M. Georges Patient attire l'attention de Mme la ministre de la transition énergétique sur la situation de la production d'électricité en Guyane qui devient chaque jour un peu plus critique. Toutes les communes sont touchées par des coupures intempestives plus ou moins longues, en plus des délestages programmés. Le taux de disponibilité électrique en Guyane, s'il est connu, doit être catastrophique. Plusieurs raisons à cela : la vétusté de certaines installations et le sous-dimensionnement du réseau et des moyens de production. Par exemple, la centrale thermique de Dégrad-des-cannes qui assure entre 30 % et 50 % de la production électrique du territoire selon les années n'est toujours pas remplacée alors que la dérogation lui permettant de continuer à fonctionner malgré des rejets non réglementaires expire fin 2023. Le chantier de sa remplaçante, la centrale du Larivot, à peine débuté est déjà à l'arrêt, faisant craindre le pire pour 2024. La situation n'est pas meilleure dans les communes enclavées et non reliées au réseau électrique. Elles possèdent leurs propres générateurs diesel qui pour beaucoup sont délabrés et nécessitent d'être remplacés. Ainsi la première semaine d'octobre 2022, Maripasoula a vu ses 4 générateurs tomber en panne quasi-simultanément plongeant la commune dans le noir pendant près de 72h. Il a fallu envoyer par pirogue des groupes électrogènes de secours. Pourtant sur la commune, il y a deux projets d'unité de production électrique à base d'énergie renouvelable (une centrale photovoltaïque, une centrale hydraulique au fil de l'eau) inscrits dans la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) de Guyane depuis 2017. Pour la centrale photovoltaïque, la commission de régulation de l'énergie (CRE) a rendu sa délibération le 29 juin 2022 près de deux ans après avoir été saisie. Elle devait être mise en service en 2021. Le sera-t-elle en 2023 ?
Aussi, il lui demande quelles mesures elle compte prendre pour accélérer le rythme de déploiement des nouveaux projets de production électrique sur le territoire de la Guyane afin de garantir son autonomie énergétique en électricité dès 2030 à partir d'une production 100 % renouvelable, telle que prévue par la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte mais surtout pour en finir au plus vite avec l'insécurité énergétique qui touche l'ensemble des Guyanais.
Mme la présidente. La parole est à M. Georges Patient, auteur de la question n° 213, transmise à M. le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires.
M. Georges Patient. Madame la ministre, la situation de la production d'électricité est très critique en Guyane. Le taux de disponibilité électrique, s'il est connu, est certainement catastrophique, car toutes les communes de Guyane, sans exception, sont confrontées à des coupures intempestives et trop souvent longues en plus des dépistages programmés.
Il y a plusieurs raisons à cela, dont la trop grande vétusté des installations, le sous-dimensionnement du réseau et des moyens de production et surtout les lenteurs administratives qui viennent freiner, voire bloquer, leur remplacement.
Je citerai deux cas concrets : au début du mois d'octobre, la commune de Maripasoula, déjà enclavée, a connu plusieurs jours de blackout total à la suite de la panne simultanée de ses quatre générateurs, ce qui a eu pour conséquences directes l'absence d'eau potable et de téléphone, ainsi que la fermeture des écoles.
Pourtant, concernant cette commune, deux projets d'unités de production électrique, inscrits dans la programmation pluriannuelle de l'énergie depuis 2017, devaient être mis en service en 2021 : le seront-ils en 2023 ?
Autre cas, la centrale thermique de Dégrad-des-Cannes qui assure 30 % à 40 % de la production électrique du territoire doit être remplacée de façon impérative, avant la fin de 2023, par la centrale du Larivot. Or le chantier de cette dernière a été mis à l'arrêt, car des recours ont été déposés. Les travaux devraient reprendre, mais à quelle date interviendra la mise en production et que se passera-t-il en 2024 ?
Madame la ministre, le président de la République a récemment affirmé à Saint-Nazaire sa volonté d'accélérer en allant deux fois plus vite dans le déploiement des énergies renouvelables. En Guyane, compte tenu du retard accumulé, le rythme devra être encore plus intense si l'on veut que ce territoire sorte définitivement d'une insécurité énergétique criante.
Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Bérangère Couillard, secrétaire d'État auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chargée de l'écologie. Monsieur le sénateur Patient, la production d'électricité en Guyane fait l'objet d'une attention toute particulière. L'État et la collectivité de Guyane ont acté le remplacement de la centrale de Dégrad-des-Cannes par une centrale située à Larivot, fonctionnant aux bioliquides. Les travaux de construction ont été arrêtés en raison de plusieurs contentieux.
Le 11 octobre 2022, à la suite de la décision de la cour administrative d'appel de Bordeaux de suspendre l'exécution de l'annulation du permis de construire, les ministres de la transition énergétique et des outre-mer ont demandé à EDF de reprendre les travaux pour une mise en service à la fin de 2026. Cela nécessite de prolonger l'activité de la centrale de Dégrad-des-Cannes jusqu'à cette date.
Pour l'instant, l'essentiel de la production est assuré par le barrage de Petit-Saut. La priorité est donnée aux installations de production basées sur le photovoltaïque et la biomasse. Bien que vieillissante, la centrale de Dégrad-des-Cannes tient l'équilibre entre l'offre et la demande au quotidien, malgré deux moteurs déclassés et deux autres en maintenance sur ses neuf moteurs. Des turbines à combustion assurent la production de secours.
La spatialisation actuelle des moyens de production impose, pour garantir une bonne résilience du système électrique, de développer des projets notamment dans l'ouest guyanais. Ce projet de centrale électrique de l'ouest guyanais (CEOG) a malheureusement pris du retard.
Dans les communes de l'intérieur, non interconnectées, la production est surtout assurée par des centrales thermiques vieillissantes, même si de nombreux projets de production décarbonée émergent, comme à Saint-Georges.
À Maripasoula, une série d'avaries a récemment touché plusieurs moteurs et fortement perturbé la fourniture d'électricité qui est redevenue nominale. Une centrale photovoltaïque devrait entrer en service en 2024 et les travaux sur le projet de barrage bientôt débuter.
Comme le prévoit le code de l'énergie, la programmation pluriannuelle de l'énergie, coélaborée par l'État et la communauté territoriale de Guyane, doit être révisée.
Des groupes de travail se sont réunis depuis le mois de mai dernier pour définir les grandes orientations. Pour ce qui est de l'autonomie énergétique en 2030, il convient de souligner que la production d'électricité sera quasiment entièrement renouvelable à cette échéance. Elle représente un peu plus du tiers de la consommation d'énergie finale en Guyane, contre 62 % pour les transports.
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