Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'enseignement était au cœur du programme de François Hollande et il se trouve aujourd'hui au centre de l'action du Gouvernement.
Dès la rentrée 2012, cette priorité donnée à l'éducation se traduira par la création, notamment, de 1 000 postes de professeur des écoles, 1 500 emplois d'auxiliaire de vie scolaire et 2 000 postes d'assistant d'éducation. Tel est l'objet de l'article 23 du projet de loi de finances rectificative.
Faut-il rappeler que l'éducation nationale a été, depuis 2007, par la volonté du précédent gouvernement, le principal « contributeur » à la politique de réduction de l'emploi public ? Le ministère avait alors beau jeu d'expliquer que, compte tenu de l'évolution démographique, les taux d'encadrement demeuraient équivalents. Nous savons bien que les moyennes ne permettent pas de rendre compte de la réalité de la vie quotidienne des classes. Il s'agit donc ici de réparer la casse qu'a eu à subir notre école.
Nous ne pouvons que nous féliciter de cette perspective, d'autant que le Gouvernement concilie responsabilité budgétaire et ambition pédagogique. Mais – car il y a un mais –, en ma qualité de sénatrice des Français de l'étranger, permettez-moi de nourrir une certaine frustration, doublée d'une inquiétude certaine. Cette augmentation des plafonds des emplois titulaires est répartie sur l'ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin. Mais alors, qu'en est-il du réseau de l'enseignement français à l'étranger ? L'aurait-on oublié ?
Certes, les Français de l'étranger doivent participer, comme tous leurs concitoyens, et en fonction de leurs capacités respectives, à l'effort collectif demandé pour redresser notre pays. C'est une évidence, et cette communauté ne doit bénéficier d'aucun régime de faveur ; elle ne le demande d'ailleurs pas. Il me semble au demeurant que plusieurs dispositions du présent projet de loi confirment pleinement cette réalité.
Néanmoins, en y regardant de près, il n'est pas question, s'agissant du réseau d'enseignement français à l'étranger, de stabilité : on observe bel et bien une réduction du taux d'encadrement des classes par des enseignants titulaires. Comme le rappellera certainement mon collègue Jean-Yves Leconte quand il défendra l'amendement que j'ai cosigné avec Richard Yung, la fréquentation des établissements français à l'étranger augmente régulièrement : ils accueillent chaque année de 3 000 à 5 000 élèves supplémentaires. Pourtant, le plafond d'emploi des enseignants titulaires détachés ne suit pas la même pente, loin de là ! Alors même que le rapport final de la commission sur l'avenir de l'enseignement français à l'étranger, rendu à l'été 2008, préconisait une proportion de 50 % de professeurs titulaires de l'éducation nationale.
Il n'est pas question de nier l'apport que constitue la présence d'enseignants « recrutés locaux » au sein d'une équipe éducative. Cependant, un point doit être clairement affirmé : il faut garder un taux minimal d'enseignants résidents, dans le souci d'assurer le maintien de la qualité, mais aussi de la spécificité de notre enseignement. En effet, nous devons conserver l'attrait de notre réseau pour les élèves étrangers, afin que celui-ci puisse pleinement remplir son autre mission : faire rayonner notre culture.