Intervention de Roger Karoutchi

Réunion du 26 juillet 2012 à 9h30
Loi de finances rectificative pour 2012 — Article 10

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

Monsieur le ministre délégué, vous en avez appelé au programme de François Hollande. Puis vous vous êtes empressé d'ajouter que tout le reste était soumis à cet impératif.

Que l'on soit d'accord ou non avec les engagements de François Hollande, on peut comprendre votre logique. Mais permettez-moi de vous dire qu'avec ce dispositif – et ne parlons pas des heures supplémentaires ! –, vous envoyez un signal extraordinairement négatif. Tout ça pour gagner quelques millions d'euros, alors que vous cherchez 7 milliards !

La participation et l'intéressement sont une « invention » du général de Gaulle, de René Capitant et d'autres, qui pensaient que l'association capital-travail devait permettre de dépasser la lutte des classes. Que l'on partage ou non ce point de vue, il faut reconnaître que ce mécanisme a changé les relations sociales au sein de l'entreprise.

Même si les ordonnances de 1967 sont désormais un peu anciennes et s'il convient de modifier celle du 21 octobre 1986, qui est quelque peu dépassée, pourquoi ne proposez-vous pas plutôt d'en revoir les modalités d'application ? Une telle décision éviterait de donner le sentiment que vous voulez porter un coup à la participation et à l'intéressement, alors même que vous vous posez en défenseurs du pouvoir d'achat.

Par rapport à l'ampleur du projet de loi de finances rectificative, l'article 10 n'est que très secondaire sur le plan financier. Sur le plan symbolique, en revanche, il est terrible.

Je partage tout à fait l'analyse de M. Arthuis : la participation et l'intéressement, quelles que soient leurs modalités fiscales, concernent des millions de Français, qui considèrent que ces dispositifs représentent un « plus » pour eux. Pourquoi remettre en cause, pour un résultat si mince, un dispositif qui est de nature à créer un peu de pouvoir d'achat supplémentaire et qui suscite une telle envie, une telle motivation ?

J'entendais Mme David évoquer les parachutes dorés. Pourquoi pas ? Allons-y ! Mais l'intéressement et la participation profitent à des millions de salariés susceptibles d'y gagner quelques dizaines, quelques centaines, voire quelques milliers d'euros supplémentaires. Quel signal le Gouvernement leur envoie-t-il ? Quel message envoyez-vous aux entreprises qui, depuis des années, font un effort en la matière ? Car il s'agit bien d'un effort, d'une volonté d'améliorer les relations dans l'entreprise.

Comme l'a dit notre collègue Serge Dassault, il règne dans les entreprises qui ont mis en place ces dispositifs un autre climat, une autre manière de concevoir les relations sociales. Ne les détruisez pas ; vous y gagneriez bien peu !

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