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Gilbert Favreau
Question d'actualité au gouvernement N° 324 au Ministère de l'intérieur


Situation à Sainte-Soline

Question soumise le 30 mars 2023

M. le président. La parole est à M. Gilbert Favreau, pour le groupe Les Républicains.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Pierre Louault applaudit également.)

M. Gilbert Favreau. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, ce qui vient de se passer autour de la retenue d'eau de Sainte-Soline dans mon département des Deux-Sèvres a bouleversé la France entière. Sainte-Soline, ce sont 357 habitants qui viennent de vivre en moins de six mois un second état de siège.

Je tiens à dire à ces 357 habitants toute ma compassion et mon total soutien, ainsi qu'aux agriculteurs et aux gendarmes.

À quoi avons-nous tous assisté samedi dernier sur nos écrans de télévision ? Certainement pas à une manifestation ordinaire, d'ailleurs interdite par la préfète du département.

Nous avons vu des centaines de casseurs armés, organisés, rompus à l'exercice et déterminés à faire reculer l'État en « cassant du gendarme », avec un bilan redoutable : des dizaines de blessés chez les gendarmes et les manifestants. De plus, ils avaient le soutien d'élus de la République qui se trouvaient sur le terrain, ce qui est intolérable !
(Marques d'approbation sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Cécile Cukierman proteste.)

M. Philippe Mouiller. Ils déshonorent la République !

M. Gilbert Favreau. Monsieur le ministre, comment en sommes-nous arrivés là ? Comment expliquez-vous qu'en France, en 2023, on puisse être confronté à une telle violence à intervalles réguliers ?

Le sujet n'est plus celui de l'eau et pas davantage celui de l'agriculture. Le sujet, c'est l'autorité de l'État.

Monsieur le ministre, alors que l'extrême violence semble habituelle dans ces rassemblements, qu'entendez-vous faire pour restaurer l'autorité de l'État et mettre un terme à l'activisme des casseurs qui sévissent dans les manifestations ?
(Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC, INDEP et RDSE.)

Réponse émise le 30 mars 2023

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur le sénateur, je crois que Mme la Première ministre a déjà en partie répondu à votre question.

Avec vous, je veux dire évidemment tout mon soutien aux habitants de votre département, singulièrement à ceux de Sainte-Soline, mais également aux agriculteurs. En effet, qu'ont fait l'État et les gendarmes, dont plus de cent ont été blessées, parfois très gravement, pendant deux week-ends consécutifs d'affrontements, sinon protéger les agriculteurs et leur outil de travail ?

Les gendarmes protègent en effet les agriculteurs non seulement dans les Deux-Sèvres, mais aussi partout en France, car ils font parfois l'objet de menaces, d'intimidations ou d'insultes, de la part de gens qui utilisent la violence verbale et physique pour arriver à leurs fins politiques.

Monsieur le sénateur, le ministre de l'intérieur applique le droit et la loi de la République. Il n'a pas la possibilité d'interpeller avant que des faits ne soient commis, y compris lorsque les personnes concernées sont connues des services de renseignement. Je voudrais rappeler d'ailleurs ici que la proposition de loi de M. Retailleau, reprise par mon prédécesseur, a été censurée en partie par le Conseil constitutionnel.

M. Marc-Philippe Daubresse. Eh oui, c'est bien dommage !

M. Gérald Darmanin, ministre. Je constate d'ailleurs que, lorsque le ministre de l'intérieur fait procéder à des interpellations, il est lui-même critiqué. Mais c'est un autre débat, et mieux vaut critiquer le ministre de l'intérieur que de vomir sur les policiers et les gendarmes, comme l'a fait une partie de la gauche et de l'extrême gauche ces derniers jours !

Ensuite, il faut des drones pour avoir des images. Que s'est-il passé à Sainte-Soline ? Les casseurs ont fait voler des drones pour étudier le dispositif des gendarmes,…

M. Thomas Dossus. C'étaient des journalistes !

M. Gérald Darmanin, ministre. … alors que les forces de l'ordre n'ont pu en faire autant, car vous leur avez refusé, mesdames, messieurs les sénateurs, l'usage des drones.

M. Marc-Philippe Daubresse. Pas nous !

M. Gérald Darmanin, ministre. Ils sont donc les seuls à ne pas pouvoir en faire voler ! (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC, RDPI et INDEP.) Alors, oui, il faut en tirer toutes les conclusions.

Je veux souligner le travail de nos courageux gendarmes : il n'y a pas eu de ZAD (zone à défendre) à Sainte-Soline pendant les deux week-ends d'affrontement : c'est aussi cela, l'autorité de l'État !
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. Bruno Sido. Bravo !

M. le président. La parole est à M. Gilbert Favreau, pour la réplique.

M. Gilbert Favreau. Monsieur le ministre, je prends bonne note de vos explications, mais je crois que nous sommes dans une ère nouvelle, qui a commencé par la reculade de l'État à Notre-Dame-des-Landes.
(Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. François Bonhomme. Eh oui !

M. Gilbert Favreau. Cette reculade a sapé l'autorité de l'État et ne cesse d'inspirer les casseurs d'extrême gauche, qui saisissent maintenant toutes les occasions pour tenter d'instaurer un État de non-droit dans notre pays. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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