Ma question, monsieur le ministre, concerne l’avenir de la société Altis, implantée à Corbeil-Essonnes et spécialisée dans la fabrication de composants semi-conducteurs.
Altis était l’un des fleurons de l’industrie française avant que ses actionnaires – IBM, Siemens, puis Infineon – n’abandonnent leur outil industriel au profit d’une logique libérale purement financière. Depuis, se sont succédé plusieurs plans sociaux, dont le plus important, décidé il y a deux ans, a réduit à 900 le nombre de salariés de l’entreprise.
Aujourd’hui, Altis doit faire face à une double crise : une crise cyclique des composants électroniques, qui se traduit par une réduction sensible des commandes, et une crise de compétitivité, dans la mesure où ses concurrents supportent des coûts de production très inférieurs aux siens. À deux reprises en six mois, les salariés d’Altis ont été mis au chômage partiel avec obligation de liquider les congés et les jours de RTT disponibles.
Monsieur le ministre, vous comprendrez que l’inquiétude des salariés et de leurs familles, des syndicats et des élus locaux soit grande ! Ils s’interrogent sur la stratégie industrielle et même sur la pérennité de l’entreprise. Les nouveaux actionnaires avaient pris des engagements. L’entreprise a certes été recapitalisée, et le fonds stratégique d’investissement, le FSI, qui devait prendre une participation dans le capital, a finalement souscrit 20 millions d’euros d’obligations convertibles.
Mais qu’en est-il du plan d’investissement dans la recherche et développement qui devait permettre à l’entreprise de retrouver le « top niveau » du haut de gamme, le seul créneau qu’elle soit susceptible d’occuper de manière rentable ?
Et surtout, que sont devenues les belles promesses qu’avait faites M. Estrosi, ex-ministre de l’industrie ? Il semble bien qu’elles n’aient jamais été tenues...
Pourquoi la société Altis n’a-t-elle pu bénéficier du grand emprunt finançant les investissements d’avenir ? L’enjeu est pourtant de taille : de la survie de cette société dépendent plusieurs centaines d’emplois hautement qualifiés, le devenir d’un site industriel important de l’Essonne et la première ressource fiscale de ce département. L’enjeu revêt même une dimension nationale : il y va en effet de la revitalisation de notre filière électronique à travers l’avenir de cette entreprise de taille intermédiaire qui, contrairement à son concurrent direct, fabrique en France et non en Asie.
Ma question est donc très simple, monsieur le ministre : quelles sont les perspectives industrielles de la société Altis et quels sont les soutiens que le Gouvernement entend apporter à cette entreprise mais aussi, au-delà, à la filière électronique, pour relever le défi du redressement industriel de notre pays ?