Intervention de Thierry Foucaud

Réunion du 24 juillet 2012 à 9h30
Loi de finances rectificative pour 2012 — Discussion d'un projet de loi

Photo de Thierry FoucaudThierry Foucaud :

… et que certains voudraient encore maintenir.

Pour faire bonne mesure, ce dispositif aurait entraîné la suppression de 80 000 à 90 000 emplois.

Pour conclure, si l'on peut dire, le quinquennat précédent s'est achevé par l'instauration de la TVA sociale. §Une mesure de fond, visant à financer notre protection sociale au travers de la taxation de la consommation populaire, a bel et bien été conçue. Elle constitue le meilleur résumé du quinquennat Sarkozy : alléger encore et toujours la contribution des entreprises – comprendre : au bénéfice de la rémunération du capital, prédatrice de la compétitivité retrouvée – au financement de la protection sociale.

Alors, mes chers collègues, il est temps de ne pas faire la même chose et de passer à autre chose.

Le présent collectif budgétaire est l'occasion, pour la représentation nationale, d'analyser les mesures fiscales mises en œuvre depuis dix ans, de solder les comptes et de constater, notamment, cette véritable explosion de la dette publique qui est allée de pair avec la croissance des avantages fiscaux consentis aux plus aisés et aux plus grands groupes : 600 milliards de plus en cinq ans !

Les 1 313 milliards d'euros cumulés de la dette de l'État font le bonheur de bien des spéculateurs !

Solder les comptes, oui, et définir, d'ores et déjà, les nouvelles priorités de l'action publique et les nouveaux usages de l'outil budgétaire.

Notre démarche, en la matière, est claire. Notre groupe entend apporter sa contribution aux changements en cours, en rendant plus efficace ce projet de loi de finances rectificative.

Nous estimons pour notre part que, à l'instar des dispositions votées et des choix opérés cet automne par la majorité sénatoriale lors de la discussion de la loi de finances pour 2012, le présent collectif budgétaire doit constituer une sorte de « manifeste » politique de la nouvelle majorité parlementaire.

La majorité de gauche du Sénat avait, alors, dégagé 30 milliards de ressources nouvelles, tirées d'une plus juste imposition des hauts patrimoines comme des entreprises. Je crois qu'il y avait et qu'il y a toujours, dans le travail alors accompli, du « grain à moudre » pour ce qui nous occupe aujourd'hui.

Ce projet de loi contient un certain nombre de mesures, au demeurant perfectibles ; c'est le sens du travail que nous pouvons mener, au travers des amendements, sur le texte lui-même, qui trace d'ores et déjà de nouvelles perspectives.

Le tout porte sur 7 milliards d'euros de recettes nouvelles, en net. Nous pourrions faire mieux, pensons-nous, mes chers collègues.

Nous souhaitons dès maintenant libérer la future loi de finances de quelques-unes des contraintes posées par la « revue de détail » du passé qu'elle risque fort d'incarner.

Des mesures essentielles de cadrage, portant sur l'imposition des revenus, des patrimoines et des entreprises, visant notamment le retour à l'égalité de traitement entre grands groupes formés à l'optimisation et parfois à l'évasion fiscale et PME respectueuses des règles du jeu, peuvent être prises dès maintenant.

Certains de nos amendements, portant sur l'impôt de solidarité sur la fortune, sur les modalités de l'impôt sur les sociétés, sur l'évolution du barème de l'impôt sur le revenu et son application, participent de cette démarche et de celle qui sous-tendra fondamentalement le projet de loi de finances pour 2013.

L'activité parlementaire la plus récente, notamment le fort intéressant rapport de la commission d'enquête sur l'évasion fiscale – selon lequel l'État perdrait 40 à 50 milliards d'euros par an –, les éléments que nous ont fourni les rapports commandés à la Cour des comptes, l'évaluation du dispositif des heures supplémentaire, du crédit d'impôt recherche ont d'ores et déjà largement pourvu notre assemblée des outils de mesure et des propositions les plus susceptibles de répondre aux questions qui nous sont posées.

Justice fiscale, équilibre de notre système de prélèvements obligatoires, efficacité économique de nos choix fiscaux, valorisation et appui des comportements économiques responsables, pénalisation des attitudes parasitaires et du gaspillage des deniers publics : voilà ce qui doit nous guider dès maintenant.

Le changement, c'est maintenant.

Et le changement, c'est ici, dans le cadre de nos débats, sur la base de la discussion libre et ouverte, de l'exposé des propositions et des idées, que nous pouvons lui donner corps, dès ce collectif budgétaire.

Si nous souhaitons, mes chers collègues, parvenir avec ce texte à réduire le plus possible le déficit budgétaire de l'État, ce n'est pas seulement parce qu'il nous faudrait répondre ainsi à quelque contrainte extérieure. C'est également parce que nous estimons que ce n'est pas aux comptes publics de porter éternellement tout le poids du soutien à l'économie, qui s'est par trop souvent traduit, pendant une bonne quarantaine d'années, à la fois par une austérité généralisée pesant sur le plus grand nombre et par une longue série d'adaptations successives de notre législation fiscale.

Des inégalités de traitement entre entreprises, des inégalités sociales de plus en plus insupportables sont le produit de ces choix antérieurs, source de profonds et graves handicaps pour le pays tout entier.

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