Interventions sur "l’afrique"

19 interventions trouvées.

Photo de Catherine ConconneCatherine Conconne :

Monsieur le président, monsieur le président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, nous le savons tous : l’Afrique est une région « où se joue une partie de notre avenir commun ». Ce constat qu’avait fait le Président de la République, en 2017, devant les étudiants de l’université de Ouagadougou demeure résolument actuel. Nous partons d’une réalité : l’Afrique subsaharienne compte aujourd’hui 1, 1 milliard d’habitants et, selon les Nations unies, sa population devrait doubler d’ici à 2050. L’Afrique, c’est ...

Photo de Catherine ConconneCatherine Conconne :

...ur le plan culturel, après la saison Africa 2020, nous inaugurerons bientôt à Paris une Maison des mondes africains, afin de faire rayonner les cultures et les créations africaines en France, de mettre en valeur nos diasporas et de faire la démonstration que la France et ses partenaires africains sont plus forts et plus influents lorsqu’ils s’unissent. Cette intimité culturelle entre la France et l’Afrique nous permet aussi de rayonner dans le monde entier. Partout dans le monde, nos Instituts programment des artistes africains ou des créations franco-africaines, souvent avec un très grand succès. Plus que jamais, nous travaillons avec les acteurs de la société civile, les artistes, les entrepreneurs et les intellectuels du continent. La Fondation de l’innovation pour la démocratie, lancée en octo...

Photo de Sébastien LecornuSébastien Lecornu :

Monsieur le président, monsieur le président de la commission des affaires étrangères et des forces armées, mesdames, messieurs les sénateurs, je reviendrai plus précisément sur la situation sécuritaire et, par là même, sur la question de la présence militaire française sur le continent africain. Mme la ministre de l’Europe et des affaires étrangères l’a dit, l’Afrique étant un continent, les situations sécuritaires et d’organisation de nos forces armées sont aussi diverses que nous y avons de partenaires. Je commencerai par évoquer cinq points, avant de laisser la place au débat puis de répondre à vos interrogations, commentaires et réflexions. Premier point : en étant quelque peu schématique, voire caricatural, on peut au fond distinguer deux grandes périod...

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

...ui imprimer sa marque, lui donner un nouvel élan, une nouvelle perspective ou une nouvelle méthode. L’actuel chef de l’État ne fait pas exception à cette règle, lui qui ambitionnait en 2017 à Ouagadougou d’écrire une « nouvelle relation d’amitié » avec le continent africain. Et pourtant, nous voilà en 2023 confrontés à cette question qui s’impose chaque jour avec davantage de force : la France et l’Afrique partagent un passé, mais partagent-elles encore un avenir ? Le cœur, presque autant que la raison, m’incite à y répondre sans ambages par l’affirmative. Mais le fait même de formuler cette interrogation impose de procéder à une évaluation lucide et sans concession de la situation. Vous l’avez rappelé, la France reste sur le continent africain un acteur clé dans un grand nombre de domaines. Mais...

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

...ontre le terrorisme islamiste et le sacrifice de cinquante-trois d’entre eux, dont le souvenir est présent dans tous nos cœurs, jamais la France n’a été, dans ces pays comme dans d’autres, aussi critiquée et, parfois, rejetée. Ce ressentiment plonge bien sûr ses racines dans la colonisation et dans certains errements de la période post-coloniale. Mais il tient aussi au fait que, tout simplement, l’Afrique a profondément changé. Il y avait 275 millions d’Africains en 1960. Ils sont aujourd’hui 1, 2 milliard, plus de la moitié d’entre eux ont moins de 25 ans. Une véritable bascule générationnelle s’est opérée, distendant nos liens diplomatiques, militaires et culturels. Les nouvelles générations, les nouvelles élites africaines, au cœur de l’essor économique du continent, sont aussi celles de la g...

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

...e levier d’influence et d’exportation de notre savoir-faire, est devenue extrêmement réduite. L’organisme allemand Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) réalise un chiffre d’affaires de 3, 7 milliards d’euros et emploie 23 600 personnes. Pour Expertise France, c’est 339 millions d’euros et 1 400 personnes. Il faut en outre reprendre le contrôle de notre aide multilatérale à l’Afrique. Plus de la moitié des contributions du Royaume-Uni, plus du tiers des contributions allemandes aux organismes multilatéraux sont fléchés vers leurs propres priorités d’action. Pour nous, cette proportion n’est que de 1 %. Quelle perte d’influence par rapport à nos partenaires ! Il faut compléter cette approche en incitant et en accompagnant bien davantage nos entreprises à s’implanter, à invest...

Photo de Marie-Arlette CarlottiMarie-Arlette Carlotti :

...ur beaucoup, c’est apparu comme un révélateur, mais nous savons que les causes sont bien plus lointaines. Alors que, dans les années 1990, le continent était abandonné, il est désormais courtisé par de nombreux pays : la Russie, bien sûr, et la Chine, depuis plus longtemps, sans oublier les États-Unis, le Japon, la Turquie ou les Émirats arabes unis. Tous ont développé leur appétit à l’égard de l’Afrique ; tous sont nos compétiteurs. Nous avons perdu nos liens privilégiés exclusifs avec les États africains. Il est temps que nos relations deviennent ordinaires et ne soient plus marquées du sceau de la singularité. Alors que la hiérarchie du monde change, l’Afrique veut être considérée comme un acteur de plein droit sur la scène internationale. C’est un défi géopolitique majeur que le président Ma...

Photo de Marie-Arlette CarlottiMarie-Arlette Carlotti :

...a grande perdante de la compétition qui s’est engagée, en Méditerranée comme sur le continent africain, elle doit s’impliquer davantage dans cette zone particulièrement instable, en s’abstenant de considérer ce continent comme un libre-service, une réserve de richesses et de matières premières rares ou comme une menace devant laquelle il faudrait se barricader. Nous ne sommes plus le gendarme de l’Afrique. Ce temps est révolu, il nous faut changer de modèle. Le Président de la République l’a affirmé : l’influence de la France ne se mesurera plus au nombre de nos opérations militaires ni à celui de nos bases. Il préconise la réduction de l’empreinte directe de nos armées au profit d’un soutien aux forces de sécurité de la région. Vous avez d’ailleurs insisté sur ce sujet, monsieur le ministre. Cel...

Photo de Marie-Arlette CarlottiMarie-Arlette Carlotti :

...ouvons défendre des valeurs à géométrie variable. Nous devons aussi nous montrer plus attentifs aux tragédies qui touchent le continent : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, en Éthiopie, au Soudan ou en République démocratique du Congo (RDC). Les pénuries alimentaires constituent autant de tragédies. En raison du réchauffement climatique, elles frappaient déjà les régions de la Corne de l’Afrique. La situation s’est aggravée avec la non-livraison de céréales à bas prix en provenance d’Europe de l’Est sans que ni l’Union européenne ni la France soient en mesure de prendre le relais, du moins à court terme, pour faire face à la disette – mais peut-être sommes-nous en train d’y remédier. En République centrafricaine ou au Burkina Faso, le chantage alimentaire constitue même l’un des facteur...

Photo de Olivier CadicOlivier Cadic :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, mes chers collègues, pour comprendre l’Afrique, encore faut-il la connaître. Je m’y suis rendu à cinquante-sept reprises depuis 2015 et elle m’étonne à chaque fois. Je commencerai par trois anecdotes. Tout d’abord, celle de cet entrepreneur français, qui a subi un vol dans sa société. Il se rend à la police. On le renvoie vers la dame aux balais, qui lui communique un nom après avoir utilisé deux balais croisés. Après vérification sur sa vi...

Photo de Olivier CadicOlivier Cadic :

Olivier Leloustre, conseiller des Français de l’étranger, établi depuis vingt ans en Afrique, m’a confié qu’il se refusait à expliquer l’Afrique à quelqu’un qui n’y avait pas déjà vécu au moins cinq ans. On aborde souvent à tort la stratégie française en Afrique au travers d’un seul prisme. C’est une erreur, car il n’y a pas une, mais des Afriques. Chacune a des problématiques bien distinctes, même si certaines se recoupent. Emmanuel Macron a visité vingt-cinq pays de ce continent depuis sa première élection en mai 2017, ce qui fait de ...

Photo de Olivier CadicOlivier Cadic :

...sil, des milices ont été créées pour protéger des quartiers et lutter contre les gangs. Les habitants doivent alors se plier aux règles de la milice et échangent leur liberté contre de la sécurité. En Afrique, certains pays font appel à la milice Wagner, qui se paie sur les ressources du pays, à l’instar d’une milice mafieuse. Contrairement à ce que certains prétendent, la France n’abandonne pas l’Afrique. Voilà six mois, j’ai visité l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, près d’Abidjan. Ce centre d’excellence est destiné à appuyer les pays africains dans leur effort. Le modèle de gouvernance de l’Académie franco-ivoirienne est un exemple pour la nouvelle posture de la France sur ce continent. J’en profite pour saluer la réunion, le 11 mai dernier, du premier conseil d’administr...

Photo de Nicole DurantonNicole Duranton :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, mes chers collègues, aucune relation internationale n’est aussi complexe et importante pour notre pays et notre continent que celle qui nous unit à l’Afrique. La politique étrangère de la France envers le continent africain se trouve à la croisée des chemins, oscillant entre les promesses d’une coopération fructueuse et les traces tenaces de son passé néocolonial. Comme le disait Albert Camus, l’amitié n’exige rien en échange, elle grandit librement dans le terreau des valeurs communes. Le groupe RDPI se félicite des résultats de la récente tournée ...

Photo de Pierre LaurentPierre Laurent :

...ans la droite ligne du discours du chef de l’État du 27 février dernier au cours duquel il a proclamé que la France devait refuser d’entrer dans une logique de compétition, qu’il fallait tourner la page de l’économie de rente et qu’il convenait d’entrer dans une logique partenariale d’investissement solidaire. Le problème, c’est que tous les fondamentaux dépassés de nos rapports économiques avec l’Afrique, qui sapent depuis tant d’années le développement de ces pays comme la confiance dans cette relation, sont maintenus, au mépris de tous les nouveaux enjeux du XXIe siècle. Alors que les pays africains cherchent, par exemple, à financer leur développement, nous continuons de faire l’éloge de la pseudo-réforme unilatérale du franc CFA, qui laisse en l’état les instruments de la domination monétair...

Photo de Joël GuerriauJoël Guerriau :

...ant par les gouvernements locaux que par nos partenaires européens, notre pays a progressivement réduit son engagement en Afrique. Force est cependant de constater que la prolifération de mouvements islamistes, l’intervention de la milice russe et le piège de la dette chinoise ouvrent de sérieux motifs d’inquiétude. Avec la croissance démographique et le dérèglement climatique en toile de fond, l’Afrique est exposée au risque de graves crises. D’ailleurs, nous assistons aujourd’hui à une véritable crise des institutions dans certains États africains. Les récents événements au Soudan confirment cette triste perspective, tout comme la famine qui menace la Corne de l’Afrique. Plutôt que de préparer l’avenir, beaucoup ont malheureusement été détournés de la réalité par une idée qui continue de faire...

Photo de André GuiolAndré Guiol :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’Afrique est le continent de tous les défis : climatique, démographique et économique. Il est aussi celui de tous les enjeux, pour ne pas dire de toutes les convoitises. L’intérêt de la Chine et de la Russie a permis de sortir l’Afrique de son face-à-face avec l’Europe, mais à quel prix ? Concernant la Chine, la masse d’argent qu’elle a déversée sur de nombreux pays africains a créé une relation asymétri...

Photo de Guillaume GontardGuillaume Gontard :

...sent à donner la priorité à des pays à revenus intermédiaires plutôt qu’aux pays pauvres. L’aide apportée par notre pays doit être beaucoup plus ciblée et localisée. Garantir la sécurité et la subsistance des populations, au travers de réseaux locaux, est une autre manière de lutter contre le terrorisme, qui bien souvent assoit son influence en subvenant aux besoins des habitants. Nous devons à l’Afrique ce juste retour, car notre dette envers ce continent est immense, mais nous devons aussi l’accompagner dans un développement qui doit immédiatement être durable. Il faut davantage conditionner les aides versées au respect des droits humains, démocratiques, sociaux et écologiques, notamment les droits des femmes et ceux des peuples autochtones. Nous demandons enfin que l’aide si opportunément ac...

Photo de Stéphane RavierStéphane Ravier :

... cinquième erreur, c’est la suppression du corps diplomatique. Elle sonne la fin d’une tradition africaine au sein du Quai d’Orsay : c’est la perte d’un réseau, d’un savoir-faire et de connaissances acquises durant de nombreuses décennies. On a vu les conséquences de négociations improvisées par le pouvoir politique : nous sommes en froid avec tous les pays du Maghreb, virés du Sahel, fâchés avec l’Afrique centrale. Dans le même temps, toutes les grandes puissances s’implantent massivement et durablement en Afrique : la Chine, l’Iran, la Russie, la Turquie, les pays du Golfe… Au Gabon, 70 % de la deuxième plus grande forêt du monde après l’Amazonie appartient aux Chinois. Pendant que Wagner s’occupe du militaire, Pékin s’affaire à la coopération économique. Enfin, avec le départ de la force Barkh...

Photo de Catherine ConconneCatherine Conconne :

...constat est également partagé, me semble-t-il, quant à la nécessité de continuer nous-mêmes à évoluer, à transformer notre approche. Monsieur Cambon, je ne saurai vous répondre que par quelques remarques partielles, tant les points que vous avez abordés ont été nombreux. Je voudrais d’abord revenir brièvement après vous sur les relations commerciales. J’avais tenu à rappeler, par précaution, que l’Afrique avait diversifié ses partenariats commerciaux, comme nous-mêmes d’ailleurs, mais il n’en reste pas moins que notre présence économique y est plus forte qu’auparavant, que nos exportations vers l’Afrique ont progressé. Volumes et parts de marché sont deux choses différentes, chacun peut retenir ce qui lui semble le plus pertinent ; je ne vous fais donc aucun reproche en la matière. Je veux reveni...