Intervention de Jean Louis Masson

Réunion du 24 juillet 2012 à 9h30
Questions orales — Réglementation sur le cumul des mandats

Photo de Jean Louis MassonJean Louis Masson :

Monsieur le ministre, le cumul de mandats et son corollaire, l’absentéisme parlementaire, sont deux particularités bien françaises qui nuisent au bon fonctionnement de la démocratie. Il est donc urgent de légiférer et, à cet égard, on ne peut que suivre ce qu’indiquait Édouard Balladur dans Le Figaro du 7 mai 2010 : « Il n’y a pas d’enthousiasme dans la classe politique, ni à droite ni à gauche, pour prohiber le cumul. Si on veut progresser, il ne faut pas se référer à la bonne volonté, il faut que la loi intervienne. »

Avant l’élection présidentielle, le parti socialiste s’était engagé à interdire le cumul d’un mandat parlementaire avec une fonction exécutive locale, quelle qu’elle soit. Deux propositions de loi avaient même été déposées à titre de confirmation par les groupes socialistes de l’Assemblée nationale et du Sénat.

La majorité de gauche contrôlant dorénavant l’Élysée, l’Assemblée nationale et le Sénat, le Gouvernement n’a aucune excuse pour ne pas respecter les engagements qui ont été pris. C’est pourtant ce vers quoi on risque de s’acheminer, certains responsables se montrant de plus en plus évasifs à ce sujet. On dit même que le Gouvernement pourrait se contenter d’une loi édulcorée, qui ne concernerait que les très grands exécutifs. Ce serait un reniement des engagements pris avant les élections, car la plupart des cumulards pourraient alors continuer à profiter de leur pratique abusive.

En effet, sans être un grand exécutif, l’exercice d’un mandat de maire d’une ville de taille moyenne entraîne en cascade de multiples autres attributions au sein des intercommunalités, des hôpitaux publics, des offices d’HLM… Un temps considérable est ainsi absorbé au détriment du travail parlementaire. Comment les intéressés peuvent-ils ensuite faire hypocritement semblant de s’étonner de l’absentéisme parlementaire ?

Pour vous convaincre que celui-ci est réel, monsieur le ministre, il vous suffit de compter le nombre de sénateurs présents dans cet hémicycle au moment où je vous parle : nous sommes moins de 10 sénateurs en séance sur un total de 348 ! C’est bien la preuve de la pertinence de mon propos !

Je suis également indigné que, dans Le Figaro du 9 juillet 2012, certains parlementaires aient prétendu que seuls les cumulards d’un exécutif local étaient de bons sénateurs, les autres n’étant que des « élus hors-sol, coupés de la gestion quotidienne des collectivités ».

Ainsi, ayant refusé en 2001 de cumuler une fonction exécutive locale avec mon mandat de sénateur, je serais donc un élu hors-sol et serais, de ce fait, coupé de la gestion quotidienne des réalités. Pourtant, lors des élections sénatoriales de 2011, sans l’investiture d’aucun parti politique, j’ai très largement devancé les deux autres listes de droite qui avaient, elles, obtenu une investiture et étaient conduites par des « super-cumulards ».

Étant conseiller général depuis trente ans, les réalités du terrain, je les connais, et je n’ai pas besoin pour cela d’être président du conseil général. Je dirais même mieux : c’est parce que je ne préside pas un exécutif local que j’ai le temps de m’occuper des problèmes de terrain !

De même, on peut être au contact des réalités quotidiennes en tant que simple conseiller municipal, sans être obligatoirement maire.

Il est donc tout à fait mensonger de prétendre que les parlementaires qui refusent de cumuler une fonction exécutive locale seraient coupés des réalités.

En fait, ceux qui défendent les cumuls abusifs ne cherchent qu’à continuer à profiter du système.

Monsieur le ministre, ma question est simple : le Gouvernement est-il, oui ou non, décidé à respecter les engagements pris, c’est-à-dire à interdire le cumul d’un mandat parlementaire avec une fonction exécutive locale, quelle qu’elle soit, j’y insiste ?

Même si la coalition des parlementaires cumulards conduit à un blocage, le Président de la République a les moyens de tenir ses engagements en organisant un référendum. Je suis sûr que nos concitoyens désavoueraient massivement le combat d’arrière-garde conduit par les profiteurs du système.

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