M. le président. La parole est à M. Jean-Baptiste Blanc, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean-Baptiste Blanc. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Monsieur le ministre, « mangez des pommes », c'est fini ; nous l'avons bien compris !
Aujourd'hui, nos vergers de pommiers sont en danger, nos pomiculteurs sont à l'agonie, du fait de la hausse des coûts de production, principalement due à la crise énergétique, de la baisse des rendements et d'une permanente révision à la baisse des prix d'achat par les grossistes et les grandes surfaces ; nous assistons là à un véritable massacre à la tronçonneuse. Ce ne sont pas mes mots ; ce sont ceux que j'entends partout sur le terrain.
Un chiffre suffit pour illustrer l'impact économique de tels phénomènes sur la filière : le coût du stockage moyen connaît cette année une hausse de plus de 400 %.
Nos arboriculteurs ont aussi dû faire face, en 2022, à une quantité d'aléas climatiques : gel, épisodes de grêle, sécheresse historique… Ils sont en outre aujourd'hui acculés par la crise énergétique.
Voici un autre chiffre, monsieur le ministre, si vous me le permettez : aujourd'hui, la grande distribution achète le kilo de pommes à moins de 30 centimes alors que le prix de production est de 45 centimes ; en toute logique, il faudrait en recevoir au minimum 50 centimes ! Le bon prix, ce n'est pas le prix bas : le bon prix, c'est le juste prix, celui qui va permettre à nos producteurs de pommes de vivre dignement de leur métier.
M. le ministre de l'agriculture vient d'annoncer son plan de souveraineté pour la filière fruits et légumes. Il serait inconcevable de ne pas réagir, avec responsabilité et pragmatisme, vis-à-vis de nos producteurs agricoles et, en particulier, de nos producteurs de pommes.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement.
M. Olivier Véran, ministre délégué auprès de la Première ministre, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur Jean-Baptiste Blanc, je vous prie d'excuser l'absence de Marc Fesneau, qui rencontre justement des pomiculteurs au salon de l'Association nationale pommes poires, à Angers.
Je comprends la situation que vous décrivez, monsieur le sénateur. Nous sommes d'ailleurs à pied d'œuvre, car nous sommes conscients des difficultés, depuis la hausse des coûts de production et les difficultés rencontrées dans les négociations commerciales jusqu'au manque de main-d'œuvre, ou encore à la concurrence de certains pays comme la Pologne.
Nous comprenons donc la première demande des producteurs, à savoir l'augmentation de 20 centimes du prix du kilo de pommes dans les grandes surfaces. C'est une question essentielle pour leur trésorerie, pour leur capacité à produire. C'est bien tout l'enjeu de la loi Égalim 2. Mais celle-ci, comme vous le savez, ne couvre pas les fruits et légumes, à la demande de leurs producteurs d'ailleurs. Nous regrettons cette lacune. Il faut sans doute se poser la question et y travailler.
En effet, pour protéger la rémunération des agriculteurs, il faut que des contrats soient conclus dans le cadre de cette loi, mais il faut aussi assumer un discours clair devant les Français. Le bon prix, ce n'est pas le prix le plus bas : c'est le prix juste, celui qui permet de rémunérer le producteur.
Celui-ci aime ses fruits. Je crois que c'est Félix Leclerc qui chantait : « Chaque pomme est une fleur qui a connu l'amour. » (Exclamations amusées sur de nombreuses travées.) Il nous faut donc valoriser ces fruits !
Le deuxième sujet de préoccupation des producteurs de pommes est le retrait du marché des produits phytosanitaires et les difficultés qu'ils rencontrent dans leur lutte contre les pucerons – c'est un peu moins romantique ! – ; ou encore le développement de maladies liées à des champignons.
Là aussi, il faut assumer un discours clair. Il faut mener les transitions en cours et anticiper celles qui sont encore à venir, et ce dans un double objectif : protéger nos cultures et répondre aux enjeux environnementaux et de santé publique, ainsi qu'aux attentes sociales. Produire, oui, mais produire mieux : c'est tout le sens de la planification souhaitée par Mme la Première ministre.
Ce sont des transitions que nous devons mener à l'échelle européenne, afin qu'elles ne pénalisent pas les producteurs français. Il convient aussi d'accompagner la filière en développant la recherche d'alternatives, afin de ne pas laisser les producteurs sans solutions techniques. C'est l'un des objectifs du plan de souveraineté pour la filière fruits et légumes qui est en train d'être construit avec les acteurs, sous l'égide de mon éminent collègue Marc Fesneau.
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