Intervention de Bruno Sido

Commission des affaires économiques — Réunion du 22 octobre 2008 : 2ème réunion
Agriculture — Assurance récolte obligatoire - examen du rapport

Photo de Bruno SidoBruno Sido :

Après la Roumanie et la Bulgarie en 2004, la Lituanie et l'Estonie en 2005, la Hongrie en 2007, M. Bruno Sido a indiqué que c'était en Croatie qu'une délégation de la commission des affaires économiques, qu'il a eu l'honneur de présider, s'était rendue cette année, pour une mission d'information du 15 au 19 juillet 2008. Précisant qu'il avait été accompagné par quatre collègues, Mme Jacqueline Panis, MM. Gérard Bailly, François Fortassin et Paul Raoult, il a rappelé que l'objectif de cette mission était de faire un examen des progrès réalisés par ce pays sur la voie de l'intégration dans l'Union européenne et de cerner ses perspectives d'évolution économique, avec au premier plan le secteur du tourisme, qui contribue au quart de la richesse nationale.

Saluant le concours efficace de l'ambassade de France en Croatie, dirigée par M. François Saint-Paul, et par celle de Croatie en France, pour mener à bien cette mission, il a indiqué que la délégation a eu l'occasion de rencontrer, à Zagreb, des parlementaires croates de différentes sensibilités politiques ainsi que des représentants de la communauté d'affaires française, et de s'entretenir avec des élus locaux, des responsables administratifs et des investisseurs privés, en différents points de la Croatie : Split, Hvar et Dubrovnik.

a insisté sur le fait que la Croatie, qui reste un petit pays de 4,7 millions d'habitants et de moins de 57.000 kilomètres carrés, se distinguait, parmi les pays candidats à l'Union européenne, par une position très favorable, tant au plan strictement géographique qu'aux plans économique, culturel et historique. Il a fait observer que la Croatie, déjà bien associée à l'Union sur le plan économique, traversait toutefois une période de réformes profondes et périlleuses, mais néanmoins nécessaires si elle souhaitait concrétiser son intégration. Reconnaissant que ces réformes étaient parfois difficiles, à l'image de celles engagées pour les secteurs de la sidérurgie, de l'agriculture et des chantiers navals, il a considéré qu'elles ne devraient toutefois pas porter atteinte au potentiel considérable que représente ce pays, notamment dans le secteur du tourisme, indiquant que le rapport de mission s'intitulerait : la Croatie une « nouvelle Côte d'Azur » pour l'Union européenne ?

Présentant ensuite le processus d'intégration de la Croatie dans l'Union européenne, M. Bruno Sido a rappelé que ce pays était officiellement candidat depuis juin 2004, après la signature d'un accord de stabilisation et d'association, et qu'il bénéficiait à ce titre d'une aide communautaire non négligeable, qui s'était élevée en 2006 à 140 millions d'euros. Soulignant par ailleurs que la question de l'adhésion faisait, dans ce pays, l'objet d'un véritable consensus national, il a indiqué que la délégation avait pu constater, qu'au-delà des clivages politiques, les dirigeants faisaient preuve d'un positionnement proeuropéen très clair. Il a souligné, à cet égard, que cela avait pu être observé lors d'entretiens au plus haut niveau : avec le président de la commission des affaires économiques du Parlement, le président du Parlement, et le Premier ministre, M. Ivo Sanader, qui a personnellement reçu la délégation témoignant en ce sens de l'importance de cette question pour le gouvernement croate à un moment où la France exerce la présidence de l'Union européenne. Précisant que le Premier ministre croate avait indiqué, auprès de la délégation, son souhait de signer le traité d'adhésion sous présidence suédoise au deuxième semestre 2009, et saluant la volonté des autorités croates de maintenir le rythme des réformes, M. Bruno Sido s'est interrogé sur le caractère ambitieux du calendrier, en estimant que la Croatie devait se donner les moyens de ses ambitions. Reconnaissant que de lourdes réformes devaient être menées à leur terme afin de clore un à un les différents chapitres de négociation, il a rappelé que sur les trente-cinq chapitres communautaires de négociation, vingt et un étaient actuellement ouverts et trois seulement étaient clos. Il a estimé que, dans les prochains mois, les efforts des autorités croates devraient concerner la justice et les droits fondamentaux, la politique de concurrence, les marchés publics, l'agriculture et l'énergie.

a relevé, par ailleurs, que la délégation retenait de ces entretiens le caractère très volontariste des responsables croates pour mener à bien le processus de réforme nécessaire à l'intégration dans l'Union, et a estimé que dans cette entreprise, celui-ci pouvait s'appuyer sur un potentiel économique dominé par le tourisme.

Il a ainsi expliqué que l'économie croate constituait une véritable « économie émergente » au coeur de l'Europe, et qu'au niveau régional sa situation était presque enviable avec une inflation contenue, un déficit budgétaire maîtrisé et un produit intérieur brut (PIB) qui a progressé de 6 % l'année dernière. Il a d'ailleurs fait valoir qu'en 2007 le PIB par habitant avait atteint 8.300 euros, alors que les voisins roumain et bulgare, membres à part entière de l'Union européenne, avaient un PIB par habitant bien inférieur de respectivement 5.500 et 3.800 euros. Se félicitant de la rapide reconstruction du pays engagée dès 1996 à la sortie du conflit yougoslave, il a indiqué que la Croatie misait désormais beaucoup sur son entrée dans l'Union européenne et comptait d'ailleurs sur la présidence française pour accélérer les négociations d'adhésion.

Nuançant ensuite ce portrait flatteur de la Croatie, M. Bruno Sido a indiqué que la balance commerciale de ce pays est fortement déséquilibrée, que la dépendance gazière à l'égard de la Russie est très forte, puisque celle-ci assure 64 % de l'approvisionnement du pays, que le niveau de la dette est élevé, celle-ci atteignant 88 % du PIB, et que le chômage reste un problème touchant plus de 12 % de la population. Il a précisé que les autorités croates rencontrées par la délégation étaient conscientes de ces faiblesses structurelles et qu'elles entendaient profiter du processus d'adhésion pour réaliser les réformes économiques qui s'imposent : développement des partenariats public-privé, poursuite des privatisations, croissance des investissements dans les infrastructures.

A cet égard, M. Bruno Sido a insisté sur les perspectives de débouchés que ce pays offrait à nos entreprises, regrettant que la France ne soit qu'au quatrième rang des investisseurs derrière l'Autriche, les Pays-Bas et l'Allemagne. Il a indiqué que de véritables opportunités économiques pouvaient être saisies aujourd'hui dans le domaine des infrastructures, de l'énergie et de l'environnement, de l'agro-industriel et de la grande distribution. Reconnaissant que les besoins étaient encore importants, il a estimé que la présence française méritait d'être consolidée, ce que, a-t-il rappelé, les responsables croates ont appelé de leurs voeux.

a ensuite souligné, qu'au cours de sa mission, la délégation avait porté son attention sur le secteur du tourisme, qui représente aujourd'hui près de 25 % du PIB de la Croatie. Faisant observer que, la Cour impériale de Vienne se précipitait déjà dans les stations balnéaires de Hvar et Dubrovnik, dès la fin du 19e siècle, il a indiqué que le tourisme avait véritablement démarré après la fin du conflit yougoslave. Il a précisé que, depuis lors, la progression des visiteurs avait pris un véritable rythme de croisière : 5 millions en 1998, 6 millions en 2000, 9 millions en 2003, soit une progression de près de 100 % entre 1998 et 2004, au point qu'en 2007, la Croatie avait accueilli non moins d'11 millions de visiteurs, suscitant plus de 6 milliards d'euros de recettes et faisant du tourisme le principal générateur de devises pour l'économie. Il a expliqué que la Croatie avait conservé 85 % du potentiel touristique de l'ex-Yougoslavie et que son attractivité reposait sur de nombreux atouts, à savoir une situation géographique idéale à quelques heures des principales capitales européennes, une côte adriatique bien préservée avec de nombreux sites inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco ainsi que des infrastructures récentes répondant aux standards internationaux.

Reconnaissant que ces éléments contribuaient aujourd'hui au « miracle touristique » croate, il a indiqué que le pays était devenu une destination-phare du tourisme mondial, qualifié de « nouvelle Côte d'Azur de l'Adriatique » et recommandé par le New York Times et la Revue nationale Géographique. Il a toutefois estimé que si la Croatie ne voulait pas que ce miracle se transforme en mirage, le secteur du tourisme devait investir lourdement pour pallier le déficit de capacités d'accueil, notamment dans le haut de gamme, segment aujourd'hui privilégié par les responsables du tourisme croate. Il s'est félicité, à cet égard, du succès des investissements réalisés par le groupe hôtelier franco-luxembourgeois ORCO sur l'île de Hvar pour convertir de vieilles structures en capacités haut de gamme.

a ensuite fait remarquer qu'il ne fallait absolument pas sous-estimer la portée politique du tourisme pour la Croatie, celui-ci étant une véritable vitrine et l'un des meilleurs arguments dans sa campagne de promotion pour l'adhésion à l'Union européenne. Il a rappelé, à cet égard, qu'un demi-million de Français s'étaient rendus en Croatie l'année dernière, soulignant que ces voyages de nos compatriotes étaient sans doute de nature à rapprocher les peuples et valaient sûrement beaucoup mieux que de longs discours pour les convaincre d'accepter un nouveau membre dans l'Union européenne.

Toutefois, M. Bruno Sido a fait valoir que si le tourisme représentait une opportunité économique certaine pour la Croatie, un développement incontrôlé de celui-ci serait susceptible de provoquer des effets pervers : disparités régionales et exode rural, constructions sauvages sur le littoral ou encore risques écologiques. Il a indiqué que les autorités croates étaient conscientes de ces dangers et que celles-ci s'étaient engagées dans la promotion d'un tourisme durable et écologiquement responsable, citant à cet égard le vice-ministre du tourisme qui affirmait que : « la protection de l'environnement est devenue un objectif aussi important que la préservation de notre patrimoine culturel ».

En conclusion, M. Bruno Sido a tenu à souligner que la Croatie vivait actuellement une période charnière pour son intégration dans l'Union européenne et que si la dernière ligne droite avant la qualification était difficile, les fondamentaux étaient bons. Il a réaffirmé la nécessité d'un soutien économique de l'Union européenne et a appelé les entreprises françaises à exploiter toutes les potentialités d'un marché porteur au coeur de l'Europe.

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