Intervention de Sebghatullah Modjadeddi

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 15 novembre 2006 : 2ème réunion
Audition de M. Sebghatullah Modjadeddi président du sénat afghan meshrano jirga

Sebghatullah Modjadeddi, président du Sénat afghan :

a souligné les liens d'amitié entre les peuples français et afghan et s'est félicité de la collaboration établie entre la Meshrano jirga et le Sénat français. L'Afghanistan n'oubliera pas l'aide que la France lui avait également apportée à l'occasion de sa lutte contre l'Union soviétique. Si les informations communiquées par les médias sont souvent exagérées, il n'en demeure pas moins que la situation de l'Afghanistan est extrêmement préoccupante. Les problèmes les plus graves résultent de l'intervention de pays étrangers et essentiellement du Pakistan, par l'intermédiaire de ses services secrets. De nombreux terroristes originaires du Pakistan ou membres d'Al-Qaïda ont reconnu, lors de leur arrestation, que leurs activités avaient pour base le territoire pakistanais. Il a souhaité que les Etats-Unis, qui sont conscients de ce danger, interviennent auprès des autorités du Pakistan afin que ce pays ne puisse empêcher la reconstruction de l'Afghanistan. Il a souligné la pertinence d'opérations telles que le récent bombardement d'un camp d'entraînement situé au Pakistan et au cours duquel 80 terroristes auraient été neutralisés. Les problèmes internes afghans sont relativement peu importants au regard de ceux provoqués par les interventions du Pakistan.

La présence de forces militaires internationales en Afghanistan doit être maintenue afin d'éviter un retour au pouvoir des Talibans, qui sont désormais actifs dans seulement 15 % du territoire afghan. Il a exprimé sa reconnaissance à l'égard notamment de la France, du Canada et de la Grande-Bretagne pour leur aide militaire et a regretté les pertes subies par leurs troupes.

a ensuite souligné l'assistance que les pays européens avaient apportée à l'Afghanistan pour la mise en place d'institutions démocratiques. Il a indiqué qu'à l'inverse du Pakistan, l'Iran, le Tadjikistan et la Chine ne se permettaient pas d'intervenir en Afghanistan. Il a estimé qu'à l'égard des Talibans, l'action militaire était insuffisante et qu'il était indispensable que le pouvoir central poursuive avec eux un dialogue d'ouverture et de réconciliation, qui avait déjà amené 3.000 Talibans à déposer les armes. L'Afghanistan, pour instaurer la paix, a besoin d'aide dans de multiples domaines, par exemple dans ceux de l'agriculture et de l'éducation, plus de 1.500 écoles ayant été incendiées par des terroristes issus du Pakistan.

Evoquant le problème de la culture du pavot, il a affirmé la volonté des responsables afghans de propager le message du Coran qui condamne l'usage de la drogue. Les territoires cultivés sont d'ailleurs, pour l'essentiel, situés dans des zones de non-droit proches de la frontière pakistanaise. Ceux qui cultivent le pavot en tirent d'ailleurs peu de bénéfice pour eux-mêmes. Il a conclu que les Afghans n'étaient pas un peuple d'islamistes fanatiques, mais qu'ils souhaitaient vivre dans la paix.

Un débat a suivi l'exposé de M. Sebghatullah Modjadeddi.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion