Intervention de Raymond Vall

Réunion du 26 avril 2011 à 14h30
Débat sur la désindustrialisation des territoires — Orateurs inscrits

Photo de Raymond VallRaymond Vall :

À cet égard, je salue l’initiative qui a été prise de lancer les appels d’offres pour créer des maisons de la culture scientifique dans cinq régions françaises. J’espère que les départements ruraux ne seront pas oubliés. Dans nos territoires aussi, nous voulons pouvoir orienter nos enfants vers la culture scientifique.

Les travaux de la mission d’information ont mis en lumière un déficit de 40 000 emplois de techniciens et d’ingénieurs sur le pôle de compétitivité d’Airbus ! Là aussi, il y a des efforts à fournir.

Il est vrai, et c’est un peu mon obsession, que notre pays a un secteur de la grande distribution des plus puissants. Or, comme j’ai pu le constater lorsque j’exerçais dans le monde de l’entreprise, cela a contribué à détériorer, désintégrer, démolir, le tissu économique des PME, notamment dans l’agroalimentaire.

C’est que les consommateurs sont obnubilés par les prix, au détriment de toute considération pour la qualité, ce qui suscite une forme de culture du « manque de qualité ». On ne s’intéresse plus qu’aux prix ! Peu importe les conditions dans lesquelles les produits sont fabriqués, peu importe le contexte humain ! L’acheteur s’intéresse seulement aux prix !

En habituant le consommateur à acheter non des biens de qualité, mais des prix, on a détruit un tissu économique important, car, la qualité n’étant plus au rendez-vous, nos compatriotes ont fini par ne plus vouloir des produits français et se tourner vers les productions étrangères. Les auteurs du rapport évoquent ainsi les exemples de l’automobile ou de l’électronique.

Tous les entrepreneurs que j’ai rencontrés nous demandent de simplifier les dispositifs. Le temps de l’industrie n’est pas celui du politique. On ne peut pas réformer en permanence, multiplier les circulaires, souvent sans préparation. D’ailleurs, notre ami Bruno Retailleau avait, me semble-t-il, proposé de bloquer le temps d’application des réformes, afin que l’entreprise puisse s’y préparer.

Les deux collègues qui m’ont précédé à cette tribune ont évoqué le problème du guichet. Les chambres de commerce et d’industrie, qui sont à la jonction entre l’État et les entrepreneurs, ne doivent-elles pas être replacées au cœur du système ? Après tout, c’est leur travail. Mais les dérives sont telles que ce travail n’est parfois plus fait.

Aujourd'hui, on constate un empilement extraordinaire de niveaux de compétence, cinq ou six au bas mot : les intercommunalités ont la compétence obligatoire en matière économique ; les pays continuent à gérer le contrat de plan avec les partenaires concernés ; les départements ont tous une agence de développement ; la région dispose forcément d’instruments pour favoriser l’innovation et l’extension de certaines activités. Quant à l’État, il lui revient de gérer les fonds européens, quand il ne les cogère pas avec la région ! De quoi décourager nombre d’acteurs ! Des simplifications s’imposent donc.

Il en est de même d’autres dispositifs, qui s’additionnent : les pôles de compétitivité, mais aussi Oséo, Ubifrance, le Fonds stratégique d’investissement, le FSI, ou le plan de relance…

Je voudrais remercier M. le président et M. le rapporteur de la mission d’avoir pris en compte, dans leur rapport, le rôle structurant des pôles de compétitivité dans la politique industrielle.

Comment peut-on imaginer labelliser un pôle d’excellence rurale, moteur économique d’un territoire, pour le laisser ensuite isolé sans pouvoir bénéficier du soutien du pôle de compétitivité?

Il faut absolument labelliser les pôles de compétitivité dans les filières où ils ont été reconnus. Il faut aussi prévoir une aide concrète en pourcentage de l’aide globale dont ces pôles disposent.

Par ailleurs, nous avons étudié le schéma national des infrastructures de transport, le SNIT. Tant que l’on parle d’économies, on ne peut pas parler d’infrastructures ! Et je vous rappelle que l’intitulé de la mission fait référence à la « désindustrialisation des territoires ». Nous serons donc obligés de procéder à une révision du SNIT, par cohérence avec les constats de la mission. Les handicaps des territoires ruraux, qui ont été évoqués, ne doivent pas être aggravés par le manque d’infrastructures, parfois destructeur en termes d’emplois.

En outre, je tiens à faire observer que le lobbying de la France à Bruxelles est inexistant. Ainsi, la région Midi-Pyrénées dispose de seulement 3 représentants auprès des instances communautaires, contre 80 pour la Catalogne et 120 pour la Bavière ! Nous risquons d’être battus à plate couture !

Comme cela a été souligné par l’ensemble des orateurs, le sujet est très important. À mon sens, nous devrons parvenir à un consensus pour mener des actions à partir des conclusions de la mission d’information. Tous les pays qui ont réussi dans ce domaine ont procédé ainsi. Nous ne pourrons pas faire autrement !

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