M. le président. La parole est à M. Henri Leroy, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Henri Leroy. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
En 2018, la France refusait d'accueillir les 629 migrants de l'Aquarius.
(Brouhaha sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST.)
Mme Marie-Arlette Carlotti. C'est une obsession !
M. Henri Leroy. La même année, à l'Assemblée générale des Nations unies, le Président de la République disait préférer une mobilité internationale choisie et non subie, au risque de faire monter les extrêmes.
On connaît la suite de l'histoire : vendredi dernier, Emmanuel Macron donnait l'ordre d'accueillir les 230 migrants de l'Ocean Viking à Toulon.
Madame la ministre, la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde.
(Protestations sur les travées du groupe SER.)
M. Jean-Pierre Sueur. Il faut citer la phrase complète !
M. Henri Leroy. Dans notre pays, beaucoup de personnes, Français et étrangers assimilés, ont la plus grande difficulté pour se nourrir, se loger, se soigner, et en auront demain pour se chauffer – bref, pour survivre.
En accueillant l'Ocean Viking, vous confondez humanitaire et appel d'air. En accueillant l'Ocean Viking, vous faites le jeu des passeurs. (Exclamations sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST. – Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.) Sauver des vies en péril est une priorité, mais les bateaux de passeurs doivent être renvoyés dans les ports de départ !
Il est urgent que la France reprenne le contrôle de ses frontières. Il est urgent qu'il y ait une refonte de la politique d'immigration au niveau européen. Sinon, vous continuerez à dénaturer la France et à mettre les Français en danger. (Huées sur les travées des groupes CRCE, SER, GEST et RDPI.) Oui, il existe un lien entre immigration et insécurité. Madame la ministre, combien faudra-t-il de Bataclan, de père Hamel, de massacres à Nice, de Lola, pour que vous preniez enfin la mesure du désastre qui se joue sous nos yeux ?
(Vives protestations sur les travées des groupes CRCE, SER, GEST et RDPI.)
Mme Laurence Rossignol. Scandaleux !
M. Xavier Iacovelli. On ne peut pas laisser dire cela !
M. Henri Leroy. Qu'attendez-vous pour arrêter d'accueillir ceux dont les autres ne veulent pas et pour expulser tous ceux qui n'ont pas vocation à être sur notre sol national ?
(Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. – Huées sur les travées des groupes CRCE, SER, GEST et RDPI.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement.
M. Olivier Véran, ministre délégué auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, il est certaines questions auxquelles je me dis que nombre de sénateurs de tous bords aimeraient répondre à ma place. (On le confirme sur les travées des groupes RDPI, SER, GEST et CRCE.) Il faut dire que votre question est choquante, monsieur le sénateur, et c'est un euphémisme.
En quoi, monsieur le sénateur, êtes-vous fondé à faire le lien entre quelques dizaines de personnes en détresse en Méditerranée, dont une partie vient du Bangladesh, une cinquantaine sont des enfants mineurs, dont certains ont moins de 3 ans, et les attentats du Bataclan ? (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, GEST, SER et CRCE, ainsi que sur des travées du groupe UC.) Qu'essayez-vous, monsieur le sénateur, d'instiller dans les esprits des Français ?
Je connais suffisamment votre président de groupe pour savoir que la droite républicaine de notre pays ne peut pas avoir pour ligne, sur ce sujet, de faire le lien entre le terrorisme et le sauvetage en mer de personnes qui, si on ne les avait pas accueillies en France, auraient fini par périr en mer.
(Applaudissements sur les mêmes travées et sur des travées des groupes UC et Les Républicains.)
Je ne sais pas si vous êtes amené à faire du bateau, monsieur le sénateur, pendant les vacances, par exemple, mais j'ai une conviction, malgré la question que vous avez posée : si un jour vous vous trouviez à côté d'un esquif en pleine mer, sur lequel des personnes étaient en danger de se noyer, je ne crois pas que vous les regarderiez les bras croisés en disant qu'il n'y a pas de place sur notre territoire. (Murmures sur des travées du groupe Les Républicains.) Vous viendriez évidemment les aider !
Eh bien, la France peut s'enorgueillir de faire ce travail que chaque citoyen ferait à sa place, je l'affirme. La non-assistance à personne en danger n'est pas dans l'ADN de la France, de la République et du pays des Lumières, monsieur le sénateur !
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes SER, RDSE et UC.)
Ne faites pas d'amalgame. La France conservera sur le territoire national un tiers des personnes qui pourront disposer du droit d'asile ou qui sont légitimes pour le demander. Toutes les mesures nécessaires à la surveillance et à la sécurité sanitaire ont été mises en place au port militaire de Toulon. Vous avez fait des généralisations, ce qui est assez grave après les élections que nous avons connues et au vu de la montée du populisme en Europe. Ce n'est pas ce qu'attendent de nous les Français. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI, GEST, SER, CRCE et RDSE, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et UC.)
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