… une augmentation de l'allocation de rentrée scolaire, une hausse du SMIC – sans dire comment elles seront financées, ce qui rendra l'ajustement structurel de nos finances publiques encore plus difficile quand vous serez contraints d'y procéder !
Vous n'envisagez pas de réduire sérieusement la dépense publique. Au contraire, vous annoncez la création de postes dans certains secteurs de la fonction publique et vous ne précisez pas quelles en seront les conséquences pour les autres. Or un rapide calcul montre que, hors secteurs prioritaires, on ne peut maintenir les effectifs que par la non-compensation de deux départs à la retraite sur trois. Et vous jugiez si sévèrement notre règle du « un sur deux »…
À ce stade, votre réforme de l'impôt sur les sociétés n'est pas claire du tout. On ne sait pas comment elle s'articule avec votre projet de refonte de la suppression de la taxe professionnelle, à moins que vous n'ayez déjà également abandonné celui-ci…
Quand à la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG, on n'en entend plus parler.
Où allez-vous ? Comment réussirez-vous, dans ces conditions, le rééquilibrage de nos finances publiques ?
Malheureusement, vos projets, pour ce que nous en savons aujourd'hui, augmenteront le coût du travail et la dépense publique. Il ne vous reste alors qu'un moyen de les financer : l'augmentation des impôts et des taxes. C'est la logique dans laquelle s'inscrit votre action, qui aura pour conséquence un choc fiscal dont notre pays aura du mal à sortir indemne. Ce choc a été évalué à 30 milliards d'euros par le président de notre commission des finances : ce n'est pas une bagatelle ! Aussi faudrait-il au moins avoir le courage de le dire clairement à nos concitoyens et à la représentation nationale.
Pour conclure, nous souhaitons que le principe de réalité l'emporte et que vous tiriez les leçons de 1981, ou plutôt de 1983, car, en économie, le dogmatisme est dangereux, d'autant que la dévaluation n'est plus possible et que notre pays sera vraisemblablement, l'an prochain, le premier émetteur de dette de la zone euro.
Ce principe de réalité signifie, messieurs les ministres, que le Gouvernement aurait dû engager sans tarder les réformes qui assureront la compétitivité de notre pays, seul moyen de créer des emplois et de préserver notre modèle social.
Or le présent projet de loi de finances rectificative ne répond pas à cet objectif. Il s'agit non pas d'une loi de réforme fiscale, mais d'un règlement de comptes postélectoral qui ne prépare pas l'avenir, alors qu'il y a pourtant urgence !
Non, ce texte n'est pas celui dont la France a besoin. Il est même mortifère, car il serine aux oreilles de nos compatriotes une petite musique, celle d'une chanson qui préfigura une grande catastrophe : « Tout va très bien, madame la marquise, tout va très bien, tout va très bien. Pourtant, il faut, il faut que l'on vous dise, on déplore un tout petit rien »…
C'est pourquoi, mes chers collègues, j'ai l'honneur, au nom du groupe UMP, de vous demander d'adopter cette motion tendant à opposer la question préalable. §