M. le président. La parole est à Mme Monique de Marco, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires.
(Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – Mme Esther Benbassa applaudit également.)
Mme Monique de Marco. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
Avez-vous entendu parler du robot ChatGPT ? Ce fameux logiciel d'intelligence artificielle suscite de vives réactions et de nombreuses dérives. J'ai d'ailleurs testé ce robot pour cette question.
(Sourires.)
L'intelligence artificielle peut être un formidable outil si elle est correctement utilisée. Et quoi de mieux que des cours de technologie dès la classe de sixième pour former nos enfants à ces nouvelles technologies ?
Pourtant, vous ne semblez pas être du même avis, monsieur le ministre, puisque, le 12 janvier dernier, vous avez annoncé, par voie de presse, la suppression de la technologie en sixième, au collège.
Cette annonce brutale a été un coup de tonnerre pour la communauté enseignante. Cette décision verticale n'a été ni présentée, ni discutée, ni concertée. Elle traduit une méconnaissance totale des enjeux du XXIe siècle. En effet, pour réussir la transition écologique qui s'impose à nous, la France a de plus en plus besoin d'une jeunesse ouverte aux sciences et aux technologies.
Les méthodes d'apprentissage, propres aux disciplines expérimentales, développent l'esprit critique, stimulent la créativité et contribuent à la lutte contre le décrochage scolaire.
Cette suppression serait guidée par des choix budgétaires, sans aucune considération pédagogique. Vous souhaitez renforcer l'accompagnement des élèves en mathématiques et en français, mais sans investir dans l'école de la République.
Puisque vous n'avez pas fait de concertation, et afin de susciter votre intérêt pour cette matière, j'ai donc choisi d'interroger ChatGPT pour formuler ma question.
Voici sa réponse : « Le Gouvernement peut-il détailler les motivations et les conséquences prévues de la suppression de la technologie en sixième ? Comment cela impactera les compétences futures des jeunes dans un monde de plus en plus numérique ? »
M. Bernard Jomier. Excellent !
Mme Monique de Marco. L'être humain que je suis souhaite ajouter les questions suivantes : quel calendrier s'agissant d'une information officielle et cadrée est-il prévu ? Qui assurera réellement le soutien annoncé en français et en mathématique et dans quelles conditions ? Quel avenir pour la technologie ?
(Applaudissements sur les travées des groupes GEST et SER. – Mmes Esther Benbassa, Laurence Cohen et Marie-Noëlle Lienemann applaudissent également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
M. Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice de Marco, je n'ai pas besoin de l'intelligence artificielle pour vous répondre.
(Murmures ironiques sur des travées des groupes GEST et SER.)
L'école de la République ne peut laisser de côté entre un quart et un tiers des élèves de sixième qui ont des difficultés, possiblement insurmontables, en français et en mathématiques. Comme je l'ai annoncé, lors de la rentrée 2023, des sessions de soutien ou d'approfondissement auront lieu dans ces deux disciplines fondamentales et seront mises en place pour les élèves de sixième.
Pour assurer ces sessions, sans alourdir les horaires de classe des élèves de sixième, nous allons concentrer l'enseignement de technologie sur les classes de cinquième, de quatrième et de troisième.
Dans ce cadre, la technologie sera confortée, madame la sénatrice. Je suis donc très clair : il n'y a ni suppression de la technologie au collège ni relégation de cette discipline.
Au contraire, nous devons faire en sorte que cette discipline soit revalorisée, afin qu'elle suscite des vocations pour le numérique, pour les sciences de l'ingénieur et pour la voie professionnelle et qu'elle participe à l'équilibre entre filles et garçons.
Concernant les professeurs de technologie, leurs situations personnelles seront préservées et ils bénéficieront, en vue de l'adaptation des programmes de cinquième, de quatrième et de troisième, d'une formation que je souhaite diplômante pour l'année 2023-2024.
Tout cela est actuellement discuté avec les associations de professeurs de technologie. C'est à ces conditions que nous allons améliorer le niveau de nos élèves, et c'est aussi à cette condition que la technologie verra sa place confortée au collège. Car telle est bien mon intention. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mme Colette Mélot applaudit également.)
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