Intervention de Philippe Marini

Réunion du 17 juillet 2012 à 19h30

Photo de Philippe MariniPhilippe Marini, président de la commission des finances :

Dernièrement, le 14 juillet, et chacun peut le comprendre, le Président de la République a évoqué un « plan qui coûte le moins possible aux contribuables » pour Peugeot. Simplement, toutes ces dépenses et toutes ces dépenses fiscales appelleront des financements. Et soit la dépense nouvelle évincera la dépense ancienne, par un effet d'éviction, comme disent les économistes, et les priorités que nous devrons honorer se paieront par plus de sacrifices dans d'autres domaines, soit l'on ne parviendra pas à respecter la norme de dépense globale. Alors le déficit dérapera et s'ensuivront toutes les conséquences qu'a excellemment décrites le rapporteur général et dont personne ne veut ici : défiance de l'extérieur, défiance des investisseurs, difficultés à se financer et fuite vers l'inconnu.

Enfin, mes chers collègues, je conclurai en évoquant un sujet qui sera peut-être l'un des plus complexes auxquels sera confrontée la nouvelle majorité.

Celle-ci exerce ses responsabilités. C'est la loi de la démocratie et il n'y a rien à y redire. Mais l'opposition exerce elle aussi ses responsabilités, lesquelles consistent à témoigner, à prendre date, à proposer, à relever des contradictions, à rechercher le défaut dans la cuirasse.

C'est ainsi que le veut le débat démocratique et c'est ainsi que vous avez pratiqué pendant tant d'années, mes chers collègues de la majorité.

Ce thème difficile que j'évoquais à l'instant, monsieur le ministre, c'est celui du traitement des questions relatives à la fonction publique, à savoir les rémunérations et les effectifs. Comment compenser les secteurs prioritaires par les autres ? Comment vous sortir de la contradiction intenable dans laquelle vous risquez à mon sens de vous enfermer ?

Enfin, il convient de rappeler une évidence : le respect de la trajectoire de redressement des comptes publics implique que la masse salariale de l'État soit stabilisée en valeur. La Cour des comptes nous l'a rappelé. À ce sujet, celle-ci souligne que cette stabilisation, conjuguée à celle des effectifs, nécessitera « outre la poursuite du gel du point d'indice, une réduction significative de l'avancement des fonctionnaires et un quasi-gel des mesures catégorielles ». Elle poursuit : « En réalité, seule une baisse des effectifs est à même de fournir des marges de manœuvre en matière de politique salariale. »

Monsieur le ministre, en conclusion, tout cela, c'est le problème de notre pays, c'est le problème de son gouvernement, c'est votre problème. Nous sommes dans notre rôle quand nous relevons les contradictions et les risques, quand nous prenons à témoin, quand nous interrogeons avant que le temps de la proposition ne revienne. Ici, au Sénat, ce débat d'orientation, le projet de loi de finances rectificative et même ce modeste projet de loi de règlement sont l'occasion pour l'opposition de faire en quelque sorte l'apprentissage de ce rôle indispensable à la démocratie. Pour autant, nous n'oublions pas les intérêts de notre pays, en particulier l'intérêt qui s'attache à maîtriser et à rembourser la dette publique et à promouvoir une gestion responsable.

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