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Stéphane Le Rudulier
Question d'actualité au gouvernement N° 190 au Ministère de l'intérieur


Milices en France

Question soumise le 19 janvier 2023

M. le président. La parole est à M. Stéphane Le Rudulier, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Stéphane Le Rudulier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Depuis des semaines, plusieurs quartiers de Marseille, mais aussi d'autres métropoles, comme Nantes, sont victimes d'une véritable conquête de territoires par des trafiquants de drogue et par le crime organisé. Certains des habitants de ces quartiers se sont même mobilisés pour essayer d'empêcher l'installation du trafic et protéger leur famille en se relayant jour et nuit.

Comment en sommes-nous arrivés là, monsieur le ministre ? Comment des quartiers autrefois tranquilles ont-ils pu se transformer en moins d'une génération en « Chicago-sur-Rhône » ou en « Bronx-sur-Loire » ? Quand des citoyens en viennent à devoir se protéger par eux-mêmes, c'est le début d'une lente déconstruction du processus de civilisation.

L'État recule, les lois de la République s'effacent et la loi du plus fort s'impose à tous.

Ce que subissent les habitants de ces quartiers, c'est la conséquence à la fois de l'explosion de la délinquance des mineurs, de l'effondrement de la chaîne pénale, de la surpopulation carcérale, mais également de la banalisation de la drogue.

La drogue, justement : voilà le cœur du problème. Et seule la fermeté, seule une guerre menée sans relâche contre ce fléau pourra le régler définitivement ! Monsieur le ministre de l'intérieur, êtes-vous prêt à véritablement mener cette guerre ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

Réponse émise le 19 janvier 2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur le sénateur Le Rudulier, je peux être d'accord avec une partie de votre intervention. M. le ministre de la justice présentera dans quelques semaines, sous l'autorité de la Première ministre, un projet de loi qui répondra, me semble-t-il, aux questions que vous avez évoquées sur la chaîne pénale ou sur l'action de nos tribunaux.

Permettez-moi de revenir plus concrètement sur l'action du ministère de l'intérieur, notamment dans votre département.

Vous avez raison : depuis une génération, on observe une banalisation de la drogue. Les trafiquants, quels qu'ils soient – vous avez évoqué les mineurs, mais il ne s'agit pas uniquement de mineurs, comme vous le savez bien –, qui se nourrissent du trafic de drogue ont multiplié les points de deal en quête d'argent sale, de l'argent facile qui vient de la drogue, mettant en coupe réglée un certain nombre de quartiers.

Je ne peux cependant pas vous laisser dire que l'État baisse les bras, que son autorité n'est pas au rendez-vous ou que cette guerre n'est pas menée.

Je voudrais vous en donner pour exemple des chiffres très concrets, tirés de votre département ; je sais que vous les connaissez, comme vous êtes en lien avec la préfète de police des Bouches-du-Rhône. Le nombre de trafiquants arrêtés a augmenté de 90 % en un an. Le volume des saisies de cannabis dans votre département a doublé, de 2,8 tonnes à 5,7 tonnes. En outre, 300 policiers et gendarmes supplémentaires ont été affectés dans la ville de Marseille en un an et demi. Enfin, de 222 points de deal, ce qui est considérable, on est passé à 180, soit 42 points de deal en moins.

Toutefois, le fait qu'il demeure 180 points atteste qu'il reste encore énormément de trafic, y compris dans le quartier que vous avez évoqué. À ce propos, si la mobilisation des habitants a été forte pendant toute une semaine, celle de la police et de la gendarmerie l'est tout autant : désormais, une section de CRS est présente en continu dans ce quartier, 10 interpellations ont eu lieu et ce point de deal ne s'est pas installé dans ce quartier. Je voudrais d'ailleurs saluer votre engagement sur ce sujet, ainsi que celui de la députée Sabrina Agresti-Roubache.

Ce qui manque aussi à Marseille, comme vous le savez bien, ce sont des caméras de vidéoprotection. Vous avez cité des villes peu équipées en la matière. Nous assurons désormais 80 % du financement de ces caméras dans la cité phocéenne, dont le maire s'est engagé dans cette voie. J'espère que, tous ensemble, nous le convaincrons d'aller encore plus loin, parce que cinquante caméras par an, ce n'est pas encore assez.
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Stéphane Le Rudulier, pour la réplique.

M. Stéphane Le Rudulier. Monsieur le ministre, je ne doute pas de la sincérité de votre engagement dans ce combat, mais il faut clairement aller beaucoup plus loin.

Aller beaucoup plus loin, c'est construire des prisons pour rétablir la chaîne pénale.

Aller beaucoup plus loin, c'est condamner et incarcérer systématiquement les primodélinquants sur le chemin de la multirécidive.

Aller beaucoup plus loin, c'est également en finir avec l'excuse de minorité.

Aller beaucoup plus loin, c'est enfin, avant tout, enlever de l'esprit de certains consommateurs l'idée qu'acheter une barrette de cannabis, c'est comme acheter un tube de Doliprane !
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Exclamations ironiques sur les travées des groupes SER et GEST.)

M. Jérôme Durain. Ça fait cher le Doliprane !

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