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Notre président Jean Bizet, notre collègue Claude Kern et moi-même, nous sommes rendus en Serbie puis au Monténégro à la fin du mois de mai, afin de faire le point sur ces deux pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne. Nous avions souhaité nous rendre dans la région quelques jours après le sommet Union européenne-Balkans occidentaux tenu à Sofia le 17 mai. Si ce sommet n'a rien annoncé de nouveau concernant les processus d'adhésion, nos interlocuteurs avaient tous en tête la nouvelle date d'entrée éventuelle dans l'Union évoquée depuis la stratégie pour les Balkans de la Commission europé...
Après Belgrade, nous nous sommes rendus avec Simon Sutour, à Podgorica, capitale du Monténégro. Petit pays de seulement 600 000 habitants, cette ancienne province serbe est devenue indépendante en 2006. Le Monténégro nous offre deux visages. D'un côté, c'est un peu le premier de la classe de la région. C'est le pays le plus avancé dans le processus d'adhésion à l'Union européenne ; il a adopté unilatéralement l'euro comme monnaie nationale, et il est désormais membre de l'OTAN. L'ensemble des nationalités y coexistent pacifiquement, au point que ce petit État peut jouer un rôle de médiateur et de facilitateur dans la région où toutes les plaies liées à la dislocation de la Yougoslavie ne sont pas encore pansées. Pays ouvert et tourné vers l'ouest, le ...
...mps habité en Europe centrale. Dans les années 1990 s'est instauré un décalage entre la volonté d'adhérer rapidement à l'Union européenne et la réalité. L'Union a nourri la fatigue plutôt que de profiter de cet enthousiasme. Les pays ayant adhéré à l'Union ont été longtemps dans une situation transitoire, différente de celle des « vieux » pays de l'Union. Soyons très précis et volontaristes sur l'adhésion et très stricts sur les exigences minimales à atteindre. Comme nous ne voulons pas leur donner de date, nous faisons des reproches, et c'est contreproductif. Je veux tout de même rappeler que le Président Milo Djukanoviæ est au pouvoir depuis la création de l'État du Monténégro.
Il n'est pas connu pour être un parangon de transparence. Le Monténégro a des responsabilités dans plusieurs trafics. Ce n'est pas parce qu'ils ont été corrects en 1999 qu'il faut taire ces sujets. Pour ce qui concerne la Serbie, c'est un peu pareil. Le problème du Kosovo devra être résolu. J'imagine que nombre de vos interlocuteurs vous ont demandé de ne pas prendre en otage la négociation d'adhésion en utilisant le thème du Kosovo. C'est le cas des membres de la majorité parce qu'ils veulent parler d'autre chose, ou font semblant de le vouloir. C'est vrai aussi pour les élus d'opposition parce qu'ils savent que tant que l'on parle du Kosovo, on n'évoque pas les choses qui fâchent. Lorsque l'on demande au président serbe, qui vient d'un parti nationaliste, de faire des efforts sur le Kosovo,...
Oui, il ne faut pas désespérer ces pays sur la question de leur adhésion à l'Union européenne. J'aurai toutefois une question : le contexte budgétaire européen permet-il cette adhésion ? Si oui, dans quelles conditions et avec quelles conséquences pour nous ?
...nion européenne 500 millions, Grande-Bretagne comprise. La Fédération de Russie, l'Inde, la Chine, de grands pays émergents comme le Brésil ou le Nigéria : les alternatives à l'Europe sont nombreuses ! Nous nous prenons pour une aristocratie. L'un de nos collègues avait dit, à propos des accords d'association avec l'Union, que « beaucoup frappaient à la porte ». C'est réciproque ! Un processus d'adhésion ne se limite pas à des personnes qui frappent à la porte et à d'autres qui l'ouvrent... Il faut faire preuve de lucidité quant aux difficultés de ces pays, mais tout est relatif. Nous donnons des leçons au Monténégro et à la Serbie sur la corruption ; dans le même temps, un grand pays de l'Union européenne, l'Espagne, vient de perdre son président du gouvernement, Mariano Rajoy, parce que son pa...
...du statut de pays candidat, de la situation compliquée dans les Balkans, en Bosnie-Herzégovine en particulier, et des relations footballistiques passionnelles, l'Albanie ne risque pas d'être l'otage d'une situation régionale qui n'est pas encore stabilisée. Je constate également des relations qui se tendent entre l'Albanie et la Turquie et je m'interroge sur leurs répercussions sur le processus d'adhésion.
L'élargissement met constamment en lumière le décalage entre la lourdeur des procédures d'adhésion, leur technicité et leur longueur et l'absence de réelle formation des cadres des pays qui sont censés adapter l'acquis communautaire. L'Union européenne devrait participer à la formation des élites locales ! Vous concluez sur l'absence de tradition démocratique au Monténégro. Je remarque que ce constat s'applique à la plupart des pays d'Europe de l'Est. Le même modèle semble se reproduire : à l'...
Comme vous l'avez dit dans le rapport, l'adhésion est in fine logique dès lors que le Monténégro satisfait à tous les critères. Je suis tout de même étonnée par l'utilisation depuis 2002 de l'euro comme monnaie ! Le parallèle avec les micro-États comme Andorre ne me semble pas opportun tant leurs situations diffèrent de celle du Monténégro.
Je suis assez gêné devant ces micro-États appelés à intégrer l'Union européenne. Micro-États en raison de leur population : 620 000 habitants c'est la moitié de la population de la communauté urbaine de Lille, par leur superficie, ou par leur budget. Le PIB monténégrin équivaut au tiers de l'amende qui vient d'être infligée au groupe BNP Paribas ! L'adhésion risque in fine de déséquilibrer un système déjà fragile.
Regardons près de nous le Luxembourg pour voir que la taille d'un pays importe peu ! Je vois plutôt d'un bon oeil l'adhésion de ces États à l'Union européenne. N'oublions pas que les négociations d'adhésion permettent de tirer vers le haut ces pays, en les poussant à se mettre en conformité avec les procédures et les usages au sein de l'Union européenne. J'espère que cela sera notamment le cas pour prévenir les phénomènes de corruption constatés dans ce pays. J'ai rencontré récemment des parlementaires monténégrins dan...
J'ai peu à ajouter. Nous avons senti une réelle volonté d'adhérer à l'Union, une forte motivation, alors même que l'adhésion demandera des évolutions très profondes, notamment pour ce qui concerne l'énorme secteur public. La réforme judiciaire est un point essentiel. Nous avons vu le cas de magistrats démis dans des conditions anormales, qui ont dû attendre un an pour que leur réintégration soit acceptée. Mais je conviens que notre but doit être d'aider à aller dans le bon sens, non d'utiliser les insuffisances pour re...
J'ai été frappé qu'aucune force politique ne soit opposée à l'adhésion. On ne voit pas de différence entre majorité et opposition. La position prise par le Sénat a été appréciée. La Serbie reste un grand pays des Balkans, zone qui reste encore à stabiliser comme le montre l'ampleur de la mission de l'Union européenne en Bosnie-Herzégovine. Je m'étonne de voir que l'Allemagne semble plus favorable à l'adhésion du Monténégro qu'à celle de la Serbie.
La Serbie est un pays foncièrement européen : c'est l'Histoire qui explique qu'elle ne soit pas aujourd'hui membre de l'Union. Il faut prendre la juste mesure des obstacles à l'adhésion. Sur le Kosovo, des progrès ont été faits, et la volonté de trouver un compromis est indéniable même si la situation n'est pas mûre pour une reconnaissance. Le problème n'est pas insoluble, car la volonté d'adhérer à l'Union sera la plus forte. Sur la situation économique, il faut admettre qu'il y a beaucoup à faire pour obtenir un redémarrage. C'est une raison pour ouvrir les négociations le plu...
...s serbes engagées dans le combat pour la démocratie à qui j'ai exprimé mes interrogations sur ce revirement des formations nationalistes en faveur de l'Union européenne. L'explication qui m'a été donnée nous renvoie vers les tycoons, ces oligarques dont parlait le président dans sa communication. Ceux-ci sont entourés de conseillers chinois ou russes qui mesurent l'atout que pourrait constituer l'adhésion de la Serbie à l'Union européenne. Le pays serait alors une porte d'entrée en Europe pour les intérêts économiques chinois ou russes. Il s'agit d'une interprétation possible. Elle ne saurait bien sûr être la seule raison. Quoi qu'il en soit la réconciliation entre les peuples de cette région est indispensable et aussi importante qu'a pu l'être la réconciliation franco-allemande. Elle est dans l...
Je suis favorable à cette proposition de résolution. L'élargissement à la Serbie est logique. Il reste néanmoins aux autorités serbes un long chemin à parcourir afin de respecter tous les critères d'adhésion. Il n'est, par ailleurs, pas possible que les autres pays issus de l'ex-Yougoslavie restent à la porte de l'Union européenne après l'adhésion de la Slovénie et de la Croatie.
Si je salue l'ouverture des négociations d'adhésion, je constate également que chaque intégration complique un peu plus la tâche de l'Union européenne qui ne s'est pas totalement dotée d'un mode de gouvernance adapté. Je m'interroge également sur le Kosovo, quelle est sa position vis-à-vis de l'Union européenne ?
L'ouverture des négociations d'adhésion va évidemment dans le bon sens. J'aurais préféré cependant qu'on traite la question des Balkans de façon globale de manière à éviter ces entrées successives.
...s du Conseil européen du 9 décembre 2011, Vu les conclusions du Conseil européen des 1er et 2 mars 2012, Vu le rapport de suivi concernant la Serbie de la Commission européenne du 10 octobre 2012, Vu le rapport conjoint de la Commission européenne au Parlement européen et au Conseil sur les progrès accomplis par la Serbie pour atteindre le niveau nécessaire de conformité avec les critères d'adhésion, et notamment la priorité essentielle d'une amélioration visible et durable de ses relations avec le Kosovo du 22 avril 2013, Vu les conclusions du Conseil européen des 27 et 28 juin 2013, Constate que la Serbie a, conformément aux recommandations du Conseil européen du 9 décembre 2011, renforcé sa coopération avec les autorités du Kosovo et trouvé un accord en vue de normaliser les relations ...