a apporté les éléments de réponse suivants :
- le maximum d'enseignements doit être retiré des missions. Au Congo, les Allemands ont éprouvé certaines frustrations, les Français aussi. Peut-être n'a-t-on pas su utiliser au mieux le temps de préparation disponible ;
- une étroite collaboration avec le Royaume-Uni est indispensable, et un « Saint-Malo bis » serait bienvenu ;
- pour ce qui est du contrôle parlementaire, la référence à l'UEO pose manifestement un problème d'image, car elle renvoie au passé. Un contrôle parlementaire est nécessaire et le fait est que les moyens demeurent nationaux. Une solution comme celle proposée par M. Masseret est envisageable, mais il faudra beaucoup de lobbying pour la faire accepter. Une sorte de COSAC pour les questions de défense pourrait être une bonne formule ;
- la division des tâches entre l'Union et l'OTAN est un problème récurrent. À une époque, les Américains plaidaient pour que l'OTAN traite les questions militaires et l'Union, les questions civiles. Une division fondée sur la durée des opérations, non sur leur nature, est une réponse possible, mais suscite-t-elle un accord ? Il faut éviter de poser le problème en termes généraux, et avoir au contraire une réponse empirique. Les expériences sont plus utiles qu'un grand débat ;
- l'élargissement de l'OTAN n'a pas été évoqué au sein du COPS ;
- une armée européenne semble une idée futuriste. L'OTAN n'a pas retenu non plus cette approche, qui ne semble pas dans l'air du temps ;
- dans les opérations de l'Union, l'intégration se fait surtout au niveau du commandement et, sur le terrain, elle ne se fait pas en dessous du bataillon (sept à huit cents hommes). Pour les groupements tactiques, certains projets réunissent quatre pays. Il faudra s'assurer de leur valeur opérationnelle, qui repose notamment sur des garanties d'entraînement. De fait, il y a une tension entre l'idéal de forces multinationales et la nécessité d'avoir un dispositif crédible sur le terrain ;
- une coordination plus efficace entre aspects civils et aspects militaires supposerait avant tout de régler le problème des rapports entre Conseil et Commission ;
- en ce qui concerne les relations avec la Russie, celle-ci est en effet mécontente de ne pas être associée à la PESD, mais les Européens ne souhaitent pas arriver à une formule de type « 25+1 » où il y aurait un partage du pouvoir de décision. L'association à des coopérations concrètes serait une meilleure formule, mais, lorsqu'une coopération est proposée autour des problèmes concernant son voisinage proche, la Russie se montre moins intéressée ;
- il est vrai que la crise irakienne a provoqué une fracture qui a laissé des traces. Il est possible de dépasser les antagonismes en se tournant vers le concret. À cet égard, l'adoption du traité constitutionnel n'aurait pas changé la donne. Les structures ne peuvent être, à elles seules, la solution à un problème d'ordre politique. L'idée d'une Europe autonome, d'une « Europe puissance », passe mal dans beaucoup de pays membres. Il faut la faire, sans en parler trop ;
- sur les coopérations, et sauf pour l'Agence européenne de défense, tous les États membres sont présents dans les structures de décision. En revanche, la mise en oeuvre des décisions fait appel à la « géométrie variable » : certains seulement s'engagent, mais tout le monde reste bienvenu ;
- les États-Unis ne sont pas hostiles au développement de la PESD. Ils sont prêts à participer à des missions européennes, par exemple, il faut l'espérer, au Kosovo. Mais les objectifs assignés à l'OTAN ne reposent pas sur les mêmes concepts que la PESD. L'influence américaine est considérable sur les sujets importants comme l'Irak ou l'Afghanistan. Cela ne veut pas dire que les nouveaux États membres se tiennent à l'écart des développements de la PESD. La Pologne, pour ne citer qu'elle, a envoyé un fort contingent au Congo et participe activement à l'Agence européenne de défense ;
- on peut envisager dans l'absolu que la PESD puisse donner lieu à une initiative de grande ampleur permettant de relancer la dynamique européenne, mais ce n'est guère crédible. On imagine difficilement une armée européenne, de même qu'une police européenne ou une justice européenne. Cela ne veut pas dire que des progrès ne sont pas possibles, mais il ne semble pas qu'un modèle fédéral s'imposera dans de tels domaines. Ce sont des politiques nationales fortes qui permettront une politique européenne forte. Le Royaume-Uni et la France pèsent grâce à leurs politiques nationales : ce que l'on peut mettre au « pot commun » détermine pour beaucoup l'influence qu'on peut exercer.