M. le président. La parole est à M. Philippe Dominati, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Philippe Dominati. Monsieur le ministre, il y a quatre ans, la France disposait, avec Peugeot et Renault, de deux constructeurs automobiles de dimension mondiale, ayant comme actionnaire commun l'État – un actionnaire d'influence.
Depuis lors, l'un a trouvé la voie de la croissance en acceptant d'être dilué dans le groupe italo-américain Fiat Chrysler Automobiles, l'autre est passé de la première place mondiale à celle de « plus petit constructeur automobile européen ».
Hier, le directeur général de Renault a annoncé le troisième volet de son plan consistant à scinder l'entreprise en deux, avec de nouveaux partenaires, l'un chinois, l'autre saoudien. En début de semaine, le directeur général de Nissan a revendiqué, dans la presse économique, la nécessité de rééquilibrer l'alliance avec Renault.
Comme beaucoup de Français, je m'étonne de la passivité, semble-t-il, du gouvernement français vis-à-vis de ses partenaires et je me demande pourquoi quatre ans après la crise provoquée par l'incarcération de l'ancien directeur général de Renault – d'ailleurs sans éléments probants jusqu'à ce jour –, le Gouvernement accepterait cette remise en cause.
S'agit-il d'un rééquilibrage volontaire ou le Gouvernement escompte-t-il accepter le démantèlement de cette alliance ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Marie-Noëlle Lienemann applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.
M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Monsieur le sénateur Dominati, je pense que vous avez mis le doigt sur la réalité de l'industrie automobile actuelle.
Je commencerai par quelques chiffres. Le premier est celui des capitalisations boursières ; celle de Renault s'élève à 6 milliards d'euros, celle de Stellantis à 44 milliards d'euros, celle de Ford à 53 milliards d'euros et celle de Tesla à 610 milliards d'euros. Second chiffre : Renault réalise 60 % de ses ventes en Europe : c'est la grande différence par rapport à Stellantis. Or l'Europe a décidé d'abandonner les véhicules thermiques.
M. Pierre Cuypers. C'est une erreur !
M. Bruno Le Maire, ministre. C'est pour cela que nous pensons que la stratégie de Luca de Meo est la bonne pour Renault, car elle va lui permettre de retrouver de l'espace financier. C'est pour cela qu'elle sépare les activités thermiques des activités électriques et qu'elle a besoin d'un partenaire, en l'occurrence l'entreprise chinoise Geely – actionnaire majoritaire de Volvo, actionnaire de Lotus et actionnaire de Daimler en Allemagne –, qui nous paraît être un bon partenaire.
En ce qui concerne les activités électriques, Renault va pouvoir dégager des moyens financiers plus importants pour investir dans le moteur électrique et dans le véhicule électrique, avec un projet d'un million de véhicules électriques, réalisés dans le nord de la France. Renault va donc être l'un des fers de lance de la réindustrialisation automobile de notre pays. L'entreprise va également mettre au point des batteries électriques, pour garantir l'indépendance totale de la chaîne de valeur, et produire, pour la première fois, un véhicule utilitaire léger électrique, qui va répondre à toutes les questions que vous m'avez souvent posées sur les besoins en la matière des artisans, des commerçants, des entreprises de BTP et des très petites entreprises. Ils seront produits à Sandouville, en France, par Renault !
Nous soutenons donc cette stratégie qui doit permettre la réindustrialisation automobile, sur la base du véhicule électrique, qui a été lancée par Luca de Meo et Renault.
En ce qui concerne l'alliance entre Nissan et Renault, nous continuons à penser qu'elle est pertinente. Nous soutenons donc les propositions qui sont aujourd'hui sur la table entre Renault et Nissan, car nous pensons que des synergies sont possibles pour renforcer encore Renault.
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Philippe Dominati, pour la réplique.
M. Philippe Dominati. Monsieur le ministre, je ne suis pas très convaincu par votre réponse, édulcorée sur la question de Nissan.
Il est gênant de tout miser sur l'électrique. D'un côté, le Président de la République nous demande de faire des économies d'énergie, de mettre le chauffage à 19 degrés, d'éteindre la tour Eiffel, bref, de faire un certain nombre de choses ; d'un autre, à peine l'allocution présidentielle terminée, 7 000 euros sont offerts pour acheter une voiture électrique, Nissan par exemple, mais nous ne savons pas véritablement comment nous pourrons finalement continuer ce développement grâce à nos impôts.
M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.
M. Philippe Dominati. Avec cette politique, à Paris, dans ma ville, lors des jeux Olympiques de 2024, il n'y aura que des voitures étrangères pour accueillir nos hôtes. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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