Cet amendement vise à supprimer l'avantage fiscal accordé aux producteurs d'agrocarburants de première génération. Pour l'année 2012, ce dispositif représente une perte de 196 millions d'euros pour le budget de l'État.
Selon le rapport publié par la Cour des comptes en janvier 2012, durant la période 2005-2010, la filière agricole productrice d'agrocarburants a bénéficié de 2, 6 milliards d'euros de dépenses fiscales cumulées, pour 1, 5 milliard d'euros d'investissements. Du point de vue strictement économique, le maintien de cette niche fiscale n'est pas justifié, puisque les investissements ont été réalisés et sont d'ores et déjà largement rentabilisés. Il s'agit avant tout d'une question de justice fiscale, d'autant que, pour nous écologistes, les efforts en matière de réduction de la dette n'auront de sens que s'ils s'inscrivent dans une stratégie générale de transition écologique et énergétique.
Cette transition doit permettre d'effacer l'autre dette, immense, que nous avons à l'égard des générations futures : la dette environnementale. Désormais, les mesures de l'État devront intégrer la notion de sobriété au lieu de perpétuer la fuite en avant dans le domaine des transports et des déplacements comme dans les autres champs d'activité.
Le même rapport mentionne l'avis de la direction générale du Trésor : les producteurs de biocarburants, compte tenu de l'importance de la pénalité représentée par la TGAP et de la possibilité de la répercuter sur les consommateurs, ce qu'ils ne manquent pas de faire, bénéficient « d'une rente […] assimilable à une subvention ». Par ailleurs, aux termes du rapport, le « soutien aux biocarburants […] paraît […] peu approprié dans la mesure où les exploitations concernées sont parmi les plus riches, et bénéficient déjà d'un soutien public plus important que la moyenne via la politique agricole commune ». C'est une question de justice, disais-je !
L'État subventionne une industrie bénéficiaire et, de surcroît, le développement de l'utilisation des agrocarburants de première génération s'opère au détriment du pouvoir d'achat des consommateurs. En effet, ces derniers paient les agrocarburants intégrés à l'essence ou au gazole, tandis que les performances énergétiques sont moindres.
De plus, du point de vue écologique, rien ne justifie cette niche fiscale que le Centre d'analyse stratégique considère comme dommageable à la biodiversité. Ce jugement est confirmé par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, l'ADEME.
En outre, comme l'a rappelé la Food and agriculture organization, la FAO, promouvoir les agrocarburants, c'est également soutenir une politique qui engendre indéniablement une hausse des prix des denrées alimentaires à l'échelle mondiale, au risque de provoquer de nouvelles émeutes de la faim.
Par ailleurs, dans les pays du Sud, les cultures destinées à la filière des agrocarburants, qui participent de la scandaleuse pratique de l'accaparement des terres, ont mobilisé 128 millions d'hectares au cours des dix dernières années. Elles représentent, à elles seules, deux fois la surface agricole de la France.
Mes chers collègues, pour toutes ces raisons, cette exonération n'a plus lieu d'être. Je vous demande donc avec force de voter la suppression d'un dispositif qui, je le répète, représente une perte de 196 millions d'euros pour le budget de l'État.