Intervention de Benoît Hamon

Réunion du 24 juillet 2012 à 9h30
Questions orales — Gestion du personnel au sein de l'entreprise la poste

Benoît Hamon, ministre délégué auprès du ministre de l'économie et des finances, chargé de l'économie sociale et solidaire et de la consommation :

Monsieur le sénateur, je vais reprendre un certain nombre des chiffres que vous venez de citer, en les complétant par d’autres.

Selon l’Observatoire de la vie au travail, 65 % des Français se disaient stressés au travail en 2010, contre 55 % en 2009 ; 24 % des hommes et 37 % des femmes évoquent un mal-être en parlant de leur travail, selon les enquêtes menées dans le cadre de l’étude épidémiologique Samothrace.

En réalité, dans les entreprises qui sont sujettes à des transformations majeures, les risques psychosociaux doivent être considérés avec le plus grand sérieux. De fait, on connaît la chaîne des conséquences qui peuvent s’enclencher dans les grands services publics ayant subi des changements importants ; la perte de reconnaissance, la perte de sens du métier que l’on exerçait auparavant, auxquelles s’ajoute parfois la perte d’estime de soi, peuvent entraîner de la souffrance au travail et engendrer la multiplication des risques psychosociaux.

Dans certains cas, cette souffrance au travail peut conduire aux tragédies qu’ont connues par le passé un certain nombre de grandes entreprises. Il s’agit donc de rester particulièrement attentif à la conduite du changement dans ces situations : le Gouvernement entend l’être tout particulièrement. C’est donc à l’aune de cette réalité sociale que nous observons les évolutions en cours à La Poste.

Comme vous le savez, la poursuite de la dynamique d’adaptation de La Poste à son environnement et au service de ses clients est indispensable : c’est même une des conditions de la pérennité du groupe, de son développement et, partant, de l’emploi et de la qualité de vie au travail de ses personnels.

Dans ce contexte, l’État veille et veillera tout particulièrement à ce que l’amélioration des conditions de travail des postiers et la prise en compte des personnes dans la conduite du changement constituent des objectifs à part entière de La Poste.

À cet égard, la Poste a récemment lancé plusieurs initiatives.

En 2010, le groupe a mis en œuvre un plan « Santé Sécurité au travail » pour la période 2010-2013, lequel est notamment axé sur le renforcement de la prévention des accidents du travail – accidents de circulation, chutes, accidents de manutention – et des troubles musculo-squelettiques, ainsi que sur une plus grande sensibilisation des managers aux problématiques de santé et de sécurité. Par ailleurs, les conditions de travail se sont améliorées, les accidents de travail avec arrêt, pour ne citer que cet indicateur, ayant reculé de 22 % en 2011. C’est évidemment une évolution positive.

Au printemps 2012, La Poste a pris de nouvelles initiatives, notamment en lançant un grand dialogue national et local associant l’ensemble des postiers, au sujet de la vie au travail. Ces dernières semaines, chaque postier a ainsi eu l’occasion d’indiquer directement les améliorations qu’il souhaitait voir apporter à son cadre de travail.

À ces travaux de concertation, s’ajoute la création d’une commission présidée par Jean Kaspar. Composée de représentants des organisations syndicales, d’experts externes et des dirigeants de La Poste, cette commission devra notamment formuler des recommandations au sujet de la prise en compte des personnes dans la conduite du changement au sein du groupe.

En outre, il convient de mentionner la création d’une fonction de médiation de la vie au travail auprès du président de La Poste.

Enfin, 1 000 recrutements supplémentaires seront réalisés en 2012.

Ces initiatives vont dans le bon sens dès lors qu’elles tendent à prendre en charge sérieusement les demandes des personnels, les inquiétudes de ces derniers en matière de changement et les risques psychosociaux qu’induisent les processus liés aux évolutions majeures qui se produisent au sein de grandes entreprises publiques comme La Poste.

S’agissant plus particulièrement du projet « Facteurs d’avenir », je souligne que l’objectif visé est de garantir que les tournées soient assurées quotidiennement par des professionnels grâce à l’organisation de remplacements au sein d’équipes de facteurs à la fois plus autonomes et plus solidaires. C’est cette continuité du service qui a permis l’augmentation du taux de couverture quotidienne des tournées constatée en 2011. Cette évolution explique sans doute également le record de la qualité du service public du courrier. Nous devons bien sûr nous en féliciter.

La mise en œuvre du projet « Facteurs d’avenir » sur l’ensemble du territoire national s’est d’ailleurs accompagnée d’un investissement inédit consacré à l’amélioration des matériels et des conditions de travail. De surcroît, elle s’est appuyée sur une conduite du changement qui a permis la signature de près de 1 800 accords locaux avec les organisations syndicales, au sein des sites réorganisés.

Au demeurant, je le dis et je le répète, au-delà de ces progrès et même si La Poste a exprimé le souci de mieux associer les personnels aux différentes initiatives, à celles des commissions notamment, nous veillerons à ce que la réorganisation du service postal n’altère pas les conditions de travail des facteurs et ne multiplie pas les risques psychosociaux.

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