Intervention de Guillaume Garot

Commission des affaires économiques — Réunion du 24 juillet 2012 : 1ère réunion
Audition de M. Stéphane Le foll ministre de l'agriculture de l'agroalimentaire et de la forêt accompagné de M. Guillaume Garot ministre délégué chargé de l'agroalimentaire

Guillaume Garot, ministre délégué chargé de l'agroalimentaire :

L'enjeu du secteur agroalimentaire est de contribuer au redressement économique national.

Les chiffres paraissent certes flatteurs : 500 000 emplois, plus de 8 milliards d'euros d'excédent commercial. Pourtant, je note certaines fragilités qui sont autant de signaux d'alerte : depuis cinq ans, nous avons perdu des places à l'exportation. Les excédents proviennent essentiellement du vin, des spiritueux, de certains produits laitiers, mais nous avons reculé sur de nombreuses autres filières.

Le premier défi à relever consistera à améliorer la performance de nos entreprises afin de gagner des parts de marché à l'export mais aussi sur le marché intérieur. À titre d'exemple, 40 % des poulets que nous consommons sont importés : nous sommes concurrencés par les pays émergents comme le Brésil, mais aussi par nos partenaires européens.

La compétitivité est également affectée par la petite taille des entreprises : les PME ne sont pas toujours bien armées pour être efficaces à l'export. La recherche et l'innovation seront la clé de la création de valeur ajoutée, car ce n'est pas sur le coût du travail que l'on pourra être compétitif face au Brésil ou à la Thaïlande. Or les dépenses de recherche et développement représentent seulement 0,7 % du chiffre d'affaires de l'industrie agroalimentaire, contre 2,3 % pour l'ensemble de l'industrie manufacturière. Je crois aussi au rôle que peut jouer la future Banque publique d'investissement, qui va aider à créer de la valeur ajoutée dans la filière, en plus des autres outils classiques que l'État a à sa disposition.

Le deuxième défi pour l'agroalimentaire est social : il s'agit de l'emploi. Il faut déjà pourvoir les 10 000 emplois non pourvus actuellement, en raison de l'image dégradée de ces métiers, mais aussi parce que les relations sociales ne sont pas satisfaisantes et que la formation et la qualification sont insuffisantes. Il faudra moderniser le modèle social de l'agroalimentaire pour améliorer l'attractivité des métiers.

Le troisième défi, culturel, est celui de l'alimentation. Si on se fixe comme objectif de produire, de transformer et de manger mieux, on réussira aussi à vendre mieux. Il s'agit d'atteindre la qualité des produits pour tous, notamment dans le domaine de la restauration collective. Il faut tendre vers une qualité toujours plus grande.

Nous engagerons à l'automne 2012 un travail avec l'ensemble de la filière agroalimentaire pour trouver des réponses durables et opérationnelles à ces trois défis. Des tables rondes réuniront en région les acteurs économiques, sociaux et les pouvoirs publics afin de trouver des solutions rapides, même s'il faudra des années pour transformer et moderniser le secteur agroalimentaire français.

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