Intervention de Raymond Vall

Réunion du 26 avril 2011 à 14h30
Débat sur la désindustrialisation des territoires — Orateurs inscrits

Photo de Raymond VallRaymond Vall :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, étant moi-même issu de l’entreprise, je me félicite que la conférence des présidents du 7 avril 2010 ait décidé, sur l’initiative du groupe socialiste, de mettre en place la mission commune d’information sur la désindustrialisation des territoires.

L’existence de cette mission est malheureusement largement justifiée par le constat qui vient d’être rappelé et qui doit évidemment tous nous interpeller.

Au cours des trente dernières années, plus de deux millions d’emplois ont été supprimés, et la contribution de l’industrie au PIB est tombée de 24 % à 14 % entre 1980 et 2007.

En clair, et vous l’avez tous indiqué, la France n’a plus de politique industrielle ambitieuse et adaptée aux contraintes d’une économie mondialisée. Surtout, l’image de l’industrie s’est dégradée dans notre pays. Le secteur n’attire plus les jeunes, et les élus de terrain, notamment les maires, ont le sentiment que l’on a tué l’envie d’entreprendre. D’ailleurs, les porteurs de projets sérieux se font rares.

Certes, ce constat, qui reflète seulement la situation à un instant donné, peut être nuancé. N’étant pas un pessimiste de nature, je constate qu’il y a également des réussites exceptionnelles.

Je voudrais féliciter le président de la mission d’information, M. Martial Bourquin, et son rapporteur, M. Alain Chatillon. Le premier incarne le courage, la volonté. C’est lui qui a pris l’initiative d’une telle démarche. Il est vrai que son département est particulièrement concerné par le problème. Le second, chef d’entreprise, a œuvré avec les compétences que nous lui reconnaissons tous, même si nous ne partageons pas nécessairement ses conclusions. Cela dit, le sujet mérite, me semble-t-il, que nous fassions un effort pour parvenir à un consensus.

La mission d’information a procédé à vingt-sept auditions et a organisé huit déplacements, tant en France qu’à l’étranger. Ses travaux ont, à l’évidence, été fructueux. Si les propositions en faveur de la sauvegarde de l’industrie ne vont pas assez loin pour certains, elles synthétisent pour d’autres l’équilibre nécessaire entre la relance de l’activité et le développement des territoires, un sujet sur lequel je souhaite revenir.

En réalité, les divergences ont porté sur quatre points : la question de l’État et des collectivités territoriales, le coût du travail, le rôle des banques et du crédit et, enfin, la réforme de la taxe professionnelle. Nous devrons certainement nous saisir de nouveau de ces dossiers. Mais tel n’était pas l’objet de la mission.

Le rapport met à juste titre l’accent sur la restauration d’une véritable culture industrielle.

Il est un risque bien réel, mes chers collègues, celui de voir perdre le combat, qui me paraît essentiel, entre les hommes sincèrement désireux d’entreprendre et les gestionnaires uniquement animés par une logique comptable – il est plus facile de se référer au seul langage des chiffres, auquel on peut faire dire ce que l’on veut !

En Allemagne, nombre de jeunes passent leurs dernières années d’études en travaillant à mi-temps dans des entreprises, ce qui leur permet ensuite de porter des projets sérieux et de s’épanouir dans des métiers dont ils ne soupçonnaient auparavant même pas l’existence.

Ce n’est pas le cas en France. Chez nous, l’image de l’entreprise est associée au « bleu de travail » et les parents vivent comme une catastrophe un tel choix pour leurs enfants. C’est un véritable problème !

C’est donc en amont, par l’éducation, qu’il faut agir, et ce dès l’école primaire. Aujourd'hui, seulement 22 % des enfants optent pour les filières scientifiques. Or les sciences sont à la base de l’intérêt pour la mécanique, la construction ou les professions qui impliquent une bonne connaissance des matériaux.

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