En revanche, le doublement de son taux pose problème, parce que son assiette est elle-même problématique. En effet, la taxe est assise sur les actifs des banques, plus précisément sur les actifs pondérés par un indice de risque : ce ne sont donc pas des actifs réels. Les actifs sont corrigés, multipliés par des coefficients, les actifs monétaires, supérieurs à un, ce qui a pour conséquence de « gonfler » l’assiette.
L’idée est effectivement d’imposer une taxe sur les banques beaucoup plus engagées dans des actifs spéculatifs. On assimile ainsi le « risque » à la « spéculation ».
Cependant, méfiance ! Il y a, certes, des risques choisis : les banques qui les ont choisis ont d’ailleurs été pénalisées dans le passé et ont même pénalisé les autres acteurs… Mais il y a aussi des risques nouveaux subis par les banques.
Dans les revues financières, on lit beaucoup de débats sur le ratio de liquidité. Et on nous dit de faire attention. Voilà quelques années, quand une banque achetait certaines obligations, des bons souverains, pas forcément de la Grèce, c’était considéré comme de la monnaie : as good as money. Ce n’était pas pondéré, ni risqué.
Désormais, les banques commencent à voir leurs actifs du bas de bilan pénétrés par des éléments de risque qu’elles n’ont pas choisis. Il y a des bons qu’elles considéraient comme de la monnaie qui n’en sont plus.
Par conséquent, si on impose les banques sur cette partie-là via la taxe de risque systémique, elles accumuleront moins d’obligations, moins de bons, et seront moins présentes sur le marché. Je vous laisse imaginer ce que cela signifie : elles auront sans doute moins d’actifs risqués de bas de bilan, mais elles accorderont moins de crédit. D’ailleurs, c’est déjà un peu le cas aujourd'hui.
Faisons donc attention ! Je suis favorable à la taxe de risque systémique, mais réticent quant au doublement de son taux. N’allons pas trop loin. Il est facile de taper sur les banques. Mais, et j’utiliserai la métaphore du système sanguin, tout le monde a besoin des banques. Des erreurs ont peut-être été commises, certains choix ont sans doute été mauvais, mais les banques sont aujourd'hui fragiles : elles risquent de ne pas être alimentées en liquidités. Alors, méfiance ! Ne tirons pas sur le pianiste !