Intervention de Valérie Pécresse

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 14 septembre 2010 : 3ème réunion
Mise en oeuvre de l'emprunt national — Audition de Mme Valérie Pécresse ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche

Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Les investissements d'avenir dans l'enseignement supérieur et la recherche recueilleront 22 des 35 milliards de l'emprunt. Nous sommes en effet convaincus de l'excellence française et avons grande confiance dans la communauté scientifique ; les investissements, dans ce secteur, sont source de croissance future.

Nous avons retenu une logique de projets d'excellence, dans un terreau rendu fertile : autonomie des universités, recherche réformée... Nous avons créé depuis 2007 les conditions favorables pour débrider l'excellence. Les acteurs maîtrisent leur destin, nous avons consenti un effort financier et immobilier avec le plan « Campus », avons fait émerger une dizaine de pôles de classe mondiale et stimulé la compétition entre établissements. À cela s'ajoute le décloisonnement ; et la stratégie nationale de recherche et d'innovation.

Ainsi ce sont les idées les plus fortes qui prendront le dessus, la logique bureaucratique ne prévaudra pas. L'excellence pourra s'exprimer partout où elle se trouve, aucune discipline, aucun établissement, aucun projet ne devant être censuré.

Les investissements répondront à plusieurs principes. L'excellence scientifique, d'abord : le critère essentiel sera celui du bond en avant que les projets feront accomplir à la recherche et à l'enseignement supérieur : séquençage du génome, stockage de l'énergie sur de nouvelles batteries, émergence de formations de haut niveau. Deuxième principe, la préparation de l'avenir : les investissements doivent constituer une force motrice, transformer des pans entiers de la science, ouvrir vers de multiples applications, contribuer au progrès social c'est-à-dire au bien-être général. Bref, il doit y avoir un bénéfice direct et matériel pour toute la société. Autre préoccupation : l'ouverture et la coopération, entre secteurs privé et public, universités et grandes écoles, établissements de recherche et d'enseignement supérieur. Tout cela ne dispense pas, je le précise, d'une réflexion sur la gouvernance des projets, car les usines à gaz sont contre performantes.

Tous les projets devront être présentés par un établissement ou un groupement d'établissements, car il ne s'agit pas d'ajouter encore de la complexité en créant des sous-ensembles autonomes dans les établissements, autrement dit des baronnies, poursuivant leur propre stratégie. Au contraire, c'est l'occasion pour les établissements d'enseignement supérieur d'affirmer leur stratégie - et de bénéficier en retour de moyens exceptionnels pour la mettre en oeuvre.

Nous procéderons à des appels à projets d'équipement, je pense aux investissements moyens de 1 à 20 millions d'euros pour doter les structures de bases de données, de systèmes d'information, d'IRM, de microscopes performants, etc. Nous financerons des infrastructures en santé, afin que les chercheurs disposent de plateformes technologiques de haut niveau ; et, dans le domaine spatial, des études pour Ariane VI ou encore des satellites de recherche sur le climat.

Il est indispensable, pour assurer le rayonnement de la France, de faire émerger quelques pôles d'envergure mondiale qui tireront les autres vers le haut. On connaît les marques « Harvard », ou « Cambridge », mais la seule marque dont dispose notre pays est la Sorbonne, qui n'existe plus, en réalité, depuis qu'elle a été scindée en plusieurs universités en 1968 ! Une université d'excellence, à l'époque de la mondialisation, c'est un endroit que tous les étudiants, les chercheurs et les enseignants du monde ont envie de fréquenter.

Ainsi, 7 milliards d'euros sur 22 serviront à faire émerger une dizaine d'établissements d'excellence ou de pôles de recherche et d'enseignement d'excellence. Ceux-ci fonctionneront en réseau avec des universités de taille moyenne. Le tout formera un ensemble cohérent. Nous instaurons les prémices d'un nouvel âge d'or de la recherche. Ces 22 milliards d'euros se traduiront dès le budget pour 2011 par 3,4 milliards d'euros d'argent frais pour l'enseignement supérieur et la recherche. C'est une manne financière qui correspond à l'ambition du gouvernement et à la volonté du Président de la République.

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