La PAC est victime de sa réussite : les objectifs du traité de Rome sont aujourd'hui satisfaits, peu ou prou. Son budget représente 40 % du budget européen, avez-vous dit ; mais il faut se rappeler qu'il a représenté jusqu'à 70 % ! Celui-ci équivalant à 1 % du PIB européen, cela signifie que pour 0,40 % de ce même PIB, on garantit la pérennité d'une agriculture nourrissant tous les européens avec des produits de qualité. Il faut donc se féliciter de l'existence de la PAC, et chercher à l'améliorer.
Nous parlons de la réforme de la PAC, alors que nous n'avons d'influence que sur la politique nationale, ce qui constitue une difficulté.
La formation du revenu agricole dans les différents pays diverge de plus en plus. Nous sommes d'accord pour dire qu'aucun revenu ne peut exister en-dehors d'un marché organisé. Mais deux filières - porcine, bovine - éprouvent, dans notre pays des difficultés du fait des évolutions ayant lieu dans d'autres pays - sur la biomasse, notamment. En Allemagne, la production de viande de porc n'est qu'un sous-produit de la production d'énergie. Une politique des revenus des agriculteurs réside peut-être dans d'autres éléments que la PAC.
Dans le cadre d'une audition récente du groupe d'études de l'énergie, nous avons appris que 16 pays de l'OCDE sont contraints de posséder 90 jours de stock de pétrole. Les produits agricoles mériteraient de pareilles exigences, même si elles représentent un coût, notamment pour les productions animales.
Le plan protéines a été pénalisé par les accords de Blair House. Nous contournons ces accords, sans être en infraction car il n'y a pas d'aide directe, mais ce n'est pas suffisant. La politique des biocarburants aboutit à ce que 3 millions de tonnes de tourteau de colza à 28 % soient produits en France pour le biodiesel ; dans le même temps, nous importons 4 millions de tonnes de tourteau de soja à 48 %. En l'absence d'une telle politique, le plan protéines serait encore moins suivi.
Il y a trente ans, nous avions deux leaders mondiaux dans la production de petits pois. Nous avons abandonné cette politique, et ne sélectionnons plus les féveroles, pois et lupins, mais sommes devenus leaders dans la production de colza, grâce au travail de sélection réalisé par l'Institut national pour la recherche agronomique (INRA).
Notre modèle alimentaire va-t-il évoluer, avec la diminution de la consommation de viande rouge ? Nous sommes marqués par le modèle de mécanisation de l'agriculture, imposé par les américains à travers le plan Marshall, ainsi que par ce changement de modèle alimentaire, qu'il nous faut prendre en compte.
Je ne rejoins par le rapporteur sur la réduction de la production globale : nous n'assistons pas à un appauvrissement des sols, mais à une baisse du potentiel de la génétique.
Le modèle de demain, que développe l'INRA, est une agriculture écologiquement intensive (AEI) ; il n'y en pas d'autre !