Interventions sur "jouet"

19 interventions trouvées.

Photo de Roland CourteauRoland Courteau, co-rapporteur :

Lors de notre première série d'auditions, Mona Zegaï et Astrid Leray nous ont démontré l'accentuation de la segmentation du marché du jouet en fonction du sexe de l'enfant, notamment à partir des années 1980-1990. Le marketing y a beaucoup contribué, dans le cadre d'un marché mondialisé ; la généralisation des licences, aussi. Les grandes enseignes des distributeurs de jouets ont-elles conscience du rôle que jouent leurs produits dans la construction identitaire de l'enfant ? Les équipes prennent-elles en compte cette dimension, nota...

Photo de Roland CourteauRoland Courteau, co-rapporteur :

Lorsqu'elles mettent en place l'aménagement intérieur ou extérieur d'un magasin, souvent organisé autour d'un rayon pour les garçons et d'un autre pour les filles, les grandes enseignes de distribution prennent-elles en compte l'influence des jouets dans la construction identitaire de l'enfant ?

Photo de Roland CourteauRoland Courteau, co-rapporteur :

Vous avez dit que les fabricants de jouets français tenaient 6 % du marché. Pouvez-vous nous citer quelques marques françaises ?

Photo de Roland CourteauRoland Courteau, co-rapporteur :

Seule l'éducation pourra faire évoluer les mentalités. On ne peut pas imposer un jouet à son enfant, mais on peut l'éduquer pour qu'il ait un comportement différent.

Photo de Roland CourteauRoland Courteau, co-rapporteur :

Merci à nos invités d'avoir répondu positivement à notre invitation. Vous avez apporté des réponses aux questions que nous nous posions et que je rappellerai si vous le permettez. Peut-être souhaiterez-vous, ensuite, compléter vos propos. Lors de notre première table ronde, Mona Zegaï et Astrid Leray ont démontré l'accentuation de la différenciation sexuée des articles de jouets. Pour elles, le tournant a eu lieu dans les années 1980 et 1990. Partagez-vous ce constat ? L'affirmation selon laquelle il n'y aurait pas de jouet « genré », mais une scénarisation des jouets en fonction du sexe des enfants auxquels ils sont destinés, vous paraît-elle juste ? Selon vous, quelles conséquences cette différenciation peut-elle avoir sur le développement de l'enfant ? Enfin, quel...

Photo de Corinne BouchouxCorinne Bouchoux :

...n 1946 et dans le Préambule de la Constitution de 1958, l'important est l'enjeu républicain d'une société égalitaire. Je m'interroge d'ailleurs sur le lien entre l'insistance des laboratoires américains à tout expliquer par la génétique et le lobby pharmaceutique, dont les enjeux sont très éloignés de notre débat. Permettez-moi d'en rappeler les termes : comment faire en sorte que les jeux et les jouets ne renforcent pas les stéréotypes existants ? Si le détour par la recherche américaine est très éclairant sur certains points, il me semble que pour notre instance, la cause importe peu, seuls les effets comptent. Ils ont été exposés dans les deux premières interventions. L'enjeu pour une démocratie est de construire des égaux sociaux. Ayant élevé un garçon et une fille ayant aujourd'hui 34 et ...

Photo de Nicole BonnefoyNicole Bonnefoy :

Nous percevons bien le poids de l'industrie du jouet et de la publicité, qui cultivent, entretiennent, voire renforcent, les stéréotypes. Vous avez rappelé que des familles sont moins préparées que d'autres à lutter contre cet état de fait. Que pouvons-nous faire et à quel niveau agir ? L'école doit-elle intervenir ? Plus généralement, comment mieux armer les parents pour lutter contre cette situation ?

Photo de Françoise LabordeFrançoise Laborde :

Je partage le constat de Corinne Bouchoux sur l'évolution des jouets en dix ans. Comme vous l'indiquiez, Brigitte Grésy, l'idée n'est pas de se retenir systématiquement d'acheter du rose ou du bleu, mais de prêter attention aux stéréotypes que peuvent véhiculer nos actes d'achat. Une nièce, actuellement enceinte, m'a dit récemment qu'elle était contente que ce ne soit pas une fille : « Que ferais-je de tous les cadeaux roses qu'on m'offrirait ? ». Je lui ai répon...

Photo de Corinne BouchouxCorinne Bouchoux :

...ns un certain nombre d'écoles en milieu rural, des animateurs et animatrices montent des ateliers, avec les enfants, visant à déconstruire les stéréotypes en vue des cadeaux de Noël. On constate, dans ces ateliers, les différences importantes d'approche des stéréotypes entre les milieux sociaux. Dans les milieux favorisés, les parents sont plus à même de négocier avec leurs enfants concernant les jouets « genrés », tandis que dans les milieux populaires, où l'argent est plus rare, les parents sont beaucoup moins dans la négociation et davantage motivés par l'envie de faire plaisir. Que pensez-vous de cette piste des TAP pour envisager des activités ludiques visant à déconstruire les stéréotypes ?

Photo de Roland CourteauRoland Courteau, co-rapporteur :

Quelques préconisations rejoignent celles que nous avions faites au sujet des manuels scolaires : le label, la formation, les commandes publiques. Un palmarès des fabricants me semble difficile à mettre en place, mais le label est une excellente proposition et je vous en remercie. Après 1990, en France et aux États-Unis, les jouets ont été sexuellement différenciés, ainsi que certains livres. Quel a été le facteur déclenchant de cette évolution, en plus des licences ? Ce phénomène semblait en effet moins marqué avant 1990. Il existe une réelle volonté au Parlement d'accroître l'égalité entre femmes et hommes. Toutefois, les stéréotypes sexistes se développent parallèlement dans les jouets et les manuels scolaires. Le mond...

Photo de Corinne BouchouxCorinne Bouchoux :

J'ai élevé deux enfants à dix ans d'écart, et j'ai conservé les catalogues de jouets de cette époque. Je n'avais pas pris la mesure de la rupture qui s'est produite alors qu'il existe une illusion d'égalité dans la société. Vos exposés nous ont fait prendre conscience de cela. Mon département, le Maine-et-Loire, est assez rural. J'ai fait la tournée des écoles pour observer les temps d'activités périscolaires (TAP) et j'ai constaté que, dans de petites communes à faibles moyens...

Photo de Maryvonne BlondinMaryvonne Blondin :

Mes propos rejoindront ceux de Mme Corinne Bouchoux. À vous entendre, j'ai cru revenir des dizaines d'années en arrière. Dans les années 1970, quand mes enfants sont nés, ces codes couleur n'existaient plus : le jaune, par exemple était une couleur assez répandue. Je n'avais pas mesuré cette fracture qui s'est opérée dans les années 1990. J'ai regardé les jouets et livres de mes enfants et j'ai constaté que mon fils jouait plus avec des poupées que ma fille. Je suis donc très surprise de ce que vous dites. Les recherches scientifiques iront-elles jusqu'à la recherche sur les zones actives du cerveau des filles et des garçons ? On prétend qu'ils sont différents et que les connexions se font autrement. L'éducation populaire et les « maisons pour tous » ...

Photo de Brigitte Gonthier-MaurinBrigitte Gonthier-Maurin :

Cet exposé est extrêmement enrichissant pour nous. Je suis sensible à l'idée de privilégier la formation des professionnels que vous avez évoquée, notamment dans les ESPE. C'est un aspect décisif de la lutte pour l'égalité, que nous avons mis en avant à la délégation dans le cadre d'autres travaux. Avez-vous une idée de la place des femmes en tant que créatrices de jouets ? Comment sont-elles impliquées dans les politiques de choix par les fabricants ? Des femmes qui repéreraient des stéréotypes pourraient intervenir. Nous sommes en effet tous porteurs de stéréotypes. Un travail sur les politiques de fabrication des jouets et jeux serait opportun. Nous savons certes que les femmes n'accèdent pas aux postes de responsabilité, bien qu'elles soient présentes dans le...

Photo de Christiane KammermannChristiane Kammermann :

Je suis pour la féminité, tout en étant pour l'égalité pour certaines choses. Vous évoquiez les vendeurs qui demandaient aux parents le sexe de l'enfant pour orienter leur choix de jouets. Je trouve cette réaction normale. En effet, parmi mes cinq enfants, les filles se tournaient spontanément vers les poupées, et les garçons vers les vélos ou les armes. Je l'ai observé. Nous avons vécu au Liban au moment de la guerre et mes garçons voulaient des armes, ce que nous, leurs parents, nous leur refusions, compte tenu de l'environnement. Nous leur en avons cependant achetées, ce qui a...

Photo de Roland CourteauRoland Courteau, co-rapporteur :

On retrouve les stéréotypes sexistes dans le marketing, les catalogues, la disposition de rayons jouets ciblés « filles » ou « garçons ». Selon certaines études, seulement 35 % des jouets, jeux et catalogues ne seraient pas « genrés ». Il nous a été dit que 66 % des jouets étaient « genrés » pour des raisons économiques, soit le contraire de ce que vous affirmez. Les fabricants sont-ils conscients que les stéréotypes enferment les enfants dans des champs de possibles restreints, ce qui aura des c...

Photo de Maryvonne BlondinMaryvonne Blondin :

Vous avez évoqué trois critères de choix, notamment l'adéquation à l'âge de l'enfant. Ne croyez-vous pas qu'un parent n'indique pas également le sexe de l'enfant lorsqu'il cherche un jouet en magasin ?

Photo de Maryvonne BlondinMaryvonne Blondin :

Quelle est la proportion de femmes travaillant dans les laboratoires de recherche des fabricants pour la conception de jouets ?

Photo de Corinne BouchouxCorinne Bouchoux :

...ent certes d'apprendre les règles, mais vous avez également dit qu'ils permettaient de déterminer les perdants et les gagnants. Nous baignons dans un espace idéologique où l'apprentissage est plus valorisé que la coopération. Il s'agit donc de l'inculcation d'un modèle. Ma ville est jumelée avec Bamako, ville avec laquelle nous avons un partenariat sur plusieurs thématiques, dont les jeux et les jouets, qui implique des échanges de pratiques sur les jeux et jouets. Avec la pénurie qui règne à Bamako, il n'existe pas de répartition des jouets entre filles et garçons. La pratique du recyclage des jeux à construire par les enfants permettraient en outre de valoriser les valeurs de coopération et de construction, ce que votre fédération pourrait favoriser. Les enfants sont en effet demandeurs de c...