvan, qui était à l'époque directeur général de la police. Laurent Nunez a plus tard été nommé secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur par le président Macron pour redéfinir les missions de la préfecture de police.

Monsieur le ministre, j'aimerais savoir qui, du Marseillais ou du Parisien, bénéficie du meilleur système de sécurité ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Sido. Bravo !

Réponse émise le 28 juillet 2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, il me faudrait au moins une demi-heure pour répondre à la question du sénateur Dominati.

M. le président. Une demi-heure moins vingt-huit minutes !
(Sourires.)

M. Gérald Darmanin, ministre. Il connaît bien le sujet et a rappelé son expérience, à la fois parisienne et politique, qui est très supérieure à la mienne.

Je veux tout d'abord rendre hommage au travail accompli par le préfet Lallement (Protestations sur les travées des groupes SER et CRCE.), qui a pendant trois ans dirigé la préfecture de police, dans des conditions très difficiles, en raison du terrorisme et de diverses formes de contestation.

Monsieur Dominati, j'ai effectivement installé M. le nouveau préfet de police avec une feuille de route claire, dont la principale priorité est la lutte contre la délinquance à Paris.

L'ordre public a pu être trop mis en avant dans certaines circonstances, dont on peut néanmoins comprendre qu'elles l'exigeaient. Toutefois, la délinquance à Paris augmente de telle sorte qu'il y a désormais plus de violences urbaines dans les XVIIIe,XIXeet XXearrondissements qu'en Seine-Saint-Denis, selon des statistiques qui datent du 14 juillet dernier. Le problème ne relève pas seulement de la politique de sécurité de notre pays : il concerne aussi l'agglomération parisienne et la Ville de Paris.

La deuxième priorité porte évidemment sur la préparation des jeux Olympiques. En l'occurrence, il ne s'agit pas d'en rester à l'impréparation ou aux difficultés qui ont pu se manifester lors d'événements passés, mais de regarder vers l'avenir. Laurent Nunez devra accomplir pour cela un travail très important, avec l'aide de la préfecture de police et de ses 43 000 agents, auxquels je renouvelle la confiance du Gouvernement.

Vous me demandez quel système est le plus efficace. Il ne vous aura pas échappé que Paris n'est pas Marseille. À Marseille, il y a une police municipale et un maire qui a la compétence en matière de vidéoprotection. Et il n'y a pas l'immense majorité des lieux du pouvoir politique et économique, ainsi que des lieux de circulation : nul besoin de rappeler que Paris est une ville historiquement et politiquement différente des autres.

Faut-il faire évoluer la préfecture de police, en lien avec la direction générale de la police nationale ? Sans doute, monsieur le sénateur, mais il me semble que ce n'est pas l'objectif du préfet de police que j'ai nommé pour lutter contre la délinquance et pour préparer les jeux Olympiques.

En revanche, la question se posera certainement dans le cadre du Grand Paris, de la métropole parisienne et, plus généralement, de la place de Paris dans les institutions : la préfecture de police devra évoluer autant qu'eux.
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Philippe Dominati, pour la réplique.

M. Philippe Dominati. Monsieur le ministre, toutes les forces politiques parisiennes se sont résolues à la création d'une police municipale, alors qu'elles n'y étaient pas nécessairement favorables.

Dans la mesure où vous avez été renouvelé dans vos fonctions, vous semblez avoir l'écoute du Président de la République. Mme la Première ministre a exercé des fonctions importantes en région parisienne, que ce soit dans l'urbanisme ou dans les transports.
(Mme la Première ministre opine.)

Emmanuel Macron est le seul président de la Ve République à n'avoir jamais défini d'enjeux pour l'Île-de-France et à ne jamais s'être intéressé aux structures institutionnelles de la région.

Le Grand Paris ne correspond pas au périmètre de la préfecture de police. Vous parlez de la préparation des jeux Olympiques. Comme vous, nous souhaitons que les Parisiens et, surtout, les visiteurs qui viendront voir les jeux soient en sécurité.

De grâce, usez de votre influence et de celle de Mme la Première ministre pour inciter le président de la République à s'intéresser à Paris ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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