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Jean-Marc Todeschini
Question d'actualité au gouvernement N° 58 au Ministère de l'europe


Rayonnement de la France à l'international et place dans l'Union européenne

Question soumise le 27 octobre 2022

M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Todeschini, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
(Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Jean-Marc Todeschini. Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'État chargée de l'Europe.

Pendant que les médias français étaient occupés par le feuilleton du 49.3 à l'Assemblée nationale, les conclusions du dernier sommet européen étaient à la limite de la débâcle pour la France, consacrant l'échec de cinq ans de politique européenne française, pourtant présentée comme le projet phare du Président de la République.

Les Allemands et une partie des pays européens ont fait prévaloir leur point de vue sur le prix du gaz et nous renvoient aux problèmes de maintenance de nos centrales nucléaires.

L'accord de principe sur un bouclier antimissile entre plusieurs pays européens autour de l'Allemagne, dont l'Otan, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, s'est félicitée, nous laisse isolés sur le concept d'une Europe de la défense, malgré le conflit en Ukraine.

En ce qui concerne le spatial, l'Allemagne s'oppose au principe de préférence européenne et développe seule, en mer du Nord, un projet de « port spatial » dédié aux microlanceurs.

Force est de constater le recul de notre influence en Europe, où la France se voit en même temps reprocher une certaine arrogance.

Les dissensions dans le couple franco-allemand sont telles qu'il a fallu pour la troisième fois reporter le sommet entre nos deux pays, qui devait se tenir aujourd'hui à Fontainebleau.

Ces multiples alertes doivent être entendues. L'Allemagne est au centre du jeu européen depuis le Brexit et regarde désormais plus vers l'est et vers les Balkans que vers Paris. Elle défend ses intérêts et s'affirme comme le leader de l'Union européenne, au sein de laquelle les pays du Nord lui sont acquis depuis longtemps.

Madame la secrétaire d'État, quelles leçons tire la France de cette situation ? Comment nous éviter un isolement sur le plan international et au sein de l'Union européenne ?
(Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

Réponse émise le 27 octobre 2022

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de l'Europe.

Mme Laurence Boone, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée de l'Europe. Monsieur le sénateur Todeschini, nous n'avons absolument pas la même vision des choses.
(Exclamations ironiques sur les travées des groupes SER et Les Républicains.)

Je vous rappellerai pour commencer que l'Europe est confrontée, en raison de la guerre en Ukraine, à des enjeux communs en matière d'énergie et de défense, qui se déplaceront ensuite vers d'autres domaines économiques, y compris le spatial.

Ces enjeux communs se reflètent également avec le changement géostratégique, en particulier l'évolution de la position de la Chine. Tous les pays font face à ces enjeux, mais de façon différente.

Durant la crise de la covid-19, les économies de services étaient les plus affectées. Aujourd'hui, avec la crise de l'énergie, ce sont les économies manufacturières qui le sont au premier chef. L'Allemagne, en particulier, fait face à des conditions très difficiles de fourniture d'énergie – elle doit en trouver ailleurs qu'en Russie – et de prix.

Face à ces enjeux, que faisons-nous ? Lors du Conseil européen, le Président de la République a invité le chancelier Scholz à discuter. Et c'est lui qui a réussi à unifier les positions, pour que nous ayons à la fin du Conseil un communiqué qui étudie toutes les mesures énergétiques pouvant être spécifiques à chaque pays.

C'est aussi parce que ces problèmes de défense, d'énergie et de réorganisation du monde ne vont pas se résoudre en un claquement de doigts que le Président de la République a invité le chancelier Scholz à venir déjeuner.
(Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Michel Savin. Nous sommes sauvés !

Mme Laurence Boone, secrétaire d'État. D'ici aux 60 ans du traité de l'Élysée, nous allons travailler ensemble, pour converger sur tous ces sujets.

Toutefois, voyez-vous, ce sont des efforts qui demandent plus que des paroles : ils exigent des actions et du travail.

M. Hussein Bourgi. On les attend !

M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Todeschini, pour la réplique.

M. Jean-Marc Todeschini. Madame la secrétaire d'État, il vous semble difficile de me répondre. À vous entendre, « tout va très bien, madame la marquise »…

Il faudrait relire le discours que le Président de la République avait prononcé à propos de l'Europe à la Sorbonne. Vous dites que tout va se résoudre autour d'un déjeuner. Mais, tous les médias le disent clairement, on ne parle du couple franco-allemand qu'en France. Pour le reste, c'est l'Allemagne qui mène le bal.

M. le président. Il faut conclure, mon cher collègue.

M. Jean-Marc Todeschini. Le Président de la République avait utilisé l'expression d'« encéphalogramme plat » à propos de l'Otan.

J'ai peur que, aujourd'hui, ce soit également l'encéphalogramme plat pour le projet européen. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

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