M. le président. La parole est à M. Jean Hingray, pour le groupe Union Centriste.
(Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. Jean Hingray. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Depuis le début du mouvement social hostile à la réforme des retraites, des dizaines d'universités et de lycées ont été paralysés. Même la faculté d'Assas, pourtant réputée la plus conservatrice de France, a été bloquée, et cela pour la première fois de son histoire.
M. Jacques Fernique. Tout de même !
M. Jean Hingray. Votre gouvernement aura incontestablement réussi quelque chose avec cette douloureuse réforme : faire pâlir d'envie Dany le rouge !
(Mme Esther Benbassa s'exclame.)
La grève, le blocage et la manifestation sont presque devenus des rites initiatiques dans notre pays. Chaque génération veut sa grande mobilisation. Chaque génération veut son mai 1968.
(Sourires sur les travées des groupes UC et Les Républicains.)
Cependant, derrière ces manifestations se cachent la précarité et le mal-être des étudiants. C'est pourquoi, madame la ministre, mes interrogations sont multiples.
Que comptez-vous faire pour empêcher une minorité de bloquer la majorité ? Que comptez-vous faire pour que les examens se déroulent dans de bonnes conditions ? Que comptez-vous faire pour les étudiants qui attendent des mesures concrètes, afin d'améliorer leur quotidien ?
(Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur Jean Hingray, effectivement, une partie des universités sont bloquées aujourd'hui. Cela concerne quelques dizaines d'établissements sur les deux cents universités et écoles que compte notre pays. Certains campus sont plus touchés que d'autres, au-delà des jours de manifestation nationale.
L'université est un lieu d'émancipation et d'échanges, mais aussi de confrontation des idées. Si les jeunes n'exprimaient pas leurs idées, je pense que l'on craindrait pour notre démocratie.
Pour autant, le blocage, même temporaire, qui empêche les étudiants d'accéder à leurs salles d'étude, n'est pas acceptable. Il faut savoir, d'ailleurs, que cette pratique n'est pas du seul fait des étudiants. Et je salue au passage la gestion de ces blocages par les recteurs, les préfets et les présidents d'université.
J'en viens plus précisément à vos différentes questions. Vous avez raison, les étudiants discutent de bien des choses, et leurs revendications portent en particulier sur la précarité et leurs conditions d'étude.
C'est l'occasion pour moi de vous annoncer que, au terme des concertations que nous menons depuis le 7 octobre, aux niveaux national et territorial, avec l'ensemble des acteurs, le Gouvernement, suivant la feuille de route du Président de la République, a décidé de débloquer un demi-milliard d'euros pour répondre aux problématiques de la vie étudiante, notamment la gestion des bourses, dès la rentrée de 2023, mais aussi la pérennisation du repas à un euro pour tous les boursiers et tous les étudiants précaires. D'autres mesures intéresseront encore la vie étudiante.
Le Gouvernement, sous l'autorité de Mme la Première ministre, travaille pour offrir de bonnes conditions d'étude à tous nos étudiants, et cela dès la rentrée de 2023. Ces mesures ont un caractère historique, avec une augmentation d'environ 20 % des bourses et une amélioration notable des conditions de vie de nos étudiants.
(Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Jean Hingray, pour la réplique.
M. Jean Hingray. Madame la ministre, je pense que cette annonce réjouira toutes les travées du Sénat, puisque nous demandons l'augmentation des bourses depuis longtemps.
Dans une semaine, je défendrai, avec mon collègue et ami Pierre-Antoine Levi, une proposition de loi sur les repas étudiants à tarif modéré dans les zones rurales, les zones de montagne et les petites villes.
Nous espérons que notre dispositif de conventionnement avec les centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) pourra être intégré dans ces 500 millions d'euros. En tout cas, madame la ministre, nous sommes très heureux de ces annonces qui, je l'espère, contribueront à atténuer la précarité et le mal-être étudiant. Même si l'on peut toujours espérer plus, il faut se réjouir aujourd'hui de cette bonne nouvelle. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
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