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Catherine Deroche
Question d'actualité au gouvernement N° 75 au Ministère auprès du Ministère de l'europe et des affaires étrangères


Violences sexuelles dans le conflit en République démocratique du Congo

Question soumise le 3 novembre 2022

M. le président. La parole est à Mme Catherine Deroche, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Catherine Deroche. Ma question s'adressait à Mme la ministre des affaires étrangères.

Le 14 septembre dernier, le président Larcher recevait le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. Ce médecin, gynécologue obstétricien, opère chaque semaine dans l'hôpital de Panzi des victimes de viols perpétrés dans l'est de la République démocratique du Congo.

Ces violences sont connues depuis plus de vingt ans. En 2010, le rapport de mapping de l'ONU dénonçait ces crimes de guerre. Pourtant, depuis lors, rien ne bouge vraiment. Tout cela intervient sur fond d'enjeux économiques importants dans cette zone, site important de production de cobalt et de coltan.

Quelle a été et quelle est l'action de la France pour porter à l'international la voix de ces populations martyrisées, qui méritent reconnaissance, mais aussi justice, c'est-à-dire condamnation des auteurs et réparation ?
(Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC, ainsi que sur des travées du groupe SER. – Mme Marie-Noëlle Lienemann et M. Julien Bargeton applaudissent également.)

Réponse émise le 3 novembre 2022

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger.

M. Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger. Madame la sénatrice Deroche, la recrudescence des violences dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) est en effet préoccupante. Je pense en particulier à la reprise depuis le 20 octobre dernier des combats entre le Mouvement du 23 mars (M23) et les forces armées de la RDC, après plus de trois mois d'accalmie.

Nous condamnons depuis longtemps les activités de tous les groupes armés, appelant ces derniers à cesser le combat, à déposer les armes et à prendre part au processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration. Il est nécessaire que toutes les parties mettent en œuvre rapidement leurs engagements, notamment ceux qui ont été pris lors d'une réunion organisée le 21 septembre dernier par le Président de la République à New York pour établir un dialogue régional apaisé et contribuer à la stabilité dans l'est de la RDC.

La situation actuelle démontre l'importance de la lutte contre l'impunité en RDC. La France joue un rôle moteur, au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, pour que la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) continue d'être dotée d'un mandat exigeant en la matière. Elle soutient également la mise en œuvre de mesures restrictives, au sein des Nations unies et de l'Union européenne, contre des personnalités responsables de graves violations des droits de l'homme.

Enfin, nous soutenons depuis de très nombreuses années l'action du docteur Denis Mukwege en faveur des femmes victimes de violences sexuelles, notamment vial'appui de son hôpital et de sa fondation à Bukavu. Dans la droite ligne de l'engagement pris par le Président de la République lors du sommet du G7 présidé par la France, en 2019, notre pays a également mobilisé plus de 6 millions d'euros au profit du Fonds mondial pour les survivantes de violences sexuelles liées au conflit, que ce médecin et Nadia Murad ont créé.
(M. François Patriat applaudit.)

M. le président. La parole est à Mme Catherine Deroche, pour la réplique.

Mme Catherine Deroche. Le docteur Denis Mukwege compte en effet beaucoup sur la France, ainsi que sur les autres pays.

Je veux rappeler ses propos lors de la réception du prix Sakharov, en 2014 : « Chaque femme violée, je l'identifie à ma femme. Chaque mère violée, je l'identifie à ma mère et chaque enfant violé, je l'identifie à mes enfants. […] Quel est cet être humain doué de conscience qui se tairait quand on lui amène un bébé de 6 mois dont le vagin a été détruit soit par la pénétration brutale d'un adulte, soit par des objets contondants, soit par des produits chimiques ? […] Comment me taire quand, depuis quinze ans, nous voyons ce que même un œil de chirurgien ne peut s'habituer à voir ? »

C'était il y a huit ans. La France ne peut pas, ne doit pas détourner le regard, et elle ne peut pas se taire. (Applaudissements nourris.)

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