Intervention de Rémy Pointereau

Réunion du 25 juillet 2012 à 21h30
Loi de finances rectificative pour 2012 — Article 2

Photo de Rémy PointereauRémy Pointereau :

Si l’on en croit nos débats, le métier de spécialiste du détricotage a de beaux jours devant lui…

Il est vrai que pour financer les promesses du candidat devenu président, la gauche a décidé de « faire les poches » de tous les Français, quels que soient leurs revenus. « Les impôts, c’est maintenant » : tel pourrait être votre nouveau slogan !

Vous annoncez la fin du dispositif de défiscalisation des heures supplémentaires et la diminution de l’abattement de l’exonération des droits de succession, comme si le fait pour un salarié de posséder une maison de 200 000 euros après avoir travaillé toute sa vie faisait de lui un homme riche.

Avec la mesure sur les heures supplémentaires, vous vous attaquez aux 9 millions de personnes qui ont fait le choix de travailler dur pour gagner, en moyenne, 450 euros de plus par an.

Tout à l’heure, M. le président de la commission des finances a évoqué le problème des transporteurs : compte tenu du volume d’heures supplémentaires effectuées dans leurs entreprises, ce détricotage sera pour eux une véritable catastrophe, d’autant qu’ils doivent préserver leur compétitivité face à leurs collègues des autres pays de l’Union européenne où le coût horaire d’un chauffeur est beaucoup plus faible.

Je citerai également le secteur agricole, où de nombreux employés, notamment saisonniers, accomplissent beaucoup d’heures supplémentaires. Pour certains d’entre eux, les heures supplémentaires représentent non pas 450 euros, mais près de 2 000 euros de pouvoir d’achat supplémentaire chaque année. La fiscalisation sera donc un vrai coup dur pour les salariés agricoles.

Ces heures supplémentaires permettent, également, de créer des richesses. Or chacun sait que, avant de dépenser, il faut créer de la richesse.

Les heures supplémentaires sont aussi importantes pour le commerce local, notamment en milieu rural. On n’a absolument pas tenu compte de cet enjeu, me semble-t-il.

Pour les PME exposées à la concurrence internationale, la suppression de ce dispositif aura tout simplement pour effet d’augmenter le coût du travail, les heures supplémentaires étant désormais « chargées » socialement. Comme d’aucuns l’ont souligné, cette mesure porte atteinte à la compétitivité de l’entreprise et à sa capacité de réagir au marché. Le recours aux heures supplémentaires constitue, en effet, cela a été souligné à de nombreuses reprises, un outil de flexibilité du travail permettant d’honorer des commandes supplémentaires.

En outre, cette suppression est un très mauvais signal adressé aux classes moyennes, qui savent que pour réussir il faut travailler plus. Si le partage du travail avait été un succès, nous le saurions !

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