Intervention de Didier Boulaud

Réunion du 18 juillet 2012 à 14h30
Traité d'amitié et de coopération avec la république islamique d'afghanistan — Adoption en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Photo de Didier BoulaudDidier Boulaud :

L’Inde, de son côté, a gardé d’étroites relations avec l’Afghanistan, sans oublier en arrière-plan sa rivalité avec le voisin pakistanais.

L’Inde apporte à Kaboul une aide importante et diversifiée. Le 4 octobre 2011, les deux pays ont signé un accord de partenariat stratégique. New Delhi s’est aussi rapidement positionné pour réaliser certains investissements dans le secteur minier et a obtenu, en 2011, le contrat d’exploitation des mines de fer de Hajigak, important gisement à 130 kilomètres à l’ouest de Kaboul.

L’Inde constitue incontestablement une autre clé pour faire avancer le processus de paix en Afghanistan.

N’oublions pas la Chine, qui garde une certaine distance par rapport à un engagement plus direct dans l’œuvre de stabilisation de l’Afghanistan et de sa région. Les Chinois sont toutefois désireux d’accroître leur présence économique. Le colossal investissement dans les mines de cuivre en est la preuve. Il faudrait que cela trouve un prolongement dans un engagement pour la stabilité du pays.

Il y a aussi la Russie et les pays d’Asie centrale, qui entretiennent des relations parfois tendues, parfois distantes, avec Kaboul, tout en partageant des préoccupations communes. Il ne faut pas non plus négliger le fait que le nord de l’Afghanistan est peuplé de turcophones – Ouzbeks, Turkmènes –, qui représentent environ 12 % de la population afghane.

Le temps imparti m’empêche de poursuivre ce tour d’horizon, destiné à relever une évidence et à soulever une question. Je vais donc conclure par deux points.

Premièrement, il est évident que tous les voisins de l’Afghanistan ont aujourd’hui un intérêt objectif à sa stabilité, sa pacification et même son développement. Toutefois, en matière de concertation régionale, les efforts apparaissent désordonnés, dispersés, manquant de volonté politique. Ainsi, les quelque 80 nations et organisations réunies récemment à Tokyo ont accordé une aide de 16 milliards de dollars à l’Afghanistan, afin d’aider à mettre le pays sur les rails de sa « décennie de la transformation », prévue de 2015 à 2024. Or, si cette aide ne s’imbrique pas dans une action régionale menée avec la participation active des voisins de l’Afghanistan, elle ne sera pas efficace et ne réussira pas.

Si la France a reconnu l’importance de cette imbrication régionale, d’autres partenaires ne semblent pas prêts, à ce jour, à la suivre et préfèrent faire cavalier seul.

Deuxièmement, l’accord sur les relations de bon voisinage, signé à Kaboul le 22 décembre 2002 entre l’Afghanistan et les six pays limitrophes, destiné à favoriser des relations de confiance dans cette région, semble à bout de souffle. Est-il possible, madame la ministre déléguée, d’envisager une prochaine réunion de haut niveau entre l’Afghanistan et ses voisins afin d’examiner les moyens d’accroître la coopération régionale et de renforcer ainsi les chances d’obtenir l’équilibre nécessaire pour passer de la phase militaire à la période de reconstruction ?

La France, avec le traité qui nous est soumis aujourd’hui, cherche justement à conforter – avec ses moyens – son engagement auprès du peuple afghan. Le groupe socialiste va donc adopter ce traité d’amitié et de coopération, en souhaitant qu’il serve d’exemple.

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