Intervention de Jean-Louis Carrère

Réunion du 18 juillet 2012 à 14h30
Traité d'amitié et de coopération avec la république islamique d'afghanistan — Adoption en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Jean-Louis CarrèreJean-Louis Carrère, rapporteur :

L’intervention dans ce pays, décidée par le Président Jacques Chirac et le Premier ministre Lionel Jospin, avait au départ un objectif clair : lutter contre Al-Qaïda à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Ses finalités se sont peu à peu transformées, pour ne pas dire brouillées, aux yeux de l’opinion publique en tout cas. Nous sommes nombreux, pourtant, à pouvoir témoigner, pour nous être rendus aux côtés de nos soldats à plusieurs reprises, de la qualité remarquable du travail de terrain effectué par nos forces sur ce théâtre particulièrement exigeant.

Finalement, notre mission en Afghanistan aura été double, comme l’a dit le Président François Hollande lors de l’hommage aux Invalides : elle aura consisté à la fois à « lutter contre le fanatisme et la haine aveugle et à aider fraternellement un peuple à retrouver le chemin de sa souveraineté ».

Les scénarios catastrophes fleurissent, ces derniers temps, sur l’évolution future de ce pays si attachant mais si complexe : scénarios d’éclatement, de guerre civile, de reconstitution des féodalités, de retour des talibans… Je poserai une question et une seule : y a-t-il une autre voie qui permette à l’Afghanistan de sortir de son extrême pauvreté, source de tous ses maux, je dirais presque de sortir du « moyen-âge » sanitaire et social dans lequel il se trouve, que celle du développement économique ? À mon sens, la réponse est « non ».

La meilleure façon de lutter contre l’insécurité, c’est de retrouver le chemin de la croissance, qui donne à chacun l’espoir de mieux vivre. Le meilleur moyen de lutte contre l’obscurantisme, c’est l’alphabétisation. Le rempart le plus efficace contre l’embrigadement dans des milices, c’est un travail pour tous dans une société plus sûre.

Quelles meilleures armes contre la pauvreté que l’accès aux soins, la reconstruction des routes, la remise sur pied d’une agriculture fruitière et pastorale jadis si florissante ?

Quelle part la France veut-elle prendre dans cette reconstruction ? C’est tout l’enjeu du traité et du programme quinquennal qui l’accompagne. Ils devraient permettre de donner un nouvel élan à un certain nombre de projets emblématiques : dans le domaine de la sécurité, l’appui à la création d’une école de guerre et d’une gendarmerie afghanes ; en matière de santé, la réalisation d’une deuxième puis d’une troisième phase de l’hôpital français pour la mère et l’enfant de Kaboul, projet qui constitue un succès éclatant, même si, objectivement, on peut reconnaître, monsieur Boulaud, que son financement incombe davantage à une ONG et à la fondation Aga Khan qu’au Gouvernement français ; le soutien à la création de lycées techniques agricoles, à l’irrigation, à l’apiculture, à la pisciculture, pour offrir aux exploitants une source de revenus se substituant à la culture du pavot…

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